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De nouveaux facteurs mis au jour pour expliquer les symptômes de l’Enroulement chlorotique de l’abricotier

Une prospection sur trois ans en verger d’abricotier dans la vallée du Rhône a permis de dégager des facteurs qui expliquent les différences d’expression des symptômes d’ECA, parmi eux un possible effet variétal.

Le débourrement précoce (ici sur pêcher) est le symptôme de l'ECA qui a été suivi lors de la prospection sur près de 600 000 arbres dans la Drôme. © Fredon Occitanie
Le débourrement précoce (ici sur pêcher) est le symptôme de l'ECA qui a été suivi lors de la prospection sur près de 600 000 arbres dans la Drôme.
© Fredon Occitanie

L’enroulement chlorotique de l’abricotier (ECA) est une des causes de mortalité d’arbres en vergers d’abricotiers et de prunes américano-japonaises. Des taux de contamination de 10 %, voire 25 % ont été signalés par des arboriculteurs dans différents bassins de production. Malgré des contrôles sanitaires rigoureux des plants fruitiers, cette maladie continue à poser problème aux deux filières. La protection se concentre actuellement sur le vecteur du phytoplasme responsable de la maladie, le psylle Cacopsylla pruni, mais les autres facteurs de risque sont peu connus. Une prospection sur près de 1 500 ha, soit plus de 600 000 arbres dans la Drôme et l’Ardèche pendant quatre ans, conduite par la Fredon Rhône-Alpes et la Sefra, suivie d’une enquête auprès des arboriculteurs concernés ont permis d’en révéler de potentiels. La prospection a consisté à noter les débourrements précoces en sortie d’hiver, qui est un des symptômes de la maladie.

Des différences selon les variétés et les porte-greffes

« L’observation de ces débourrements précoces a permis de révéler des variétés qui semblent plus exprimer la maladie que d’autres », souligne Claire Goral de la Fredon Rhône-Alpes. Parmi les variétés qui n’expriment aucun symptôme, Latica et Magic cot étaient les plus représentées avec plus de 1 000 arbres observés. Même constat sur Incomparable de Malissard et Tardif de Valence qui étaient moins représentées avec moins de 800 arbres observés. Goldrich (ou Jumbo cot), Harostar et Tardif de Tain ont des taux de contamination très faibles, compris entre 0,01 % et 0,06 %. A l’inverse, Red Sun, Soledane, Robada, Farhial, Faralia, Farbaly et Vertige ont un taux moyen d’arbres symptomatiques supérieur à 0,8 %. Les quatre dernières ont été observées sur des parcelles de moins de sept ans. Or les vergers les plus jeunes expriment souvent moins de symptômes du fait de la latence entre la contamination par la piqûre d’un psylle et l’expression des symptômes. Ces quatre variétés apparaissent donc d’autant plus suspectes de détenir une sensibilité à l’ECA. « Il convient cependant d’être prudent dans l’interprétation de ces données, tempère Baptiste Labeyrie du CTIFL. Cela ne permet pas de conclure sur la sensibilité ou la résistance des variétés à l’ECA. Aucune source de résistance au phytoplasme n’a été caractérisée à ce jour. » Une différence d’expression des symptômes semble aussi exister selon le porte-greffe. Les arbres greffés sur les porte-greffes regroupés sous l’appellation « prunier » : Myrobolan, Mariana GF8-1, Torinel et autres pruniers ont un taux de contamination légèrement supérieur aux arbres greffés sur porte-greffe « pêcher » : Rubira, Montclar, GF305, GF 3.8.

Plus de symptômes en zone méridionale

La densité de plantation semble aussi avoir un impact sur les taux de contamination, plus un verger est planté densément, plus le taux de contamination est faible. Le nombre d’arbre contaminé par hectare reste finalement relativement similaire quelle que soit la densité. Et donc plus la densité est élevée, moins l’impact des arbres contaminés est important pour le producteur. Enfin, si des contaminations ont été observées sur tout le territoire prospecté, la répartition des arbres symptomatiques est inégale. Un gradient Nord-Sud semble exister. Les zones les plus méridionales sont plus touchées par les débourrements précoces. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette variabilité. Il pourrait exister un effet des températures hivernales. « Sur le site de Gotheron, l’absence de symptômes de feuillaison précoce coïncide avec des températures hivernales froides (2009 à 2011). Mais sur ce même site, un hiver doux comme celui de 2019-2020 a permis l’expression de ces symptômes », explique Laurent Brun de l’Inrae. Les faibles taux d’arbres symptomatiques dans le nord de la région prospectée pourraient s’expliquer par un blocage de l’expression de ces symptômes par le froid, ou à l’inverse, des températures douces auraient pour conséquence une levée de dormance plus précoce sur les organes contaminés. Mais l’absence de débourrement précoce ne signifie pas que les arbres ne sont pas contaminés, d’autres symptômes comme des chloroses ou des mortalités apoplectiques sont aussi des potentiels signes de contamination par l’ECA. Parmi les autres explications possibles à cette observation : l’âge des vergers, parfois plus élevé dans certaines zones méridionales comme les Baronnies, les porte-greffes « prunier » qui sont plus présents dans la partie méridionale et l’effet potentiel des variétés réparties de manière hétérogène sur le territoire prospecté.

Source : Info CTIFL avril 2020
 

Une stratégie phytosanitaire et prophylactique payante

L’application d’insecticides au moment des pics de vols de C. pruni soit autour de la floraison permet de réduire d’un facteur de 3 à 4 l’incidence de la maladie. « En l’absence de traitements phytosanitaires, sur les sites expérimentaux de l’Inrae de Gotheron (Drôme) et à la Sica Centrex (Pyrénées-Orientales), les taux moyens de contamination ont été respectivement de 5 % et 10 % », relate Laurent Brun de l’Inrae de Gotheron. Sur les mêmes sites, lorsqu’une protection insecticide est réalisée, l’incidence de l’ECA se situe entre 1,5 et 2,5 %. Résultat corroboré par les résultats de l’enquête. Mais lorsqu’une protection phytosanitaire est appliquée, la multiplication du nombre de traitements ne garantit pas de mieux prévenir les contaminations. « Que la stratégie de protection soit raisonnée, autour de quatre à six traitements sur trois ans ou intensive, plus de neuf traitements en trois ans sur la période de vol du psylle, les taux de contamination sont proches », précise Baptiste Labeyrie du CTIFL. A noter qu’une protection inférieure à quatre traitements sur trois ans a révélé des taux de contamination proche des parcelles non traitées. Plus de 60 % des producteurs enquêtés appliquent un insecticide avant et après fleurs. Mais le gain sur le nombre d’arbres contaminés est faible comparé à une application uniquement après fleur. « La stratégie après fleur réduit d’un facteur 2,5 le risque de contamination contre un facteur 3,3 pour une stratégie avant et après fleurs », détaille Claire Goral de la Fredon Rhône Alpes. Un traitement uniquement avant fleur a donné des résultats similaires au traitement uniquement après fleurs mais le faible nombre d’arbres observés appelle à la prudence sur ce résultat. L’enquête a aussi confirmé qu’en plus des traitements phytosanitaires, la suppression des arbres malades et des rejets limite le taux de contamination.

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