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Châtaigne : le virus qui combat le chancre de l'écorce

Un virus du chancre de l’écorce du châtaignier a permis de limiter le problème du chancre de l’écorce du châtaignier en s’établissant dans certaines régions européennes, parfois par des moyens de lutte biologique.

Le chancre de l’écorce du châtaignier peut causer le dépérissement et la mort de l’arbre hôte.
Le chancre de l’écorce du châtaignier peut causer le dépérissement et la mort de l’arbre hôte.
© ML Brachet / CTIFL

Provoqué par le champignon Cryphonectria parasitica, le chancre de l’écorce du châtaignier peut causer le dépérissement et la mort de l’arbre hôte. Dans plusieurs régions européennes où le chancre est installé, la lutte biologique par l’application de souches hypovirulentes (c’est-à-dire dont la virulence est réduite) de Cryphonectria parasitica a permis de limiter le problème.

« Quelques années après les premiers signalements de la maladie, des chancres superficiels ont déjà été constatés sur certains châtaigniers en Italie du Nord, indique le WSL, institut suisse de recherche sur la forêt, dans une fiche sur le chancre de l’écorce. Des souches atypiques de C. parasitica dont la virulence est atténuée ont été retrouvées dans ces chancres. On a découvert ultérieurement que cette hypovirulence était provoquée par un virus qui infecte C. parasitica. Ce virus (CHV-1 pour Cryphonectria hypovirus 1) a été probablement introduit en Europe avec le champignon pathogène ».

Les souches de champignon infectées par CHV-1 sont moins agressives et progressent peu à l’intérieur de l’arbre. Le chancre reste alors très superficiel et l’arbre peut cicatriser. Or, le virus peut se transmettre entre deux souches de champignon lorsqu’elles fusionnent, si elles appartiennent au même groupe de compatibilité végétative. « Nous avons commencé à partir de 2003 à échantillonner des chancres de la région pour connaître leurs groupes de compatibilité végétative, indique Judit Torres Fernandez, du Centre de recherche forestier Cesefor (Castilla y Leon, Espagne), lors d’un webinaire Eurocastanea à l’automne 2021. L’idée était d’élever en laboratoire des champignons C. parasitica hypovirulents pour ensuite les introduire au contact des chancres virulents ».

4 millions d’inoculations en Grèce

L’inoculation avec les souches hypovirulentes a été réalisée entre 2005 et 2011 puis a repris en 2017. Pour chaque chancre identifié, des trous sont percés de manière à entourer la zone du chancre. Puis un gel contenant du mycélium de champignons hypovirulents est appliqué sur chaque trou. « Ce traitement a montré une efficacité de 92 %, témoigne Judit Torres Fernandez. De plus, on a constaté que les arbres situés à proximité des arbres traités commençaient aussi à guérir, ce qui montre que le virus CHV-1 se diffuse aussi d’un arbre à l’autre via les conidies infectées. »

En Grèce, l’utilisation de souches hypovirulentes a permis de combattre avec succès le chancre de l’écorce, qui s’était répandu dans toutes les zones de production dans les années 1990. « Des souches hypovirulentes compatibles de chancre ont été introduites dans les principales régions de production, avec plus de 4 millions d’inoculations, explique Stephanos Diamandis, de l’Institut grec de recherche sur la forêt, lors d’Eurocastanea. L’hypovirulence s’est répandue, elle est aujourd’hui dominante dans tout le pays. Le chancre est aujourd’hui considéré comme de l’histoire ancienne en Grèce. » Une autre méthode de diffusion de l’hypovirulence est élaborée à l’université de Lérida, en Catalogne : la pulvérisation sur les arbres infectés de conidies contenant le virus.

Les symptômes du chancre de l’écorce

© ML Brachet / CTIFL

 

- L’écorce commence par prendre localement une couleur rougeâtre, puis elle se fissure et se craquelle. Les tissus corticaux se dessèchent et meurent, autour de la zone atteinte se forment des bourrelets cicatriciels qui confèrent au chancre son aspect tourmenté
- Des fructifications de couleur rouge peuvent être observées au niveau du chancre pendant une grande partie de l’année
- Au-dessus du point d’infection, les rameaux, les branches ou la tige peuvent présenter un feuillage de plus petite taille, un peu moins vert ou entièrement desséché si la circulation de la sève a été interrompue. Ces feuilles sèches ne tombent pas à l’automne
- Fréquemment, de vigoureux rejets se forment en dessous des chancres du tronc.

Source : e-phytia

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