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La filière arboricole doit attirer les compétences

La filière arboricole est en manque de bras et de têtes. Pour perdurer, elle doit se pencher sur la formation, son attrait et la mécanisation.

La crise sanitaire a montré les limites du recours aux travailleurs détachés. © RFL
La crise sanitaire a montré les limites du recours aux travailleurs détachés.
© RFL

« Nous manquons de candidats à tous les niveaux : saisonniers, ouvriers permanents, chefs de culture, techniciens, ingénieurs agro, et peut-être bientôt de producteurs », témoigne Claude Coureau, CTIFL. En cause, un faible attrait de la filière, l’absence de formations, un décalage entre représentation et réalité. « Tous les producteurs cherchent des chefs de culture et il n’existe plus aucune formation initiale pour en former », déplore l’ingénieure du Val de Loire. Pour les niveaux Bac+2 et inférieurs, les formations initiales spécifiques à l’arboriculture sont quasi inexistantes. Le relais est pris en partie par la formation continue. Des CFAA et CFPAA proposent des certificats de qualification professionnelle spécifique à la filière pour former des ouvriers spécialisés. Concernant les formations supérieures, « la majorité des jeunes ingénieurs ne sont pas formés pour faire de la production, constate l’expérimentatrice. Ils ont une vision idéalisée proche du discours sociétal global sur l’agriculture mais totalement déconnecté de la réalité de terrain. Leur première expérience les désillusionne. » Le manque de compétences est criant et devrait s’accentuer avec de nombreux départs à la retraite de conseillers, techniciens et producteurs dans les dix années à venir. A l’instar de la filière porc, la filière aurait besoin de s’investir dans les formations agricoles, de proposer plus d’apprentissages et d’intervenir dans les écoles.

Ruralité : contraintes et atouts

La localisation des emplois agricoles en milieu rural participe au faible attrait de la filière. « Les jeunes diplômés sont de plus en plus des citadins qui ont du mal à vivre loin des services disponibles dans les centres urbains », continue Claude Coureau. « Nous recrutons dans un rayon de 30 à 40 km autour de notre coopérative, témoigne Jean-Luc Reigne, directeur d’Unicoque coopérative située dans le Lot-et-Garonne. Or la mobilité est un vrai enjeu surtout pour les salaires proches du Smic. » Les frais de transport sont parfois équivalents à la différence perçue entre le salaire et les minima sociaux, ce qui décourage l’employé. « Les politiques d’aménagement du territoire ne nous ont pas faits progresser », continue-t-il. « Il faudrait que les exploitations puissent pérenniser des emplois en proposant un confort financier mais les charges augmentent tout de suite et sont difficilement soutenables dans un contexte économique aléatoire », analyse Christophe Mouiren du GRceta Basse Durance. Pourtant, la ruralité est parfois un atout. « Nous recrutons quelque 10 CDIs chaque année dont des Bac+5 et ce ne sont pas les plus difficiles à recruter, témoigne Jean-Luc Reigne. On capte de plus en plus de personnes qui ont une expérience de travail en centre urbain dans de grosses entreprises. Ils veulent changer de cadre de vie personnelle et travailler dans des entreprises à taille humaine où ils sentent qu’ils peuvent agir. Conditions que nous leur offrons dans la coopérative. »

Automatisation et robotisation

Le recrutement de saisonnier est problématique depuis déjà longtemps dans toute la filière. La crise sanitaire a montré les limites du recours à des travailleurs détachés, certains ne pouvant pas venir et d’autres ne pouvant pas repartir dans leur pays d’origine après la saison. L’une des solutions pour pallier le problème est la mécanisation des vergers. Cela demande de concevoir des vergers qui le permettent. Toutes les filières n’ont pas encore trouvé de conduite appropriée. Il faut aussi disposer des agroéquipements adaptés. « Nous sommes très investis sur ce secteur de l’automatisation et de la robotisation, qui pourrait contribuer non seulement à pallier le manque de disponibilité de main-d’œuvre, mais pourrait aussi réduire la pénibilité de certaines tâches, pointe Yann Bintein, CTIFL. Nous venons d’ailleurs de poser la première pierre de la plateforme Titec. En 2021, nous voulons aussi mettre en place un écosystème d’entreprises partenaires afin de faire sauter ensemble les verrous techniques et économiques qui entravent encore l’émergence de solutions opérationnelles adoptables par le plus grand nombre. »

« On capte de plus en plus des personnes qui veulent changer de cadre de vie personnelle et travailler dans des entreprises à taille humaine », Jean-Luc Reigne, Unicoque

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