Expérimentation dans l’Aisne : qu’est-ce que le Campus fruits rouges ?
Afin de développer la culture de petits fruits rouges en France et de pallier le manque de données sur cette production, l’entreprise laonnoise Fruits rouges & Co a créé Campus fruits rouges, un véritable centre d’expérimentation pour la production de fruits rouges.
Afin de développer la culture de petits fruits rouges en France et de pallier le manque de données sur cette production, l’entreprise laonnoise Fruits rouges & Co a créé Campus fruits rouges, un véritable centre d’expérimentation pour la production de fruits rouges.



C’est à Allemant, dans l’Aisne, sur une parcelle appartenant au producteur de fruits rouges Thomas Magnien (sur un ancien centre d’enfouissement de 47 hectares) que Fruits rouges & Co a installé son Campus fruits rouges. « Ce projet a pour but d’apporter des réponses aux agriculteurs de la région qui souhaitent se lancer dans la production de fruits rouges, ainsi qu’aux producteurs déjà cultivateurs de fruits rouges qui souhaitent améliorer leurs performances et leurs pratiques agricoles », explique Thomas Magnien, nommé directeur du projet.
« Campus fruit rouges est unique en France par son ampleur et la diversité des expérimentations sur les fruits rouges qui sont et qui vont y être menées », indique pour sa part, le responsable expérimentation de Campus fruits rouges.
« En montant le projet, nous avons souhaité répondre à l’une des premières questions que les producteurs se posent quand ils souhaitent se diversifier dans la production de fruits rouges, à savoir : “Dans quel type de structure vais-je investir ?” », poursuit Thomas Magnien.
Sur Campus fruits rouges est donc testée en parallèle la culture de petits fruits (framboises, myrtilles, mûres, fraises) sous différents abris : en plein champ, sous abris conventionnels plus ou moins high-tech (qui coûtent donc plus ou moins cher à l’investissement) ainsi que des abris plus innovants comme la structure agrivoltaïque installée par Insolight, grâce à laquelle vont être produits des fruits rouges d’un côté et de l’énergie de l’autre.
Un grand nombre de paramètres étudiés
La vocation du site est de réaliser un grand nombre de comparatifs avec de nombreuses modalités. Itinéraires techniques sous différents types d’abris, densité de plantations, substrats, irrigation, contenants… autant d’objets de test qui vont être réalisés sur Campus fruits rouges. Sans oublier la recherche variétale : « Les variétés de fruits rouges existantes aujourd’hui ont été à l’origine plutôt été sélectionnées pour des pays plus au Sud. L’idée est de trouver des variétés plus adaptées au climat du nord de la France », explique Franck Vasseur, responsable expérimentation.
Le site devrait aussi accueillir des expérimentations en robotisation notamment pour la cueillette.
L’idée est de vraiment répondre dans un premier temps aux problématiques des producteurs de Fruits rouges & Co, qui sont situés dans le nord de la France et dans le grand Est.
Une multitude de données très utiles aux producteurs et à leurs partenaires
Une nécessité comme en témoigne Bertrand Magnien, le père de Thomas, producteur. Quand il a voulu se lancer dans les fruits rouges il y a cinq ans, avec 4 000 m2 de serres de framboises hors-sol, sur leur ferme à 600 mètres de là, il s’est heurté à des refus de partenaires financiers. « Cela n’a pas été simple, il a fallu convaincre, raconte-t-il. Beaucoup de partenaires financiers n’avaient aucune connaissance en matière de fruits rouges, nous n’avions aucun exemple auquel nous référer. Ils avaient entendu dire que nous ne gagnerions pas grand-chose et que cela demandait en plus beaucoup de main-d’œuvre. » Avec Campus fruits rouges, les producteurs vont être en mesure d’expliquer leur projet et de présenter des données fiables et validées.
Toutes ces expérimentations vont en effet donner lieu à un grand nombre de données qui seront traitées par intelligence artificielle. « L’objectif est de récupérer les données, les recroiser et d’en déterminer des plans culturaux, des optimums technico-économiques etc. », précise Arnaud Chausson, responsable développement de la société Gilloots, l’une des sociétés partenaires. Car Campus fruits rouges a pu voir le jour grâce à quatre partenaires : Fruits rouges & Co, l’initiateur, Insolight qui a installé et gère les données de l’abri agrivoltaïque, Photosol qui gère la réutilisation de l’énergie produite et les serres Gilloots qui a notamment fourni les abris plus classiques, simples et high-tech. Toutes les parties prenantes sont actrices des expérimentations.
« Le Campus fruits rouges doit être un pont entre les start-up qui vont pouvoir tester en conditions réelles », souligne Mélanie Marchand, directrice générale de Fruits rouges & Co.
Si on devait résumer le projet Campus fruits rouges, il repose sur quatre piliers majeurs :
- L’innovation : en développant des solutions au service de la culture de fruits rouges (photovoltaïques, serres innovantes…).
- Le développement : en créant des références pour de futurs producteurs « pour qu’enfin on ait quelque chose à prouver à nos partenaires financiers » note Bertrand Magnien, en explorant des opportunités nouvelles en matière de conservation des fruits, logistique, distribution…
- L’intelligence collective : le Campus fruit rouges a pour vocation de devenir un laboratoire d’initiatives, un espace d’idées et de réflexion.
- L’ouverture : avec l’accueil des partenaires techniques, institutionnels (chambre d’agriculture notamment), mais aussi des écoles (étudiants en agriculture par exemple…) et d’autres professionnels (obtenteurs…). « L’accueil est très important dans ce projet. Il faut que cet endroit vive », conclut Bertrand Magnien.
Les avantages de l’abri agrivoltaïque
Le point fort du Campus fruits rouges est sans aucun doute l’abri agrivoltaïque conçu par Insolight. Insolight est une entreprise suisse située à Lauzanne, qui développe des solutions voltaïques dont le but est d’optimiser à la fois la partie agronomique et la partie génération d’électricité.
Le schéma de réutilisation de l’énergie est la tâche de Photosol. Ici, l’énergie générée par l’abri agrivoltaïque va être réutilisée pour alimenter les frigos de l’atelier de transformation de Fruits rouge & Co non loin de là. « Nous avons une forte expertise technique sur la modélisation de la lumière, de la photosynthèse et le fait de pouvoir en tirer des enseignements », ajoute Laurent Coulot, directeur général et cofondateur d’Insolight.

La serre équipée de photovoltaïques laisse passer la lumière de manière homogène quand la culture se développe correctement, mais il est aussi possible de piloter cet ombrage en période de canicule par exemple, framboises et myrtilles n’appréciant pas les coups de chaleur. « C’est là par exemple où la protection offerte par la structure agrivoltaïque peut permettre d’améliorer les performances par rapport aux abris conventionnels », souligne le producteur Thomas Magnien.
Un site bientôt autonome en eau ?
« Nous allons expérimenter le fait d’utiliser moins d’eau pour produire la même quantité de fruits », annonce Mélanie Marchand, directrice générale de Fruits rouges & Co. Le site Campus fruits rouges a l’ambition d’être autonome en eau.
Deux types d’irrigation se complètent pour être capables d’alimenter en quantité et en fréquence tous les besoins des 21 zones de culture différentes que compte le site. En contrebas, se trouve un bassin de rétention de 4 000 m3 historiquement alimenté avec des eaux de ruissellement auxquelles s’ajoute, grâce à un réseau sous-terrain spécifiquement construit sur le site, la collecte de toutes les eaux des serres et de l’abri agrivoltaïque et d’un autre bâtiment du site.
« C’est ce bassin qui permet de faire le lien entre les grosses pluies hivernales et les besoins très importants en eau en été », explique Arnaud Chausson, responsable développement de la société Gilloots.
Si jamais les pluies hivernales ne pouvaient pas remplir le bassin, le site a accès au réseau collectif d’eau. Campus fruits rouge dispose en outre d’une citerne de 120 m3 qui permet d’avoir un volume d’eau suffisamment important pour un envoi en serre, le réseau d’eau collectif ayant un débit moindre.
Repères
Fruits rouges & Co qui produit et importe des petits fruits rouges, c’est :
200 producteurs en France
dont 70 dans les régions Hauts-de-France et Grand Est
150 producteurs à l’étranger
1 filiale au Maroc
550 collaborateurs en ETP