Engrais azotés et taxe carbone : douze organisations agricoles européennes appellent au report de la MACF
Douze organisations agricoles européennes (dont Copa-Cogeca, CEPM et CIBE) demandent à la Commission européenne et aux Etats-membres de suspendre la taxe carbone sur les engrais qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2026. Elles mettent en avant les nombreux éléments techniques encore incertains sur son mode de calcul.
Douze organisations agricoles européennes (dont Copa-Cogeca, CEPM et CIBE) demandent à la Commission européenne et aux Etats-membres de suspendre la taxe carbone sur les engrais qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2026. Elles mettent en avant les nombreux éléments techniques encore incertains sur son mode de calcul.
« Dans le contexte actuel, les agriculteurs de l’Union européenne pourraient se retrouver confrontés à un effet ciseaux insoutenables, incapables d’absorber de nouvelles hausses des prix des engrais ou des perturbations de l’approvisionnement », écrivent douze organisations agricoles de l’Union européenne dans un communiqué commun le 25 novembre.
Associations représentant les producteurs de maïs, céréales, betteraves (CEPM, Copa-Cogeca, CIBE) et industriels de la transformation de ces filières demandent à la Commission européenne et les Etats membres de reporter la mise en œuvre du mécanisme de compensation carbone aux frontières de l’Union européenne (MACF) pour les engrais qui doit être appliquée comme prévu par la Commission européenne le 1er janvier 2026.
💥CBAM on fertilisers, set to take effect on 1 January 2026, risks becoming the final straw for EU farmers already struggling with soaring costs and razor-thin margins.
Arable farmers across the Union are experiencing historically low, or even negative, margins, largely driven… pic.twitter.com/zgsqY92Ztp— COPA-COGECA (@COPACOGECA) November 25, 2025
Engrais : les incertitudes sur le calcul de la taxe carbone mises en avant
« Aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreux facteurs servant au calcul de la MACF ne sont pas encore fixés par la Commission européenne, notamment les valeurs de référence et les valeurs par défaut », écrivent les associations. D’où la difficulté d’estimer ce que représentera au final le mécanisme de compensation carbone aux frontières (MACF) sur le prix des engrais.
Selon leurs estimations, les prix des engrais pourraient augmenter « de 10 à 15% en 2026, certains scénarios prévoyant des hausses pouvant dépasser 30% », écrivent-elles encore.
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Une taxe qui intervient au moment où les céréaliers subissent de faibles marges
Or les douze organisations rappellent que les céréaliers de l’UE subissent actuellement des « marges historiquement faibles, voire négatives, principalement en raison de la forte hausse des coûts de production depuis 2020 », en particulier des engrais « leur principal poste de dépenses ». Et de souligner que ces dernières années, « l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les engrais en provenance de Russie et du Bélarus » a déjà entraîné une nouvelle hausse de 10 à 15 %, toutes origines confondues.
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Demande de suspension de la MACF et de mesures de compensation
Avant toute entrée en vigueur du MACF elles demandent que « tous les éléments techniques déterminant les coûts du MACF soient finalisés » et que des mesures efficaces de compensation des coûts soient mises en place. « Alors que 50 % des approvisionnements en engrais de l'UE proviennent de pays tiers et que les stocks actuels ne couvrent qu'environ 60 % des besoins de l'année prochaine, cette incertitude menace le commerce des engrais et la continuité de leur approvisionnement pour les agriculteurs européens », écrivent encore les organisations.
La France, avec notamment le soutien de l’Irlande, a récemment alerté les institutions européennes sur ce problème, sans obtenir à ce stade de réponse concrète.
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