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« En binôme avec notre vétérinaire, nous jouons la carte du préventif pour les veaux dans les Côtes d’Armor »

Le Gaec Saint Patern, dans les Côtes-d’Armor, a noué une relation de confiance avec son vétérinaire. Les associés n’attendent pas pour enrayer les problèmes. La prévention est de mise sur les veaux.

Les associés du Gaec Saint Patern préfèrent prévenir que guérir. « Nous avons des animaux productifs, et pour maximiser leurs performances nous tenons à sécuriser la santé du troupeau, dépeint David Raoult, à la tête d’un troupeau de 106 prim’Holstein à 12 000 kilos de moyenne par vache, avec son cousin Yoann Feger. D’une part, cela nous permet de placer les animaux dans les meilleures conditions possibles dès la naissance, et d’autre part, nous passons moins de temps à soigner des bêtes malades. »

Depuis cinq ans, les deux associés travaillent main dans la main avec leur vétérinaire Alexandra Senkowski dans une logique préventive plus que curative. « Évidemment, nous préférons la voir le moins possible, plaisante Yoann Feger. Mais nous n’hésitons pas à l’appeler dès que nous avons un doute ou si nous sentons que quelque chose cloche. » L’appel ne débouche pas forcément sur une visite. « Nous la questionnons, échangeons, suivons ses conseils, la tenons au courant des évolutions observées. Selon les cas, elle juge s’il est nécessaire de se déplacer ou pas. »

Réagir avant que la situation ne dérape

Pour les éleveurs comme pour leur vétérinaire, l’objectif est le même : rechercher l’origine des problèmes et les anticiper au mieux plutôt que de traiter au coup par coup. « Cette approche basée sur la prévention et la détection précoce enclenche un cercle vertueux, apprécie la vétérinaire. En nous faisant intervenir tôt, les éleveurs optimisent en fait les chances de guérison, limitent le risque d’échec thérapeutique et au final, ils sont gagnants économiquement. »

Le travail mené conjointement sur les veaux illustre bien leur démarche. En 2020, suite au regroupement de deux troupeaux, les veaux ont souffert de grosses diarrhées. « À 7-10 jours, ils buvaient le matin et nous les retrouvions complètement apathiques le midi. Ils se déshydrataient très vite, se rappelle David Raoult. Nous ne perdions pas beaucoup de veaux, mais ils étaient secoués et démarraient mal leur croissance. »

Pourtant, les conditions d’élevage et les mesures d’hygiène étaient bonnes. Les veaux étaient élevés en niches individuelles, lavées puis désinfectées entre chaque animal. « Il n’y avait rien à redire non plus sur la méthode de distribution du colostrum dont la qualité était systématiquement vérifiée ni sur le transfert d’immunité, expose Alexandra. Le problème venait d’ailleurs. »

Des tests rapides avec analyses de matières fécales ont été lancés. « La présence de rotavirus, E. coli et cryptosporidiose a été identifiée. Nous avons donc mis en place la vaccination des mères », précise David. Tous les ans, elles reçoivent une injection au tarissement, ainsi que les amouillantes quand elles intègrent le lot des vaches taries.

Un investissement qui vaut le coup

L’effet sur les veaux a été net. « La vaccination des mères est le seul moyen d’enrayer certaines épidémies et de casser le cycle, surtout en cas de vêlages toute l’année », explique Alexandra, en rappelant que piquer les veaux un à un engendre davantage d’échecs de traitements et favorise l’antibiorésistance.

La vaccination coûte 17 euros par vache et par an. « C’est le prix de la sécurité, considèrent les éleveurs, qui continuent aujourd’hui encore de vacciner pour ne pas prendre de risque. Le rapport coût sur bénéfices est incontestable. Entre le coût du déplacement du véto, l’acte, le prix du réhydratant et celui du flacon d’antibiotique, la vaccination nous revient cinq fois moins cher que le traitement que nous effectuions contre les diarrhées », calculent-ils. D’autant qu’en curatif, la survie des veaux n’était pas garantie, les croissances étaient pénalisées et la capacité d’absorption de la ration pouvait également se voir impactée à l’âge adulte, en raison de lésions intestinales potentielles. « Sans compter le temps de travail supplémentaire et le stress générés », renchérit Yoann.

Vacciner également contre les virus respiratoires

La vaccination est également la solution retenue par les éleveurs contre les problèmes respiratoires. Suite à la survenue d’un épisode aïgu sur les veaux, il y a trois ans, des analyses avec prélèvements dans les nasaux ont été effectuées par la vétérinaire, révélant la présence de virus RS et de pasteurelles. Là encore, un protocole de vaccination en deux temps a été instauré. « Il s’est montré efficace, témoigne David. Mais il y a trois mois, c’est reparti à tousser… Beaucoup moins violemment que la première fois, mais il fallait faire quelque chose. » « Les éleveurs n’ont pas remis en cause l’efficacité des vaccins mais ils craignaient qu’il y ait autre chose », poursuit Alexandra. À leur demande, une seconde série de prélèvements a été réalisée sans attendre. Cette fois, c’est un coronavirus respiratoire qui a été mis en évidence. « Comme un nouveau vaccin est disponible sur le marché depuis peu de temps, nous avons reciblé le protocole vaccinal », concluent les éleveurs.

 

Une infirmerie bien conçue facilite la prise en charge

 

 
<em class="placeholder">box de contention-infirmerie en élevage bovin lait</em>
Le box de contention, conçu avec l’aide du GDS, permet de bloquer une vache en toute sécurité. Le vétérinaire peut intervenir facilement de chaque côté de l’animal sans être gêné par les autres animaux. Pour améliorer le confort, le béton est recouvert d’un tapis en caoutchouc. Le box est nettoyé facilement au kärcher après chaque intervention. Une table amovible est mise à disposition de l’intervenant. © E. Bignon

« Deux facteurs permettent d’optimiser nos interventions en élevage : ne pas traîner pour nous appeler, et nous placer dans des conditions favorables à la pratique vétérinaire », considère Alexandra Senkowski, vétérinaire.

L’idéal est de disposer d’une infirmerie dotée d’eau, d’électricité, d’un bon éclairage de façon à pouvoir observer les animaux sereinement, ainsi que d’une contention garantissant la sécurité. « C’est essentiel d’être en mesure de pratiquer un examen clinique sans risquer de coup de pattes et en étant à l’abri de la pluie. Plus les conditions d’intervention sont optimales, plus celle-ci a de chance de bien de se dérouler », poursuit la vétérinaire qui regrette que des bâtiments neufs se montent encore sans une case dédiée pour les vêlages ou l’infirmerie. Ou bien en omettant certains détails importants, comme l’installation de palans pour lever un veau après un vêlage difficile, ou encore une tablette amovible pour poser le matériel de chirurgie. « Ramené au coût total de la stabulation, l’investissement resterait limité et se montrerait très utile. »

Avis d’expert : Alexandra Senkowski, vétérinaire

« Établir une relation gagnant-gagnant »

 

 
<em class="placeholder">Alexandra Senkowski, vétérinaire </em>
Alexandra Senkowski, vétérinaire © E. Bignon

« Dans la relation qui s’établit entre un éleveur et son vétérinaire, le rapport de confiance doit fonctionner dans les deux sens. Le fait de ne pas intervenir en simple urgentiste et d’adopter une démarche de prévention nous permet d’avancer de concert vers une meilleure maîtrise sanitaire et d’aborder des problématiques plus larges sur l’élevage. Avec à la clé, moins de soucis de santé, une optimisation des croissances et des performances, et davantage de sérénité. Chaque année, nous organisons des journées de formation pour nos clients. Ce volet apparaît primordial en matière de prévention. Cela fait partie de notre rôle de former, sensibiliser, rassurer, montrer le geste technique… En améliorant la qualité de travail des éleveurs, nous rendons également le nôtre plus intéressant. »

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