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Brassicacées : Le contrôle biologique passe le test

L’efficacité des ennemis naturels de la mouche du chou et des pucerons des choux a été évaluée sur cultures de navet et de brocoli. La part de la régulation biologique dans le contrôle de ces ravageurs est non négligeable et bénéfique en situation de forte pression.

La lutte biologique constitue un levier important du contrôle des ravageurs dans une optique de réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires. Mais si le service de régulation des ravageurs par leurs ennemis naturels est incontestable, peu d’études l’ont jusque-là réellement quantifié. Les travaux de la thèse de Xavier Mesmin (1), effectuée entre 2014 et 2018 dans l’unité mixte de recherche IGEPP (2), visaient à évaluer et quantifier le niveau de régulation de ravageurs des brassicacées par leurs ennemis naturels. L’étude s’est focalisée sur l’effet des prédateurs épigés (vivant à la surface du sol), regroupant essentiellement les carabes, les araignées et les staphylins, sur la régulation de la mouche du chou et des pucerons des choux (puceron cendré du chou et puceron vert du pêcher, les deux espèces essentiellement observées dans les zones d’étude : bassin de Rennes, bassin de Loudéac-Pontivy, nord des Côtes d’Armor et polders du Mont-Saint-Michel). Les prédateurs épigés sont particulièrement intéressants parce qu’ils sont présents dans presque tous les types de parcelles agricoles. De même, leur capacité à consommer un grand nombre de proies différentes en fait des auxiliaires utiles sur un grand nombre de ravageurs.

Les prédateurs épigés réduisent le nombre de ravageurs

Afin de quantifier le nombre de ravageurs supprimés par les prédateurs épigés et les conséquences de cette régulation sur la production de brocoli, trois essais en parcelles expérimentales ont été mis en place : sur le site de l’unité expérimentale de La Motte à l’Inra du Rheu (Ille-et-Vilaine) en 2014 et 2015 et sur le site de la station Terre d’essais (Côtes d’Armor) en 2016. Le nombre de ravageurs a été comparé entre des zones avec prédateurs épigés (témoins) et dans des zones où la densité de prédateurs épigés a été fortement réduite grâce à une combinaison de barrières semi-enterrées et de pièges Barber. Lorsque les prédateurs épigés sont présents, on observe significativement moins de larves de mouche et de pucerons développés par plant. Les prédateurs épigés ont donc bien un effet sur les ravageurs étudiés. Ils permettent de réduire le nombre de ravageurs par plant de l’ordre de 30 à 40 %, que ce soit pour les pucerons ou pour la mouche du chou, deux ravageurs qui occupent des niches spatiales distinctes (à la surface puis sous la surface du sol pour la mouche du chou ; sur les feuilles pour les pucerons) et aux cycles de développement différents. Lors de l’essai de 2016, fortement infesté par la mouche du chou, les parcelles où les prédateurs épigés étaient présents ont présenté un taux de mortalité des plants de brocoli nettement moins élevé que celui des parcelles où ils étaient absents (10 % contre 30 %).

Un contrôle biologique suffisant contre les pucerons des choux

En revanche, pour ce qui concerne les pucerons, la réduction du nombre de ravageurs n’a pas eu d’incidence sur les dommages, qui ont été très faibles dans les deux modalités. Lors de l’essai le plus infesté par les pucerons, en 2015 (environ 700 pucerons par plant au pic de population dans la parcelle sans prédateurs épigés), les brocolis récoltés n’étaient pas massivement infestés par ceux-ci. Seulement 3 brocolis sur 156 décortiqués étaient très infestés par les pucerons et par conséquent non commercialisables. Ce résultat suggère une faible nuisibilité des pucerons sur brocoli. Dans l’ensemble, les résultats des travaux de thèse montrent que le contrôle biologique est efficace. Il permet non seulement de supprimer une quantité significative de ravageurs, mais aussi de réduire les pertes de récolte dans certains cas. Pour les pucerons des choux, ce contrôle biologique (dû aussi grandement aux parasitoïdes, syrphes, etc.) est généralement suffisant pour empêcher les dommages. Concernant la mouche du chou, le niveau extrême de nuisibilité sur navet (voir encadré p.35) et le coût relativement faible de l’insecticide sur brocoli fixent des objectifs exigeants en termes de nombre de ravageurs résiduels. S’il semble difficile d’atteindre ces objectifs sans filets sur navet en période de forte infestation, ils pourraient être accessibles sur brocoli sans lutte chimique. Il faudrait pour cela identifier des leviers permettant d’intensifier le contrôle biologique en favorisant les ennemis naturels (bandes enherbées, bandes fleuries, jouer sur le travail du sol…), et identifier d’autres leviers de protection des cultures à efficacité partielle, complémentaires du contrôle biologique (associations de cultures, sélection de variétés plus résistantes, produits de biocontrôle…).

(1) Thèse de Xavier Mesmin (2014-2018), encadrée par Anne Le Ralec, Anne-Marie Cortesero et Vincent Faloya, et financé par la chaire AEI et par la Région Bretagne, menée dans l’unité mixte de recherche IGEPP
(2) IGEPP : Institut de génétique, environnement et protection des plantes (Agrocampus Ouest, Inra, Université Rennes 1)
 

La mouche du chou très nuisible sur navet

La question du seuil de nuisibilité de la mouche du chou, sur navet et brocoli, s’est posée au cours de l’étude. Des échantillonnages réalisés de 2014 à 2018 à la fois sur des parcelles expérimentales et de producteurs ont permis d’associer le nombre moyen de larves de mouche du chou par plant et la proportion de plants non récoltables à cause des dégâts générés par ce ravageur (mortalité des plants pour les brocolis ; traces de développement des larves pour les navets). Il en ressort que sur navet, 50 % de la culture est non commercialisable dès 2 larves de mouche développées par plant, car l’aspect des légumes est directement impacté. La nuisibilité est plus modérée sur brocoli, avec presque aucun dommage en dessous de 5 larves développées par plant et des dommages faibles jusqu’à 10-15 larves.

Les carabes les plus efficaces contre la mouche du chou

Parmi les prédateurs épigés, les résultats suggèrent que ce sont essentiellement des gros carabes qui ont participé le plus à la prédation des œufs de mouche du chou. La régulation des pucerons provient essentiellement d’une prédation précoce, dès le début de la phase de croissance exponentielle des populations. Cette prédation a lieu en même temps que la ponte de la mouche du chou, ce qui indique que ce sont possiblement les mêmes taxons qui ont participé à la régulation des deux ravageurs.

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