Aller au contenu principal

Des S en 2021 : pourquoi des noms d’animaux à la lettre de l’année ?

Le système instaurant une lettre différente tous les ans pour le choix du nom des animaux est ancien. Il date de 1926 et a été mis en place pour tenir à jour le livre généalogique de l’espèce canine. Uniformisé en 1972, il est aussi utilisé pour d’autres espèces animales, en particulier les bovins et les caprins. Après le R en 2020, les chiens, chats et bovins porteront en 2021 des noms commençant par S.

Une vache bretonne se prénommant Marguerite sur une photo prise en 2008. Mais quel âge peut-elle avoir ?
© Marc Poppleton / flickr

Au départ, le choix d’une lettre pour l’attribution des noms d’animaux servait à « mettre de l’ordre dans les livres généalogiques », indique Stéphane Patin, directeur de « Races de France ». A l’aire de l’informatique, cette différenciation n’a plus le même intérêt mais elle permet toujours de « savoir rapidement l’année de naissance d’un animal », indique-t-il. Chez les animaux, difficile de cacher son âge ! Et cette information est très utile lors des concours d'animaux ou de l'achat d'un animal.

L’attribution d’une lettre par an pour le choix du nom des animaux a démarré en 1926 avec les chiens. Cette année-là, la Société centrale (devenue par la suite Société centrale canine), chargée de tenir à jour le livre généalogique de l’espèce canine (encore appelé Livre des origines français : « Lof ») met en place un premier système de lettrage. Tous les chiens nés une même année doivent porter un nom dont la première lettre est celle choisie pour l’année en cours. Le système a démarré avec la lettre A en 1926. L’alphabet se décline ainsi d’année en année, à l’exception de la lettre « Z », en raison de la difficulté à trouver un nom commençant par cette lettre.

En 2020, la lettre en vigueur était le R. En 2021, les animaux porteront donc des noms commençant par S.

Des idées de noms en S : 
La sélection de Réussir Bovins Viande « Des noms en S pour vos vaches et taureaux en 2021 ».
La sélection de Réussir lait « Des noms en S pour vos vaches laitières en 2021».

Uniformisation en 1972

En 1972, l’ancêtre de Races de France, l’Union nationale des livres généalogiques, l’UNLG, « a été à l’origine d’une uniformisation du dispositif, » indique Stéphane Patin. Sur son site, la Centrale canine retrace l’adoption de ce mode d’identification canin par les autres espèces. « La Commission nationale d’amélioration génétique a donné son agrément au projet retenu par l’Union nationale des livres généalogiques, uniformisant les lettres annuelles pour dénommer les animaux. » Le nouveau système unifié est mis en place le 1er janvier 1973 avec la lettre « I », les autres lettres de l’alphabet suivant dans l’ordre habituel pour les années suivantes. Cette fois, il est décidé d’exclure, en plus du « Z », les lettres « K », « Q », « W », « X » et « Y ». Avec cet alphabet réduit, les noms reviennent à la même lettre tous les 20 ans.

« La pratique de donner des noms à des animaux domestiques est d’autant plus répandue que les liens tissés entre lesdits animaux et leurs propriétaires sont forts, d’une part, et que la taille des élevages est faible, d’autre part », souligne Etienne Verrier, professeur à AgroParisTech et président de la société d’Ethnozootechnie.

Dans les élevages de petite taille où les liens avec les animaux sont forts

Pour les chats, la première espèce de compagnie par les effectifs en France, et pour les chiens, l’usage du choix du nom en fonction de la lettre de l’année s’est généralisé.

La pratique est utilisée chez tous les équidés (chevaux, ânes, mulets), des animaux « avec qui les éleveurs et propriétaires ont un lien particulier, et qui se trouvent généralement dans des structures de petites taille », observe Etienne Verrier. Cependant, les lettres attribuées pour les équidés ne sont pas les mêmes que pour les autres espèces. Par exemple, 2020 était l'année du "R" pour les ruminants, chiens et chats, mais l'année du K pour les chevaux.

Pour les ruminants il n'y a aucune obligation de donner un nom aux animaux, ni donc de respecter la lettre annuelle.

Dans les élevages bovins, l'Institut de l'élevage observe que plus de la moitié des vaches actives reçoivent un nom dès la naissance. Pour le moment, les animaux ne sont pas que des numéros mais « l’agrandissement continu de la taille des troupeaux devrait faire diminuer cette pratique », estime le professeur. .

Plus de la moitié des vaches ont un nom

54 % des vaches actives en France ont reçu un nom en 2017-2018. C'est le constat dressé en 2019 par Pascale Le Mezec de l’Institut de l’Elevage, qui a mené une étude sur le sujet en observant les données enregistrées au plan national par les éleveurs bovins, au travers de l’observatoire Reproscope. Dans cette base de données, l’éleveur a la possibilité, sans obligation, d’attribuer aux veaux nouveaux nés. « Au moment où, avec l’agrandissement des troupeaux, la relation individuelle à l’animal se dilue », Pascale Le Mezec, a cherché à savoir si les vaches recevaient toujours un nom. « Dans les troupeaux laitiers, où l’activité de la traite, même avec un robot, amène l’éleveur à côtoyer tous les jours ses animaux, 75 % des vaches ont un nom » constatait-elle en se référant aux données de 2017-2018. « Dans les troupeaux allaitants, où la conduite des vêlages est plus groupée, où la période de pâturage demande moins de suivi individuel quotidien, 35 % des vaches ont un nom, » ajoute-t-elle, dans son article du 29 mars 2019.

Des noms positifs et plaisants comme celui des fleurs

Le nom est une marque d’attention et d’attachement des éleveurs qui travaillent au contact de leurs animaux. C’est à la fois une tradition et une commodité. Il est plus facile, en effet, de « les repérer par un nom évocateur plutôt que par un numéro moins facile à retenir », suggère Pascale Le Mezec dans son étude. « La persistance de cette pratique majoritaire qui consiste à donner un nom aux petites femelles d'élevage à la naissance fait partie des signes montrant que les éleveurs prennent soin de la relation avec leurs animaux ».

En 2017-2018, les vaches actives les plus nombreuses avaient entre 2 et 4 ans pour les laitières, entre 3 et 5 ans pour les allaitantes. Les noms en J, correspondant à l’année de naissance 2014, dominaient donc. Aux trois premières places des noms attribués figurent Java, Jonquille et Jacinthe. Les noms de fleurs sont fréquemment attribués. Les noms de pays tels que Jordanie, Irlande… sont souvent choisis également. Parmi les prénoms les plus courants, Pascale Le Mezec cite encore Etoile, Licorne, Jeep, Lambada. Les noms en langue régionale peuvent aussi être donnés tels Hanternoz ou Beltxa. Pour les naissances doubles, les prénoms peuvent faire la paire, comme Presque et Pareille…

« Les éleveurs ne manquent pas d’imagination et le sens des noms est presque toujours positif et plaisant », analyse l’auteur de l’étude qui dresse le Top 10 des prénoms.

 

Les prénoms qui figurent dans le Top 10 ont été attribués plus de 10 000 fois pour les vaches laitières et plus de 5000 fois pour les vaches allaitantes.

Caprins et ovins : réservé aux petits élevages

En élevage caprin et ovin, l’attribution du nom à la lettre de l’année peut aussi exister mais elle tend à disparaître « dès que le nombre de femelles se compte en dizaines », souligne Etienne Verrier. Pour ces mêmes raisons d’effectifs, la pratique n’est pas suivie en élevage porcin ni en aviculture.

L’identification par le nom n’est pas obligatoire pour les animaux d’élevage.  « Ce qui est obligatoire, c'est d'attribuer un numéro aux animaux, les numéros devant suivre la même structure au sein d'une espèce donnée,» précise Etienne Verrier. « Cette identification est obligatoire pour tous les équidés et tous les bovins en France, pour des raisons sanitaires et de traçabilité. Dans les autres espèces, elle n'est obligatoire que pour les animaux de ce que l'on appelle les "noyaux de sélection" mais l'identification est en cours de généralisation pour les ovins et les caprins ».

Lire aussi dans Réussir Pâtre « 2021 sera l’année des S » et dans Réussir la Chèvre « Des noms commençant par la lettre S en 2021 ».

 

Les plus lus

Tracteur embourbé dans un champs  lors d'une opération de taille de haie
Taille des haies : quels départements appliquent la dérogation jusqu’au 15 avril ?

Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 15 mars la mobilisation de la procédure de la force majeure. Plusieurs départements…

Entretien des haies en bordure de parcelles
La taille des haies interdite aux agriculteurs dès le 16 mars

Une règle de conditionnalité des aides de la nouvelle PAC interdit aux agriculteurs de tailler les haies et arbres isolés…

Océane Balland, jeune agricultrice, avec un veau charolais
Océane Balland, 21 ans, agricultrice : « je travaille 70 à 80 heures par semaine pour un revenu de 1500 euros »

Océane Balland, 21 ans, fille et petite-fille d'agriculteur, a repris la ferme familiale en Haute-Saône à 100% fin 2023.…

Pulvérisateur dans un champ de blé en Seine-et-Marne.
Conseil stratégique phytosanitaire : les Certiphyto bientôt débloqués ?

Gabriel Attal a annoncé hier aux syndicats agricoles l’envoi d’une circulaire aux départements pour donner les instructions…

Brûlage de boie de haie
Brûler les déchets verts : quelles règles pour les agriculteurs ?

Contrairement aux particuliers, les agriculteurs ne sont pas soumis à une stricte interdiction de brûler les déchets verts (…

Session de sensibilisation des agents de l’Office français de la biodiversité aux sujets agricoles dans la Somme.
Désarmer la police de l’environnement dans les fermes ? Pourquoi l’OFB dit non !

La direction de l’Office français de la biodiversité s’oppose fermement au désarmement de ses agents lors du contrôle dans les…

Publicité