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Pomanjou expérimente des vergers piétons densifiés

Un système de verger en mur fruitier culminant à une hauteur de 2,5 m est expérimenté depuis cinq ans par l’entreprise de production de pommes Pomanjou (groupe Innatis), afin de faciliter les opérations culturales.

Pour gagner en flexibilité, Pomanjou a choisi de réduire la hauteur de ses vergers et de densifier la production. L’entreprise de production de pommes basée dans le Maine-et-Loire a commencé à expérimenter il y a cinq ans un système de « verger piéton » en mur fruitier, planté en 2,5 x 1 m (4 000 pieds/ha) avec une hauteur d’arbre de seulement 2,5 m. L’un des principaux objectifs du système est de se passer complètement des plateformes et d’optimiser la conduite en mur fruitier mécanisé. « Sur les 280 ha de verger de Pomanjou, la majorité des variétés sont précoces, explique Arnaud de Puineuf, directeur de Pomanjou. La cueillette est regroupée sur six à sept semaines, on a donc besoin de monter en puissance en termes de capacité de récolte sur cette période. Grâce aux vergers piétons, on n’est pas bloqués par un manque de plateformes. » En lieu et place des plateformes de récolte, l’entreprise utilise dans ses vergers piétons de simples porte-palox avec une marche fixée sur l’essieu, ce qui suffit pour atteindre le haut des arbres.

Des filets comme des volets roulants

L’autre aspect majeur des vergers piétons de Pomanjou est le système de filet monorang, inspiré du système Whailex développé en Allemagne sur vigne. Les filets sont montés de chaque côté de la rangée d’arbres et accrochés au fil au-dessus du rang. Le bas des filets est fixé à des tubes hexagonaux. Ils peuvent être descendus et remontés rapidement, comme des volets roulants, grâce à un système de manivelles qui s’imbriquent dans ces tubes, par portions d’une centaine de mètres avec un opérateur à chaque extrémité.

« On utilise des filets Alt’carpo en couverture sur le rang qui nous permettent de n’utiliser ni phéromones, ni insecticides contre le carpocapse », indique Sullivan Leroy, responsable exploitation du verger de Beauvallon, à Seiches-sur-le-Loir. Le pied des arbres n’est pas couvert par les filets sur environ 20 cm pour pouvoir travailler le sol. Les filets constituent aussi un atout dans la lutte contre le gel. « En cas de risque de gel, on ferme les filets. Avec l’herbe tondue à ras, cela crée un effet igloo qui nous fait gagner 1 à 1,5 °C, soutient le directeur de Pomanjou. En cas de forte gelée, on protège par aspersion sur filets fermés. L’an dernier, nous n’avons pas eu de dégâts de gel, avec 16 nuits de protection au total. »

Il faut compter environ 40 mn par ha pour fermer les filets, sans nécessiter une plateforme. « La plateforme ne sert que pour l’installation des filets. Pour toutes les autres opérations – cueillette, fermeture et ouverture des filets, taille – on n’en a plus besoin pour travailler dans nos vergers piétons, souligne Arnaud de Puineuf. C’est un avantage considérable, d’autant plus que la plateforme émet beaucoup de carbone tout au long de la vie d’un verger. Le fait de ne plus l’utiliser est un bon point pour diminuer notre impact carbone. »

Une cinquantaine d’hectares

Dans les vergers piétons, grâce à l’absence de câbles transversaux, les traitements peuvent se faire avec un enjambeur. « Le pulvérisateur ne passe qu’un rang sur deux. Même avec plus de mètres linéaires en raison de la hauteur réduite des arbres, il y a donc moins de passages au total, détaille Sullivan Leroy. De plus, l’enjambeur qu’on utilise dispose de panneaux récupérateurs pour limiter la dérive et récupérer du produit, ce qui signifie qu’on couvre une surface plus importante avec le même volume de produit initial ».

Le système de verger piéton est aujourd’hui présent sur une cinquantaine d’hectares à Pomanjou (quatre vergers sur sept), avec les variétés Honey Crunch (trois clones), Zingy, Juliet, et Gradictive. Il a été initialement pensé pour Honey Crunch car c’est une variété assez peu vigoureuse. « Le matériel végétal doit être adapté à ce type de verger, expose Arnaud de Puineuf. Nous utilisons du double axe pour avoir des vergers très plats, avec un départ des anticipés situé assez bas (15-20 cm du point de greffe) pour maximiser la surface de production. La vigueur du porte-greffe n’est pas trop importante car on stabilise le verger à une hauteur de 2,5 m. L’objectif est d’entrer en production dès la 2e année et d’atteindre au moins 70 t/ha pour les vergers adultes. »

L’éclaircissage par les filets en essai

Des essais éclaircissage « manuel » sont réalisés dans le verger de Beauvallon, avec pour objectif de se passer de produits éclaircissants en baissant les filets en début de floraison. « Les abeilles pollinisent moins et il y a moins de lumière, ce qui participe à limiter la pollinisation, note Arnaud de Puineuf. Après deux années d’essais, les premiers résultats sont intéressants mais devront être confirmés. »

Des pièces conçues sur mesure

Le directeur de Pomanjou estime un coût d’installation d’un verger piéton supérieur à 20 % par rapport à un verger classique. « Nous avons dû financer la conception et la fabrication de pièces sur mesure : écarteurs, supports d’écarteurs, structure pour maintenir les filets, tubes hexagonaux sur lesquels sont fixés les filets, manivelles… Le système est en évolution constante et on espère arriver à diminuer le coût des pièces au fur et à mesure de son déploiement ».

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