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Fertilisation azotée : quels sont les intérêts du pilotage du dernier apport ?

Le pilotage du dernier apport d’azote est une pratique qui reste minoritaire chez les producteurs. De freins psychologiques et techniques restent à lever pour qu’elle se généralise.

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D’un point de vue réglementaire, les outils de pilotage permettent de justifier un apport plus élevé que celui calculé selon la dose prévisionnelle.
© Amazone

Mettre 40 unités d’azote en réserve pour piloter le dernier apport d’azote sur blé vaut-il le coup ? Sur le terrain, la pratique reste pour l’heure minoritaire, bien qu’elle permette, sur le papier, d’obtenir l’optimum de rendement et de maximiser le taux de protéines en apportant la bonne dose au bon moment. C’est aussi un moyen de déplafonner la dose bilan en zone vulnérable.

Les conditions météo au moment du dernier apport semblent être un frein important pour les agriculteurs. À l’exception notable de 2024, « la météo sèche des dernières années au printemps n’a pas permis de valoriser correctement le troisième apport », constate Bertille Adam, agronome au GRCeta de l’Evreucin, dans l’Eure.

Un outil d’adaptation face aux aléas climatiques

Cette menace des épisodes de sécheresse incite certains producteurs à anticiper le dernier apport, sans laisser 40 unités d’azote en réserve, par crainte de ne plus avoir de fenêtre météo favorable par la suite. Jean-Louis Moynier, ingénieur régional chez Arvalis, voit une limite dans cette stratégie : « Si on apporte les 40 unités trop tôt dans le cycle, elles ne sont de toute façon pas valorisées, car les plantes ne sont pas au stade optimal pour les absorber. » Selon l’institut technique, c’est entre le stade 2 nœuds et le gonflement que les besoins du blé sont les plus élevés.

Le pilotage de la fin de cycle serait justement un moyen de s’adapter aux aléas climatiques et au contexte de l’année. « Mesurer les besoins de la plante avant d’intervenir permet de réduire l’incertitude et de n’engager que la quantité d’azote qu’elle est capable d’absorber dans un délai raisonnable », considère-t-il. Au-delà de trois ou quatre semaines, l’azote ne sera plus assimilable par les plantes.

Une efficacité sur le rendement difficile à mesurer

« Si des conditions d’application favorables se présentent par la suite, les unités mises en réserve seront valorisées par les plantes avec quelques quintaux et quelques points de qualité en plus, explique-t-il. Sinon, on réalisera une économie d’engrais. » Sur le temps long, il constate que les apports tardifs ont souvent été valorisés.

Du côté du GRCeta de l’Evreucin, étant donné les nombreux paramètres qui influent sur le rendement, les essais menés ne montrent pas de gain significatif lié au pilotage du dernier apport. « Cela permet juste d’aller chercher un petit gain en protéines », note Bertille Adam. Un aspect qui n’est pas toujours motivant pour les agriculteurs, car la qualité n’est pas rémunérée, contrairement au rendement.

Pas de solutions idéales pour effectuer les mesures

Le fait de confier la décision de la dose d’azote à apporter à un outil peut aussi faire peur à certains agriculteurs qui préfèrent garder la main. De la simple pince au champ au passage d’un drone ou d’un satellite, de nombreux outils permettent de mesurer l’état de nutrition azotée des plantes en cours de montaison. « Les systèmes types N-tester ou Greenseeker présentent l’avantage de la facilité d’utilisation, mais manquent de précision », considère Anaïs Boulanger, conseillère agronome à la FDGeda du Cher. Ils ne permettent pas de voir l’hétérogénéité d’une parcelle. En outre, il est rare que ces outils ne préconisent pas de mettre la totalité des 40 unités mises en réserve.

Des systèmes plus précis, mais plus coûteux

Depuis quelques années, les drones et les satellites (Farmstar, MesSatimages, Spotifarm, Wanaka) sont utilisés pour mesurer plus précisément les besoins des plantes. La limite du satellite est la météo : si le temps est couvert au moment de son passage, le cliché ne sera pas toujours exploitable. Et il faudra parfois attendre plusieurs jours pour qu’il repasse. Le drone permet, lui, de survoler la parcelle au bon stade de la culture et apporte une mesure très précise. Le principal frein au développement de ces systèmes reste leur coût, de l’ordre de 10 euros par hectare (€/ha) pour le satellite et 12 à 15 euros en fonction des prestataires pour le drone, contre 2 ou 3 €/ha pour le N-tester.

Quelle que soit la technologie utilisée, une interprétation des résultats est souvent nécessaire pour en tirer des préconisations sur l’ajustement de la fertilisation.

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