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Future interprofession
France Brebis Laitière prend ses marques

France Brebis laitière s’installe progressivement comme le lieu des rencontres entre éleveurs et laiteries de toute la France. Le travail ne manque pas en attendant d’être reconnu comme interprofession officielle.

Un événement de plus reporté pour cause de Covid-19. France brebis laitières (FBL) devait tenir sa conférence inaugurale le 27 avril 2020 à Toulouse. Reprogrammé à l’automne, cet évènement sera finalement remplacé par la première assemblée générale qui se tiendra au premier semestre 2021. Cela aurait été l’occasion pour FBL, née officiellement le 9 avril 2019, de se faire connaître plus largement. Depuis maintenant un an et demi, l’association à vocation interprofessionnelle fédère l’ensemble des acteurs de la filière lait de brebis, producteurs, coopératives et industriels, des trois bassins historiques d’Occitanie, des Pyrénées-Atlantiques et de Corse ainsi que ceux hors interprofessions régionales.

L’idée d’un regroupement au sein d’une structure nationale résulte d’un long processus. Les bassins laitiers travaillaient ensemble de longue date sur les aspects techniques dans le cadre du Comité national brebis laitière (CNBL). Dès 2002, les trois interprofessions régionales et les acteurs hors interprofession se sont réunis au sein du groupe interbassin afin d’échanger sur les sujets propres à la filière. Les échanges sont aussi nombreux lors des comités de filière de FranceAgriMer. Fin 2017, le plan de la filière laitière ovine inscrit également cette volonté de structurer la filière au sein d’une association nationale à vocation interprofessionnelle. Depuis la création de France brebis laitière en avril 2019, « nous sommes très enthousiastes évidemment car c’est une longue histoire qui continue d’avancer », se ravit Laurent Reversat, le vice-président de l’association.

En route vers la reconnaissance officielle

Les activités de l’association ont démarré progressivement et se sont accélérées avec l’arrivée de son animateur, Sébastien Bouyssière, en décembre 2019. « On avance bien, se félicite le président Joël Acher, même si la dynamique s’est trouvée perturbée par le confinement. Tout le monde y trouve sa place, les laiteries comme les éleveurs de tous les bassins, et nous avançons sur les sujets transversaux ».

Le premier travail a consisté à organiser et mettre en place la gouvernance de France brebis laitière. « On structure notre fonctionnement pour être le lieu collectif d’échange et que tous les acteurs de la filière s’y retrouvent », explique Sébastien Bouyssière. L’association est composée de l’Aneol (l’Association nationale des éleveurs ovins laitiers), la Fnil (la Fédération nationale des laiteries) et la Coopération laitière. Joël Acher, producteur de lait de brebis dans l’Hérault, a été élu président de FBL et Sébastien Rossi, éleveur en Corse, préside l’Aneol. Laurent Réversat, éleveur bio du Larzac et représentant de la Coopération laitière, et Jean-Marc Chayrigues, cadre de Lactalis et représentant de la Fnil, sont les vice-présidents de l’association basée à Toulouse, à l’épicentre des bassins de production. L’association fonctionne, pour l’instant, avec un budget d’environ 140 000 euros annuels financé par une cotisation volontaire de 50 centimes aux 1 000 litres sur la collecte. Les cotisations sont payées pour moitié par les producteurs et pour moitié par les transformateurs.

Suivi des marchés, charte, durabilité et contrat type

Le suivi économique de la filière est une des premières attentes des professionnels. Nous ferons d’ailleurs désormais écho de ces suivis réguliers des marchés dans la rubrique Baromètre de la revue Pâtre. Si le contexte particulier du Covid n’a pas facilité les travaux entre les trois bassins, FBL s’est aussi vite attelé à apporter des réponses aux attentes sociétales. Cela se traduit par la rédaction d’une charte de production du lait de brebis (voir encadré) mais aussi des travaux sur la durabilité des élevages dans le cadre des projets DEO et Greensheep ou sur celui du bien-être animal avec les projets MoubieneLait et CMoubiene. L’objectif est de doter la filière d’outils de diagnostic de durabilité et de bien-être animal.

France brebis laitière travaille également avec le ministère de l’Agriculture à la rédaction d’un décret lait de brebis dans la lignée de celui paru cet été concernant la contractualisation en lait de vache. « Il faudra ensuite accompagner concrètement les organisations de producteurs et les transformateurs via la rédaction d’un guide à la contractualisation et la diffusion d’indicateurs économiques », détaille Sébastien Bouyssière. « Nous voulons à terme que tous les livreurs de lait fassent un contrat avec leur laiterie, explique Joël Acher. Pour sécuriser les producteurs, il faut rentrer dans le jeu ».

Un rôle de représentation nationale

France Brebis Laitière s’est aussi donnée pour mission de travailler sur la qualité du lait et d’échanger avec les laboratoires interprofessionnels d’analyses du lait qui donnent les résultats qui permettent d’établir le paiement des producteurs.

Enfin, l’association aspire à devenir une interprofession nationale reconnue. « Maintenant, quand le ministère de l’Agriculture veut parler du lait de brebis, l’association France brebis laitière est l’interlocuteur privilégié. Avec nos petits moyens, nous devons continuer à nous faire connaître et reconnaître pour aller vers une reconnaissance officielle de FBL en tant qu’interprofession nationale. Avant cela, nous devons prendre le temps de bien nous concerter pour imaginer notre fonctionnement en interprofession nationale, en bonne intelligence avec les régions. Nous n’allons pas effacer les interprofessions régionales qui sont essentielles à la vie des bassins. Ce n’est par exemple pas France brebis laitière qui va gérer les problèmes de la Corse. Par contre, les régions peuvent avoir un chapeau final qui puisse devenir l’interlocuteur privilégié pour ce qui touche au lait de brebis », explique Joël Acher en s’aventurant à pronostiquer une reconnaissance officielle d’ici trois à quatre ans. « Il ne faudrait pas croire que le rayon de roquefort est hégémonique, remarque Jean-Marc Chayrigues, le vice-président. Dans la construction politique en cours, il est important au contraire que tous les bassins aient leur place pour que toutes les régions s’écoutent et s’entendent. Les éleveurs sont attachés à leur territoire et ils s’impliquent localement. Pourtant, il y a aussi un intérêt à s’impliquer nationalement dans l’interpro en construction ».

Une association qui se structure pas à pas

L’association joue ainsi le rôle de représentation nationale en développant des relations avec les pouvoirs publics nationaux et locaux ou avec les autres interprofessions nationales (Cniel, Anicap, Interbev…) et les partenaires techniques (CNBL, Idele…).

Dans l’avenir, FBL pourrait communiquer sur le lait de brebis. « Un stand du lait de brebis au Salon de l’agriculture permettrait de porter nos valeurs et faire connaître nos produits », rêve Joël Acher. « Mais la communication, c’est de l’argent et cette communication nationale n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour », ajoute-t-il, lucide. « Les appellations d’origine et les marques ont déjà des communications importantes, observe Laurent Reversat. Nous devons avancer pas à pas sans aller plus vite que la musique. » Aujourd’hui, FBL s’intègre dans le cadre de communication multifilière comme celle sur le lait cru ou celle sur le métier d’éleveur. Avec une belle image à préserver et un marché en croissance, la filière lait de brebis est promise à un bel avenir.

Une charte pour répondre aux attentes sociétales

France Brebis Laitière travaille à la mise en place d’une charte sur le lait de brebis en France qui doit constituer le socle commun de la filière. « C’est une façon de préserver et améliorer l’image de la filière tout en entrant dans une démarche d’amélioration des pratiques des éleveurs et des transformateurs, explique Sébastien Bouyssière, l’animateur de l’interprofession. Cela pourra aussi aider à fédérer la filière par des engagements à la fois de l’amont et de l’aval ». Même si le consommateur ne connaît pas bien les spécificités de la filière lait de brebis, « le lait et le fromage de brebis ont une très bonne image que l’on aimerait conserver. Par exemple, la quasi-totalité des brebis laitières pâturent et l’on aimerait que ça continue comme cela », confirme le président.

Le pâturage mis en avant

Cette charte est en cours de construction et doit répondre aux attentes de l’ensemble des acteurs de l’association. Elle pourrait être signée au premier semestre 2021. Elle s’appuiera sur le guide des bonnes pratiques ovines et constituera un moyen de répondre aux nouvelles interrogations sociétales. « Ce sera certes des contraintes supplémentaires mais cela doit nous éviter des dérives », assure le président. « En défendant le pâturage qui est une vraie attente sociétale, on installe les atouts de la filière et on rend le produit conforme à ses promesses, plaide Laurent Reversat. Nous sommes aussi une filière qui emploie, à la production comme à la transformation, et nous voulons afficher cette valeur sociale. Nous avons aussi une carte à jouer avec l’agroécologie, dans le sens où nous défendons, comme nos belles appellations, le lien entre la production et nos territoires. »

Pour prouver ses bonnes pratiques, la filière pourra s’appuyer sur les résultats du projet « Durabilité en élevage ovin », financé par FranceAgriMer et partagé entre le lait et la viande. L’idée est de sélectionner des indicateurs de durabilité et de créer un outil d’évaluation environnementale pour les éleveurs. De la même façon, le projet MoubieneLait veut construire et valider une grille d’indicateurs permettant d’évaluer le bien-être des brebis laitières et fédérer l’ensemble de la filière ovine autour d’une approche commune du bien-être animal.

 

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