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Dossier Pomme : auto-construction, un choix réalisable

En faisant le choix de construire lui-même ses chambres froides, Philippe Bilocq a réalisé un investissement maîtrisé mais surtout cohérent avec son mode de production biologique.

Après une expérience de dix années en tant que conseiller en gestion dans le secteur agricole, Philippe Bilocq décide en 1992 de s’installer en agriculture sur 5,5 ha de terres nues en location, sur la commune de Saulce (Hautes-Alpes). Cette même année, il plante la totalité de ces superficies en pommiers et poiriers qu’il engage dès 1993 en conversion bio. « Dès le départ, il était évident pour moi que j’allais inscrire mon projet dans le cadre d’une commercialisation en circuits courts. C’est la raison pour laquelle j’ai immédiatement implanté plusieurs variétés de chaque espèce », indique-t-il. La location d’une chambre froide à un voisin arboriculteur atteint rapidement ses limites d’autant que le domaine s’agrandit pour atteindre finalement 7,2 ha de vergers dont 5,7 ha de pommiers avec pas moins de 18 variétés, 1,5 ha de poiriers dont 6 variétés, des coings et 3,2 ha de vignes. L’utilisation d’une seule et grande chambre froide ne correspond plus à sa stratégie de commercialisation des 170 tonnes de fruits bio produites en moyenne annuellement.

Des chambres froides plus petites…

« Compte tenu de la multitude d’espèces et de variétés que compte mon exploitation et de mon mode de commercialisation exclusivement en vente directe, j’avais besoin de chambres froides plus petites pour mieux gérer les lots. De plus, mon souhait n’est pas de conserver les fruits sur une longue période mais de les vendre durant leur période naturelle de consommation », poursuit-il. De fait, sa période de commercialisation se termine au plus tard fin mai. Philippe Bilocq n’a besoin ni d’une grande chambre froide, ni d’atmosphère contrôlée pour la conservation de ses productions. D’où sa décision en 2010 d’investir dans deux chambres froides afin de ne pas mélanger les pommes et les poires. Un projet qui va s’inscrire dans le cadre de l’agrandissement de son hangar d’exploitation, situé au cœur du domaine et destiné à accueillir le matériel agricole, une salle de calibrage, un quai de réception, une zone de stockage de produits, des bureaux, un local de vente et deux chambres froides.

... et écologiques

Pour des raisons économiques, Philippe Bilocq décide de se renseigner sur l’auto-construction. « L’ensemble des éléments techniques que j’ai réunis auprès de constructeurs de matériels et du GRAB ont fait que l’auto-construction est devenue une possibilité, d’autant que mon autre exigence résidait dans l’utilisation de matériaux les plus naturels possible », rajoute Philippe Bilocq. Avec l’aide de son salarié, il se lance en 2015 dans la construction de deux chambres froides. Une est destinée à recevoir les pommes, et l’autre, plus petite, pour les poires. Après avoir fait installer une chape lisse sur les 440 m2 de la partie correspondant à l’agrandissement et isoler la totalité de la toiture du hangar, le bâtiment est construit à partir d’un bardage bois et d’une ossature OSB remplie d’ouate de cellulose à 38 kg/m3. Situées dans cette nouvelle construction, les deux chambres froides d’un volume total de 675 m3 sont construites selon le même procédé. Très supérieure à celle d’une paroi constituée d’isolants synthétiques habituels pour lesquels 6 à 8 cm suffisent, l’épaisseur de la paroi de 30 cm composée de la ouate de cellulose permet de garantir une très bonne isolation. Deux compresseurs de 6 kW et 20 kW ont été installés pour garantir une température comprise entre -1°C pour les poires à +2°C pour les pommes. Un film étanche a également été posé en vue d’éviter des pertes d’humidité dans les chambres froides et garantir une bonne conservation des fruits. Les deux chambres froides sont également équipées d’évaporateurs afin de réguler l’humidité à l’intérieur. Achetées d’occasion, les portes des chambres froides sont installées sur des rails.

Un investissement de 147 €/m3

« D’autres matériaux de construction étaient envisageables notamment la paille compte tenu de son faible coût et de la facilité de mise en œuvre mais ma crainte des rongeurs m’a fait opter pour l’ouate de cellulose », précise l’arboriculteur. In fine, en intégrant le coût de la main-d’œuvre pour l’installation des cloisons et des portes des deux chambres froides, l’investissement représente un total de 99 314 € HT soit 147 €/m3. Inscrit dans le cadre du dispositif AGIR de la région PACA, cet investissement a bénéficié de 40 % d’aides. Après trois années d’utilisation, Philippe Bilocq est pleinement satisfait de ses deux chambres froides. « Même si en termes d’économies, ce n’est pas forcément exceptionnel, l’auto-construction m’a permis de concevoir des chambres froides écologiques en parfaite adéquation avec mon mode de production et mon schéma de commercialisation qui repose sur la vente à la ferme, sur les marchés de producteurs et via les Amap », conclut l’arboriculteur.

 

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