Aller au contenu principal

Fin d’accord-cadre : Savencia peut-il continuer de collecter individuellement les producteurs Sunlait ?

Dans un récent avis, le médiateur des relations commerciales agricoles estime qu’il est possible pour une laiterie de continuer à collecter un producteur en cas de non-renouvellement de l’accord-cadre de son OP. Concrètement, cela concernerait, au sein de Sunlait, les quelque 600 producteurs adhérents de l’OP Ouest’lait. Quelles conditions alors pour le prix du lait ?

Salarié de la laiterie chez l' éleveur près du camion, dans la cour de ferme.
© Jerome CHABANNE

Les contrats individuels perdurent jusqu’à leur échéance

Le médiateur des relations commerciales agricoles, Thierry Dahan, a émis le 23 octobre, de sa propre initiative, un avis concernant les conditions de poursuite de la collecte de lait en cas de non-renouvellement d’un accord-cadre. Il conclut que « face à l’éventualité d’une interruption de la collecte consécutive au non-renouvellement d’un accord-cadre », les laiteries peuvent « assurer la collecte des producteurs disposant d’un contrat de vente en cours de validité ». La raison mise en avant : « la prévention de risque de la perte du lait et du trouble à l’ordre public ».

Lire aussi : Savencia propose une collecte transitoire aux producteurs Sunlait après le 1er novembre

Le médiateur estime en effet qu’il « n’existe pas de motif juridique évident pour considérer que les contrats individuels prennent automatiquement fin en cas de non-renouvellement de l’accord-cadre. ». Au contraire, une rupture de la collecte devrait respecter le préavis prévu dans le contrat.

La situation des éleveurs ayant donné mandat à une OP n’ayant pas conclu d’accord avec un acheteur et dont le contrat individuel est arrivé à échéance « pose des problèmes qui dépassent le champ du présent avis » et n’est pas tranchée.

Quelles conséquences pour le prix du lait ?

À la lecture de cet avis, il semble donc possible pour Savencia de continuer à collecter les producteurs adhérents de Sunlait même en l’absence d’accord cadre. Mais à quel prix du lait payé aux producteurs ? Il suffira, selon le médiateur, pour l’industriel « d’appliquer pour l’achat du lait de ces producteurs un prix, fixé mensuellement ». Ce prix fixé par la laiterie devra être « non discriminatoire par rapport à celui dont bénéficient les autres producteurs de la laiterie placés dans des zones d’exploitations équivalentes ».

Un contournement des organisations de producteurs ?

« Pour le médiateur, un contrat d’application peut prendre la suite d’un accord-cadre. Nous avons l’impression que le prix du lait en fait n’est pas négociable par les producteurs », déplore Nicolas Bernatas, président de Sunlait.

« Cela permet normalement de répondre à l’urgence des producteurs, décrypte Benjamin Guillaumé, directeur de la FNPL. Mais cela contourne les OP et ne peut être que transitoire pour laisser le temps aux OP de conclure avec Savencia un accord-cadre conforme à Egalim. »

L’avis du médiateur rappelle qu’il n’est pas possible pour une laiterie d’engager une discussion individuelle sur le prix et le volume avec un producteur ayant donné mandat à une OP.

Combien de producteurs Sunlait sont concernés ?

« Les producteurs adhérents de Ouest’Lait en Bretagne et en Normandie, [la majorité des adhérents de Sunlait : 600 producteurs et 400 millions de litres de lait, NDLR], et certains dans le Sud-Ouest vont être dans une situation où ils vont être collectés avec un prix fixé par Savencia », déplore le président de Sunlait. Parmi les dernières autres OP restantes de Sunlait, l’APBLG a signé son contrat-cadre plus tard que ses collègues. Il court encore en 2025, lui permettant de gagner encore un peu de temps de négociation.

Dans le Sud-Ouest, une partie des producteurs vont désormais livrer à l’usine toulousaine de Maître Laitier du Cotentin (Yéo Frais). D’autres ont décidé de poursuivre l’aventure avec Savencia mais sans Sunlait. Le groupement de producteurs de lait de la Vallée du Dropt a ainsi annoncé, le 30 octobre, avoir signé un accord d’une durée de cinq ans avec Savencia portant sur 60 millions de litres de lait. Les 125 producteurs approvisionneront les Fromageries des Chaumes à Saint Antoine de Breuilh (24) et de Fro’à Périgueux (24).

L’accord-cadre entre Savencia et Sunlait expire au 1er novembre. Il reste deux jours à l’association d’organisations de producteurs Sunlait et Savencia pour trouver un nouvel accord-cadre. Une réunion est prévue le 31 octobre.

Les plus lus

<em class="placeholder">camion de collecte dans une usine de transformation laitière</em>
Signal d’alerte sur le prix du lait payé aux éleveurs 

La FNPL et Sodiaal s’inquiètent des répercussions sur le prix du lait français, de la chute des prix du beurre et de la…

<em class="placeholder">Vache laitière au robot de traite.</em>
Sept conseils pour faciliter l’adaptation des génisses à la traite robotisée
Les premiers passages au robot de traite demandent patience et accompagnement. Un peu d’anticipation et quelques astuces vous…
<em class="placeholder">Pierre, François, Delphine et Simon Bouvier, éleveurs laiiters</em>
« Nous voulons produire le plus de lait possible avec 100 vaches maximum, dans l’Allier »

Au Gaec des Guillemins dans l’Allier, les deux associés cherchent à augmenter la productivité par vache en maintenant le…

<em class="placeholder">« Nous avons choisi d’investir pour disposer d’un outil performant et faciliter la transmission » expliquent Régis et Valentin Landais. </em>
« Nous avons investi dans un outil moderne et rentable sur notre élevage laitier en Loire-Atlantique »

Le Gaec de la Vinçais, en Loire-Atlantique, a choisi de s’équiper pour disposer d’un outil moderne et performant et faciliter…

<em class="placeholder">Pulvérisateur ultralocalisé Ara d&#039;Ecorobotix traitant des rumex dans un prairie</em>
« Nous avons traité les rumex en localisé sur 1 400 hectares de prairie »

En Normandie, la Cuma La Pratique fait le bilan d’une année de désherbage ultralocalisé des rumex et chardons avec le…

<em class="placeholder">Aymeric et Eric Gérard conduisent les génisses au robot deux fois par jour pendant une semaine au début de leur lactation.</em>
Robot de traite : « Nous faisons tout pour minimiser le stress des primipares, en Ille-et-Vilaine »
Au Gaec du grand Fleuré, en Ille-et-Vilaine, les associés habituent une quarantaine de génisses au robot de traite en cumulant…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière