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Déforestation importée : l’Union européenne trouve un accord

Réunis le 28 juin à Luxembourg, les ministres de l’environnement de l’UE sont parvenus, non sans difficulté, à s’entendre pour adopter une position commune concernant la lutte contre la déforestation importée.

Au Brésil, l’élevage se fait bien souvent au détriment de la forêt qu’on défriche.
© François d'Alteroche

La consommation européenne est à l'origine de 16 % de la déforestation importée du monde, faisant de l'UE le deuxième destructeur de forêts tropicales, derrière la Chine, et devant l'Inde et les Etats-Unis. Les ministres ont repris les grandes lignes du dispositif proposé par la Commission européenne au mois de novembre 2021, à savoir garantir que les importations européennes de viande bovine, bois, huile de palme, soja, café et cacao soient exemptes de déforestation. Les entreprises qui mettent sur le marché ces produits de base, et certains de leurs dérivés comme le cuir ou le chocolat, seront tenues de mettre en œuvre des systèmes de diligence raisonnée prouvant qu’ils ne sont pas issus de terres déboisées ou dégradées.

Les petits opérateurs auront la possibilité de faire appel à des entreprises de plus grande taille pour préparer les déclarations de diligence raisonnée. Les vérifications se feront selon une graduation du risque, « élevé, standard ou faible », de la région d’origine des produits. Le Conseil des ministres a renforcé les aspects du texte relatif aux droits de l’homme, notamment en ajoutant plusieurs références à la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. « Nous devons veiller à ce que les produits que nous consommons chez nous ne contribuent pas à épuiser les réserves forestière de la planète. Ce texte novateur permettra de lutter contre la déforestation au sein de l’Union européenne mais aussi en dehors. C’est une avancée majeure qui illustre notre ambition pour le climat et la biodiversité » a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique.


D’autres écosystèmes menacés

Le texte couvre la déforestation mais aussi la « dégradation des forêts » dont le Conseil a modifié la définition : des changements structurels du couvert forestier prenant la forme d’une conversion de forêts primaires en forêts de plantation ou en d’autres terres boisées. Pour WWF, « restreindre le champ d’application aux forêts reviendrait à ignorer des écosystèmes clés menacés par notre consommation comme les grandes plaines d’Amérique du Nord, la pampa argentine ou le Cerrado brésilien ». L’ONG ajoute : « la "dégradation des forêts" fait uniquement référence à la conversion de forêts primaires (c'est-à-dire anciennes, non touchées par l'activité humaine) en forêts de plantation et autres terres boisées. Mais les forêts sont détruites de diverses manières qui entraînent une perte de biodiversité ou réduisent leur capacité à lutter contre le changement climatique ». Elle dénonce également la suppression des contrôles obligatoires dans les pays jugés à faible risque de déforestation. Autre point de discordance : des ONG de défense de l’environnement regrettent que certains produits comme le maïs ou la viande de porc et de volailles soient absents de l’accord.

Des négociations avec le Parlement européen pour trouver un compromis final sur ce dossier pourront s’engager dès que les eurodéputés auront, de leur côté, finalisé leur position sur ce texte.

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