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Ail : « On manque de visibilité sur l’avenir de la filière à moyen terme » 

Lors d'un point sur la campagne 2025, l'interprofession de l'ail s'est réjouie d'une bonne qualité sanitaire, mais a alerté sur les menaces pesant à moyen terme sur la production nationale. 

<em class="placeholder">Un producteur d&#039;ail tient dans ses mains de l&#039;ail fraîchement récolté, avec des feuilles d&#039;ail. </em>
Globalement, les conditions de culture et de récolte ont été plus favorables, selon l'interprofession.
© Alinéa

L’association nationale interprofessionnelle de l’ail (Aniail) a fait le point sur la campagne 2025, lors d’une visioconférence le 11 septembre. Globalement, les conditions de culture et de récolte ont été plus favorables, avec une bonne qualité sanitaire qui doit permettre une bonne conservation. L’écart de tri est de 5 à 10 % contre 20 à 30 % en 2024. Un point de vigilance, cependant : la faible disponibilité en petits calibres (40-60 mm).

Surtout, la présidente de l’Aniail, Christiane Pieters, a saisi l’occasion pour alerter sur le devenir de l’ail tricolore, menacé selon elle à moyen terme. Elle estime qu’il existe des distorsions de concurrence au plan phytosanitaire au détriment de la France, et que les agriculteurs qui investissent dans l’ail manquent de visibilité quant aux perspectives. « On prépare les semis pour 2026, mais à moyen terme, il y a une véritable interrogation, affirme-t-elle. Il est normal de se préoccuper de la santé, mais des filières vont disparaître et le consommateur mangera de l’ail lyophilisé de Chine, par exemple. Si c’est ce choix qui est fait, il faut nous le dire, pour que les producteurs n’investissent pas de manière trop importante dans une filière menacée. » Certaines indications d'origine s'inquiètent aussi de la relève. « Le souci, c’est que la production se perd, déplore Éric Potdevin de l’IGP Ail fumé d’Arleux, les anciens arrêtent et les jeunes ne reprennent pas derrière ». L’ail rose de Billom (demande de reconnaissance IGP en cours) souligne également que trouver de nouveaux producteurs est un défi.

Les récoltes 2025 d’ail terroir par terroir

Des représentants des différents terroirs ont chacun décrit leur situation. Ainsi, l’IGP Ail de la Drôme rapporte des problèmes de penicillium avec des pertes de pieds, et une saison qui s’est bien déroulée hormis un « gros coup de chaleur à la récolte ». En ail bio, l’année a été meilleure que la précédente.

L’AOP Ail violet de Cadours a subi une attaque de mouche au printemps, avec des dégâts assez importants. La récolte s’est néanmoins déroulée dans de bonnes conditions, avec des rendements « moyens moins » et plus de choix de calibres. L’ail est moins coloré que l’an dernier et il y a tout de même eu un peu de fusariose.

​​​Du côté du Label Rouge - IGP Ail de Lautrec, on déplore une « catastrophe », avec de gros orages. Sur 300 ha, 170 ha ont été touchés, certains producteurs n’ont pas récolté. S’ajoutent des « coups de chaud » avant et pendant la récolte. Une saison complète jusqu’à avril est jugée peu probable, et vers décembre la fin devrait déjà approcher.

A l'inverse, l’IGP Ail fumé d’Arleux est satisfaite des conditions de plantations et de récolte. 

Pour l’ail rose de Billom, le rendement est limité cette année, affecté par la canicule de fin juin. Sur le plan sanitaire, c’est positif avec très peu de fusariose et de rouille. La conservation s’annonce bonne. 

S’agissant de l’ail de Piolenc, la campagne ne s’est pas trop mal déroulée malgré les précipitations en Provence. Les volumes sont inférieurs à l’an dernier et il y a eu quelques problèmes d’éclatement sur la fin.

Chez l’IGP Ail blanc de Lomagne, Christiane Pieters, pointe des calibres plutôt gros et moyens cette année, et une production qui semble pouvoir être stockée dans de bonnes conditions. L’ail est plutôt blanc et la récolte est « normale » en quantité.

3 611 hectares d’ail en 2024

Selon les dernières données consolidées par l'Aniail, l’ail de consommation (hors ail semences) a représenté 3 611 hectares en 2024. L’interprofession pressent l’absence d’évolutions majeures sur 2025. Ces surfaces donnent environ 28 700 tonnes d’ail, grâce au travail de 2 500 à 3 000 producteurs. L’ail biologique est cultivé sur 552 ha et 310 exploitations. La filière peut s’enorgueillir de six signes officiels de qualité, avec 950 hectares engagés.

L’ail par régions et départements

En termes de répartition géographique, les équilibres restent les mêmes. L’Occitanie est toujours en tête avec environ 60 % des surfaces en 2024, suivie d’Auvergne-Rhône-Alpes (12 %) et des Hauts-de-France (7 %). Plus précisément, en Occitanie, sur un total de 2 143 ha, on recense 816 ha dans le Gers, 784 ha dans le Tarn, 433 ha dans le Tarn-et-Garonne, 70 ha en Haute-Garonne et 30 ha dans le Lot. Sur les 446 ha d’Auvergne-Rhône-Alpes, 345 ha se situent dans la Drôme, 56 ha dans le Puy-de-Dôme et 7 ha en Ardèche. Sur les 253 ha dans les Hauts-de-France, on trouve 131 ha dans le Nord et 91 ha dans le Pas-de-Calais. La région Paca regroupe au total 249 ha, la Nouvelle-Aquitaine, 179 ha, et les régions restantes, 341 ha.

Légère baisse des importations en 2024

25 000 tonnes d’ail ont été importées par la France en 2024, soit -9 % par rapport à 2023, et le pays a exporté 9 650 tonnes (+ 4 %). Le taux d’auto-approvisionnement s’établit à 47 %, relève l’Aniail. Du côté de l’ail importé par la France, l’Espagne est en tête avec 15 142 tonnes, soit -10 % comparé à 2023, suivie de la Chine (6 535 tonnes, stable) puis de l’Argentine (1 738 tonnes, + 16 %). L’Espagne s’impose essentiellement pour l’ail de contre-saison, précise l’Aniail, pour lequel elle est en concurrence avec l’Argentine.

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