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Stratégie
Ecoresponsable et durable

Producteur de pommes dans le Maine-et-Loire, François Richard a fait le choix d'une agriculture durable, économiquement viable et respectueuse de l'environnement. Il a notamment signé la charte « Vergers écoresponsables ».

Basée à Etriché, dans le Maine-et-Loire, la SCA de Launay exploite 40 ha de vergers et produit 3 000 tonnes de pommes par an commercialisées par Pomanjou International récemment devenu Innatis (voir en chiffres). Elle s'est engagée dans la démarche Vergers écoresponsables dès sa création par l'Association nationale pommes poires. Celle-ci garantit l'engagement des pomiculteurs dans une démarche de progrès en matière d'environnement. Et tout est fait depuis pour concilier économie et respect de l'environnement. « Il y a aujourd'hui une demande citoyenne pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires, constate François Richard, dirigeant de la SCA. Nos clients ont aussi des attentes en terme de résidus. Enfin, j'habite sur l'exploitation, j'ai des enfants et j'estime que nous avons des devoirs envers les générations futures ». Dans cette stratégie, le choix des variétés est essentiel. « Le choix variétal est très important sur le plan économique, estime le producteur. Une variété doit répondre aux attentes du marché et apporter de la valeur ajoutée. C'est pourquoi la moitié du verger est en Honey Crunch, dont les ventes augmentent, notamment à l'export. Gala se vend bien aussi en France et à l'export. Mais en 2014 et 2015, j'ai perdu de l'argent avec Granny Smith et Breaburn. J'ai donc décidé de moins produire ces variétés ».

Economie de main-d'oeuvre

Depuis deux ans, des surfaces en Granny Smith et Breaburn ont donc été arrachées et remplacées par Honey Crunch, ou encore surgreffées en Gala. « Et cette évolution est aussi favorable pour l'environnement. Honey Crunch est tolérante à la tavelure, ce qui limite les traitements contre cette maladie. Et comme elle est moins vigoureuse que Granny Smith, elle est moins gour-mande en azote et moins appétente pour les ravageurs, notamment les pucerons, ce qui permet de moins traiter ». Un autre point clé est la conduite en mur fruitier qui s’est généralisée sur l’exploitation (voir encadré). Ainsi, la taille d'hiver est faite à l'épareuse, avec, tous les cinq ans, une taille manuelle de rattrapage. Une taille d'été manuelle est aussi réalisée pour Honey Crunch, pour faciliter la coloration et enlever les pousses oïdiées. L'éclaircissage est également mécanique avec, là aussi, une économie de main-d'oeuvre mais aussi de produits phytosanitaires. « Tous les vergers sont éclaircis mécaniquement, précise le producteur. Mais pour Honey Crunch, qui assure l'essentiel de nos revenus, l'éclaircissage mécanique est plus léger car nous voulons être sûrs d'avoir un tonnage suffisant. Nous le complèterons plus tard si besoin par un éclaircissage chimique et une intervention manuelle ». Au final, en comptant la taille, l'éclaircissage et une récolte plus facile des pommes, le mur fruitier permet une économie de main-d'oeuvre de 10 à 15 %. Un autre aspect est l'utilisation de la confusion sexuelle. « Nous utilisons la confusion depuis longtemps contre le carpocapse, explique François Richard. Depuis cette année, les mêmes diffuseurs permettent de lutter aussi contre les tordeuses qui ont causé beaucoup de dégâts en 2015. Le coût, en comptant le temps de pose, est de 340 €/ha. Mais cela nous apporte un confort de travail, car la protection dure toute la saison et évite de devoir suivre les modèles et éventuellement d'intervenir avec un insecticide ».

Valoriser les efforts pour l'environnement

Le producteur suit aussi l'évolution du risque tavelure grâce à ses deux stations météo et aux Bulletins de santé du végétal, ce qui permet de réduire les traitements. Pour limiter l'enherbement, il sème entre les rangs un mélange de graminées non invasives, faciles à tondre et qui améliorent la portance. Et il pratique le désherbage mécanique sur le rang, grâce à l'Herbanet. « En plus de désherber, l'Herbanet a un effet sur les pucerons lanigères, apprécie-t-il. En balayant le tronc et en détruisant les repousses qui peuvent les héberger, il limite les populations de pucerons ». La SCA de Launay a aussi planté un kilomètre de haies pour favoriser les auxiliaires. Elle introduit des ruches d'abeilles et de bourdons. Et elle a installé des nichoirs à mésanges qui limitent la pression carpocapse. « Etre écoresponsable implique de toujours essayer de progresser, souligne François Richard. Il faut beaucoup observer, tester de nouvelles techniques, utiliser les outils d'aide à la décision, regarder ce que les autres font. Mais l'intérêt économique n'est pas évident. Les alternatives coûtent en général plus cher que la protection chimique. De plus, le coût de la protection sanitaire représente 2 000 €/ha chez nous, sur un coût de production total de 20-25 000 €/ha. En testant d'autres techniques, on prend des risques pour un élément qui n'est pas déterminant dans le coût de production. Le label Vergers écoresponsables peut donc être un moyen de valoriser ces efforts ».

En chiffres

40 hectares

3 000 tonnes de pommes dont

• 1 500 tonnes de Honey Crunch

• 800 tonnes de Gala

• 400 tonnes de Braeburn

• 300 tonnes de Granny Smith

21 équivalents temps plein (dont 120 cueilleurs en septembre)

Témoignage

« Historiquement, le verger était planté à 3 m entre rangs, explique le producteur. Jusqu'en 2000, la taille était manuelle, mais nous étions limités dans le choix des branches car il fallait que les tracteurs puissent passer. L'époque étant difficile sur le plan économique, nous avons donc décidé de passer à la taille mécanique et à une conduite en mur fruitier, pour réduire les coûts de main-d'oeuvre. La conduite en mur fruitier entraînant une baisse de calibre et étant facilitée par des variétés peu vigoureuses, le choix s'avérait pertinent pour Honey Crunch, variété peu vigoureuse et à gros fruits, un peu moins pour Gala, qui produit des petits calibres, et pour Granny Smith, très vigoureuse. Mais il est difficile d'avoir deux conduites sur une même exploitation. Tout le verger est donc désormais conduit en mur fruitier très étroit », témoigne François Richard.

Adapter la protection à la conduite en mur fruitier

Depuis 2015, La SCA de Launay fait partie d'un groupe d'expérimentation Dephy Ferme qui regroupe une dizaine d'arboriculteurs du Val de Loire assistés par la station expérimentale de la Morinière (37). Dans ce cadre, François Richard a décidé de tester une réduction des doses pour adapter les traitements à la conduite en mur fruitier. « En France, les doses préconisées le sont toujours à l'hectare, quelle que soit la masse foliaire, souligne-t-il. Or, une conduite en mur fruitier implique un volume de feuillage très inférieur. Alors que classiquement, ce volume est de 10-15 000 m3, il n'est ici que de 5-6 000 m3. Des travaux du centre de recherche suisse Agroscope ayant montré qu'il est possible de raisonner les doses selon la masse foliaire (méthode du TRV), j'ai donc décidé d'adapter les doses à nos vergers ». Cette saison, François Richard a ainsi divisé par deux les doses utilisées sur un hectare jusqu'à la floraison. Et de la floraison à la récolte, il va réduire les doses de 25 %.

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