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Désherbage du maïs : par quoi remplacer l’herbicide S-métolachlore contre les graminées ?

Avec le retrait du S-métolachlore, la lutte contre les graminées sur maïs va reposer sur une autre molécule, le DMTA-P. Conseils d’utilisation pour en tirer le meilleur parti tout en préservant la durabilité de cette solution.

<em class="placeholder">Cultures / maïs / traitement phytosanitaire au stade 3-4 feuilles / désherbage post-levée</em>
Le DMTA-P est une molécule racinaire particulièrement sensible à l’humectation du sol au moment du traitement herbicide. Un cumul d’au moins 20 millimètres dans la décade post-application est nécessaire à sa pleine efficacité, selon Arvalis.
© Stéphane Leitenberger / Réussir SA

En pré-levée ou post-levée précoce, le S-métolachlore était bien pratique pour lutter contre les graminées sur maïs, en particulier celles estivales : panic, sétaire et digitaire. Le DMTA-P (diméthénamide-P), avec en particulier le produit Isard, semble la molécule la mieux placée pour le remplacer. Mais attention à ne pas le surutiliser sous peine de risquer son transfert trop important dans les eaux. D’ailleurs, l’institut Arvalis et la société BASF qui commercialise Isard recommandent de ne pas dépasser la dose de 864 grammes de DMTA-P par hectare et par an (1,2 l/ha d’Isard-Spectrum contre une dose pleine de 1,4 l/ha) et, dans les aires d’alimentation de captage, 0,8 litre par hectare d’Isard (ou 1,2 l/ha tous les deux ans).

Le péthoxamide (Successor 600-Juan) est une autre solution, à la dose maximale de 1,5 litre par hectare. Son efficacité est inférieure à celle du DMTA-P sur les graminées estivales, selon Arvalis.

Graminées estivales très présentes en monoculture de maïs

« Dans les zones en monoculture de maïs, les graminées estivales constituent le problème le plus important en termes d’adventices, observe Romain Mallet, ingénieur conseil au Ceta Limagne. Nous conseillerons pour 2025 l’usage en pré-levée du produit Isard à la dose modérée de 0,8 litre par hectare, en mélange avec Merlin Flex 1,7 litre (isoxaflutole + cyprosulfamide) ou avec Calliprime Xtra 0,21 (mésotrione). » En conditions peu poussantes à cause du froid, la recommandation est d’appliquer ces mélanges en post-levée précoce, ce qui pourra permettre de gagner un mois de rémanence.

Humidité du sol indispensable pour la bonne efficacité du DMTA-P

Le DMTA-P est une molécule racinaire particulièrement sensible à l’humectation du sol. « Un cumul d’au moins 20 millimètres dans la décade post-application est nécessaire à sa pleine efficacité », selon Arvalis. Les terres riches en argile et en matière organique limitent l’efficacité de la molécule. « C’est le cas sur les terres de Limagne où nous augmentons la dose d’Isard à 1 litre par hectare en mélange avec Adengo Xtra 0,33 », précise Romain Mallet. Dans les infestations les plus élevées, un second traitement est nécessaire. « C’est quasi systématique en monoculture de maïs, avec le mélange Callisto + nicosulfuron et prosulfuron que nous recommandons », détaille le conseiller.

On peut se passer du DMTA-P en cas de pression faible en graminées

Dans le département des Landes, le produit Isard est également conseillé, mais d’autres solutions sont testées pour en réduire le recours. « En cas de pression forte en graminées, nous préconisons Isard + Adengo ou Merlin Flex en pré-levée. En cas d’infestation faible, un produit comme Adengo ou Merlin Flex peut suffire, avec un second traitement de rattrapage ensuite, expose Vincent Mancini, de la chambre d’agriculture des Landes. En post-levée, un herbicide comme Laudis ou Capreno se montre assez efficace sur digitaire tandis que les herbicides Elumis ou Milagro le sont sur panic et sétaire. »

Un maïs à écartement de 40 cm plus concurrentiel des adventices

Des essais particuliers ont été réalisés dans les Landes sur des maïs à 40 cm d’écartement (au lieu de 80 cm classiquement). « Ainsi, le maïs couvre le rang plus vite pour mieux concurrencer les adventices », présente Vincent Mancini. Il est alors possible de ne faire qu’une seule application d’herbicide à 4 feuilles plutôt que deux traitements à 2 feuilles et 6 feuilles. Il assure qu’il n’y a pas d’impact sur le rendement en réduisant cet interrang pour le maïs conventionnel. Mais cela nécessite de réaliser les réglages en conséquence pour le tracteur et à la récolte et le binage n’est pas envisageable.

Le ray-grass pose de plus en plus problème sur maïs

Outre les graminées estivales, le ray-grass s’invite de plus en plus sur le maïs alors que c’est une adventice habituellement inféodée aux cultures d’automne. « Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs contre le ray-grass repose encore sur le DMTA-P. Contre cette graminée germant tôt au printemps, le traitement s’avère indispensable à la pré-levée », mentionne Arvalis. Les mélanges les plus efficaces selon l’institut sont Isard 1 à 1,2 litre par hectare associé à Successor 600 1,5 litre ou à Adengo Xtra 0,33 litre, pour un coût élevé : aux alentours de 80 euros par hectare.

Le désherbage mécanique ou en localisé pour réduire l’usage des herbicides

Il existe divers moyens de réduire l’usage des herbicides tout en préservant une bonne efficacité. Le désherbage sur le rang permet d’appliquer deux à trois fois moins de produit qu’en plein, associé à un binage sur l’interrang. « C’est une bonne solution pour une gestion plus durable de ces molécules herbicides », souligne Vincent Mancini. Le désherbage mécanique peut contribuer également à lutter contre les graminées, même si la technique est moins efficace que sur les dicotylédones.

« Des passages de herse étrille à l’aveugle en pré-semis et en post-semis, de même que des faux semis quand ils sont possibles permettent d’éliminer les premières levées et facilitent le travail des herbicides racinaires appliqués en pré-levée ou en post-levée précoce, selon Arvalis. Ceci n’est envisageable qu’en retardant le semis du maïs. Il faut donc en évaluer la pertinence au regard de la perte potentielle en semis tardif. »

Un levier de lutte puissant avec la rotation culturale

La rotation culturale avec une culture d’hiver réduit la pression en graminées estivales. Pour Arvalis, c’est même « le levier le plus puissant ». Il consiste à couper la succession de cultures d’été qui favorisent ces graminées présentant le même cycle, en intercalant au moins une ou deux cultures semées à l’automne entre deux maïs. Un labour occasionnel tous les quatre ans avant le maïs contribuera aussi à réduire le stock semencier.

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