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Stratégie
Être accompagné permet d’avancer plus vite

Philippe Planavergne est en conversion bio de son verger de pommes Ariane. Il est membre du groupe de producteurs ArboNovateur, qui lui apporte une dynamique et un accompagnement technique spécifique associé. Sans le groupe, il aurait davantage hésité à se lancer dans le bio.

Philippe Planavergne poursuivra sa démarche bio « si la récolte est rentable ».

Installée au confluent des rivières Tarn et Aveyron, l’EARL de Borde Haute, à Villemade (82), produit chaque année 2 800 tonnes de pommes. A sa tête, Philippe Planavergne s’emploie à conjuguer les deux valeurs qui l’animent : le respect de l’environnement et la rentabilité de son exploitation. Dès son installation, Philippe Planavergne s’est spécialisé en pomme, délaissant la poire, qu’il ne trouvait pas rémunératrice. Au gré des agrandissements, il a diversifié les variétés afin d’échelonner au maximum la cueillette. La récolte commence au 15 août, avec Gala, suivie successivement par les variétés Golden, Bertane, Ariane, Granny, Braeburn, Story, Fuji, pour se terminer mi-décembre avec Pink Lady. Cet étalement sur quatre mois assure une optimisation du matériel et une fidélisation de la main-d’oeuvre, qui représente 25 cueilleurs (neuf équivalents temps-plein). Formés et compétents, 90 % d’entre eux revient chaque année. Sept saisonniers poursuivent même la saison avec la taille jusqu’à fin mars, en complément du salarié permanent. Philippe Planavergne a cherché à faire évoluer son exploitation en veillant à ne pas augmenter la charge de travail. La variété Ariane, née de la recherche agronomique française, avait tout pour le séduire. Sa résistance à la tavelure est un atout indéniable dans cette région sensible à la maladie. Pour ses 10 à 15 passages annuels de fongicides, l’EARL est équipée de deux pulvérisateurs. Quarante hectares sont traités en six heures. Comme Ariane ne justifie pas d’interventions rapides, ni en préventif ni en curatif, l’implantation de six hectares a pu être absorbée sans investissement en temps ou matériel supplémentaires.

Maintenir les performances économiques

Engagé au sein du réseau de systèmes économes en produits phytosanitaires Dephy, Philippe Planavergne vient d’intégrer le groupe ArboNovateur. Quatorze producteurs de fruits sont mobilisés pour maintenir leur niveau de performance économique tout en modifiant ou consolidant leurs pratiques agro-écologiques. Les adhérents s’engagent à réduire les intrants phytosanitaires et à raisonner leur fertilisation et l’irrigation. Tous sont basés dans le Tarn-et-Garonne, premier département producteur de pomme et de prune de table, deuxième en raisin de table et noisette. L’EARL de Borde Haute est située sur une plaine à alluvions et a déjà optimisé son irrigation. L’introduction des variétés résistances à la tavelure lui a aussi permis de diminuer son Indice de fréquence de traitement. Grâce à l’appui du groupe, le producteur a choisi d’aller plus loin et de convertir l’an dernier son verger Ariane en bio. « Certains l’ont fait sur d’autres variétés. Je ne pars pas dans l’inconnu. Etre accompagné m’aide à avancer plus vite dans ma réflexion », explique Philippe Planavergne. Les rencontres régulières entre adhérents et partenaires de la démarche nourrissent les échanges et créent une dynamique. Les producteurs bénéficient de conseils techniques personnalisés, pour sortir des systèmes actuels, sans prendre de risques économiques. Des analyses de sol, de sous-sol et des prélèvements de reliquats azotés sont pratiqués pour optimiser les apports de fertilisation azotée. Sur le verger de Borde Haute, il a été démontré que l’apport systématique de 30 unités d’azote juste avant floraison était inutile. Le sol étant assez pourvu, la suppression de cette fertilisation évite au sol d’être lessivé et constitue une économie substantielle. Autre exemple : un réseau de stations météo et état hydrique du sol automatisées a été installé pour gérer l’irrigation des fermes du groupe.

Une année décisive pour la suite

Le verger Ariane produisait 80 t/ha en conventionnel, dont beaucoup de fruits de gros calibres appréciés des consommateurs. En bio, l’arboriculteur vise les 70 t/ha et s’attend à une baisse du calibre. L’année 2017 verra le premier cycle complet en bio. Le producteur sait que l’année est charnière : il poursuivra cette démarche seulement si « la récolte est rentable ». En 2018, les fruits seront labellisés AB. La plus-value attendue de 0,50 euro/kilo augmenterait ainsi le chiffre d’affaires global sans impact sur la SAU, ni le besoin de main-d’oeuvre. En revanche, le producteur ne pourra plus confier sa récolte d’Ariane au même metteur en marché, qui ne travaille pas pour la filière bio. Il pourrait alors se tourner vers son frère, grossiste dans le Lot. Celui-ci a repris l’entreprise familiale – qui fête cette année ses 80 ans – et commercialise déjà les autres variétés. Philippe Planavergne n’envisage pas de convertir l’intégralité de son exploitation. « Ici, seules des variétés résistantes à la tavelure sont compatibles à une conduite intégrale en bio », précise-t-il. En revanche, si les résultats économiques sont au rendez-vous avec Ariane, la variété Story pourrait être convertie à son tour et l’exploitation recentrée sur ces variétés.

Communiquer pour valoriser

Si Philippe Planavergne aime dire qu’il produit « en bon père de famille », qu’il fait manger à ses deux filles aussi bien ses pommes bio que les conventionnelles, il regrette le déficit d’image dont souffre parfois son métier. Il participe donc avec plaisir aux actions de communication organisées par le GIEE Arbonovateur : portes ouvertes sur le verger, rencontres dans son village, accueil de scolaires, etc. « Quand on explique qu’on travaille avec et pour la nature, les consommateurs ne nous voient plus du même oeil ». La conversion du verger Ariane en bio s’inscrit dans la même logique. « Cette variété répond aux attentes environnementales de la société. Si le consommateur ignore ce qu’est la tavelure, il connaît le bio. Produire des Ariane bio est un moyen de démarquer ce produit, qui a malheureusement encore du mal à trouver sa place sur l’étal ».

Mécanisation des pratiques

Pour convertir en bio son verger Ariane et répondre au cahier des charges, Philippe Planavergne a fait évoluer ses pratiques et son planning de travail. Il a cessé tout désherbage chimique. Les deux passages d’herbicide ont été remplacés par deux nettoyages sur le rang, à l’aide de l’outil Herbanet, qu’il vient d’acquérir. Ce travail mécanique reste insuffisant pour obtenir des vergers aussi propres qu’avant. En ajustant encore ses pratiques, Philippe Planavergne cherche à équilibrer la compétition entre adventices et arbres, afin que ces derniers ne soient pas pénalisés. « Le principal changement porte sur l’aspect visuel des vergers. Il faut s’habituer à voir de l’herbe au pied des pommiers », résume-t-il. De même, il a modifié le travail de taille. Pour avoir moins de boutons floraux, il a procédé cet hiver à une taille beaucoup plus sévère. L’éclaircissage sera effectué avec l’outil d’éclaircissage mécanique Darwin. La variété Ariane étant très complexe à éclaircir, l’arboriculteur a déjà planifié un passage manuel complémentaire.

PARCOURS

1993 : création de l’EARL de Borde Haute, sur 15 ha de pommes et de poires

2005 : introduction de la variété Ariane sur 1 ha

2006 : extension de 6 ha, dédiés à Ariane. La SAU s’élève à 47 ha, avec 9 variétés de pommes

2016 : première année de conversion bio du verger Ariane

2018 : labellisation AB

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