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La Bleue d’Auvergne : la renaissance d’une variété des années quarante

La Bleue d’Auvergne, pomme de terre «de collection» appréciée des jardiniers, est en passe d’intégrer la branche professionnelle. 

Comme son nom l’indique, la Bleue d’Auvergne est une pomme de terre auvergnate. Sa peau violette tranche avec une couleur de chair très claire, presque blanche. Si aujourd’hui elle est cultivée et consommée uniquement par des jardiniers passionnés, elle était très populaire dans les années quarante, particulièrement appréciée dans les départements du Puy-de-Dôme, de la Loire et de la Haute-Loire. «A cette époque les familles de paysans privilégiaient des produits qui convenaient à la fois à leur consommation personnelle mais aussi à celle des animaux de la ferme, ce que permettait cette pomme de terre», explique André Roche, président de la coopérative du Haut-en-Velay. Rustique, d’une longue conservation, à la chair farineuse, elle convenait à la fois à la consommation humaine et à la culture fourragère. «Le climat rude des régions montagneuses était alors un atout, car le froid neutralisait les maladies. Depuis l’utilisation des produits chimiques, la culture de la pomme de terre s’est déplacée dans des régions qui offrent de grandes surfaces cultivables, au détriment de l’Auvergne où on ne trouve que de petites parcelles.»

Tardive mais productive

Il y a dix ans, André Roche a souhaité relancer la culture de la Bleue d’Auvergne, en commençant par un travail de régénération : «On enlève petit à petit tous les virus que peuvent contenir de vieux tubercules de pomme de terre afin de retrouver des plants neufs, et une bonne productivité.» Cultivée à nouveau depuis cinq ans, la Bleue d’Auvergne est d’ailleurs très rentable : «La production est de 30 tonnes par hectare chaque année. Ce chiffre est supérieur aux autres variétés anciennes qui produisent autour de 25 tonnes.» Certes elle est productive mais aussi tardive. Plantée au début du mois de mai, elle ne se récolte que vers le 15 octobre, soit près d’un mois après les autres variétés, une date qui ne correspond pas aux habitudes des cultivateurs, selon le président de la coopérative. De plus, sa forme irrégulière, ses yeux enfoncés rendent son épluchage difficile, ce qui n’est pas non plus du goût des consommateurs. «Cependant une purée de Bleue d’Auvergne n’a rien à voir avec une purée de Bintje !», affirme André Roche.

Pour les passionnés… et les étrangers

Basée à Montluçon, la société Mon Jardin, entreprise spécialisée dans l’activité de semences, commercialise depuis cinq ans des semences de Bleue d’Auvergne. Destinée au marché amateur, cette dernière appartient à la gamme “saveur d’antan”, qui regroupe plusieurs variétés anciennes. «Nous proposons la Bleue d’Auvergne uniquement au marché amateur, aux jardiniers qui veulent compléter leur gamme. Tardive et cuisinée essentiellement en purée, elle ne peut pas remplacer d’autres variétés plus courantes comme la Charlotte ou l’Amandine», explique Michel Conrairie, directeur général de la société Mon Jardin. «C’est pour nous un produit vitrine de l’Auvergne, essentiellement vendu sur la région, et particulièrement apprécié aux alentours de Clermont-Ferrand.» La société propose des unités de vente en petite quantité, soit par 25 plants. Quelques 3.000 emballages sont vendus chaque année. C’est un produit destiné aux connaisseurs, une sorte de pièce rare recherchée par des collectionneurs.

Cependant, si la Bleue d’Auvergne est aujourd’hui commercialisée uniquement sur le marché amateur, elle pourrait bien introduire la branche professionnelle. Pom’Alliance, premier opérateur français de pomme de terre fraîche, s’intéresse en effet à cette variété ancienne. «Nous avons acheté deux tonnes de plants, afin de cultiver un hectare cette année pour un premier essai», avance Christophe Préchonnet, responsable technique agricole à Pom’Alliance. «Nous avons été séduits par sa couleur violette et sa chair claire. C’est la seule variété en France qui présente ces deux caractéristiques visuelles.» Certes, celles-ci ne correspondent pas aux habitudes des Français, adeptes des pommes de terre à chair jaune. Voilà pourquoi Pom’Alliance préfère commercialiser la Bleue d’Auvergne à l’étranger et mise beaucoup sur cet aspect visuel. «Il y a des pays habitués à des pommes de terre aux chairs claires, comme l’Espagne et le Portugal par exemple», explique Christophe Préchonnet, qui ne souhaite pas encore divulguer la destination prochaine de la pomme de terre. Plantée au début du mois de mai, elle est récoltée à la mi-septembre.

«La Bleue d’Auvergne atteint une bonne taille à la mi-octobre mais nous souhaitons la commercialiser dans un plus petit calibre.» Pom’Alliance ne vantera pas ses propriétés pour la purée mais souhaite l’utiliser à des fins différentes, gardées pour l’instant secrètes par l’opérateur.

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