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Couverts végétaux : multiplier ses semences pour faire des économies

Implanter des couverts végétaux d’interculture dignes de ce nom a un coût. Multiplier une partie de ses semences peut être une solution pour faire des économies.

IMG_6772 / couvert végétal hivernal gélif. moutarde brune, radis chinois, radis fourrager, féverole, pois, vesce, phacélie, avoine, trèfle d'alexandrie, tournesol.
L'autoproduction de semences de couverts concerne majoritairement les grosses graines comme la féverole ou la vesce.
© C. Pruilh

Restructuration du sol, restitution d’azote, lutte contre l’érosion, biodiversité… les services rendus par les couverts d’intercultures sont bien connus. Leur coût peut toutefois être un frein, notamment en raison des risques d’échec de la levée des couverts implantés après moisson. Produire une partie de semences peut être une solution pour faire des économies. « Le coût d’une féverole commerciale peut coûter jusqu’à 1 500 euros la tonne, contre 200 euros la tonne en autoproduction », estime par exemple Baptiste Duhamel, agronome chez la société de conseil Agroleague.

Dans les mélanges de couverts commercialisés, il estime que les quantités de graines préconisées à l’hectare ne sont pas suffisantes. « Lorsque les semenciers conseillent 3 ou 4 kilos par hectare (kg/ha), il en faudrait plutôt 10 kg, estime-t-il. Quand on veut réussir son couvert, avec une belle biomasse et un sol suffisamment couvert, les mélanges tout faits ont une certaine qualité, mais si on veut atteindre une densité de pieds à l’hectare suffisante, l’investissement peut vite devenir important. » Le recours à la semence de ferme plutôt qu’à de la semence certifiée peut permettre d’augmenter la dose de graines semées à l’hectare pour garantir le minimum de 300 pieds levés par m2, gage d’une bonne efficacité du couvert.

200 euros de charges par hectare pour produire de la phacélie

« En semences fermières, on peut être plus généreux », confirme Jérôme Lecomte (1), agriculteur à Bierné-les-Villages, en Mayenne. Il produit pour son propre compte de la féverole (1,5 ha) et de la phacélie (1,7 ha). Il estime ses charges pour produire sa semence de phacélie à environ 300 euros par hectare (€/ha), pour une production moyenne de 600 kg/ha. En se basant sur un prix de semence certifiée à 4 €/kg, le coût atteindrait environ 32 €/ha, contre 5 €/ha pour la semence de ferme (semis de phacélie à 10 kg/ha). L’agriculteur implante en tout 32 hectares de couverts d’été entre la moisson et les semis d’automne (phacélie, féverole, trèfle (achat de semences) et tournesol), et 30 hectares de couverts d’hiver composés de phacélie et de féverole avant ses cultures de printemps.

Les agriculteurs qui se lancent dans la multiplication de leurs semences de couverts privilégient généralement les grosses graines comme la féverole, la vesce, le pois ou encore les graminées (triticale, seigle, avoine). Les petites graines sont plus difficiles et plus chronophages à gérer. « La phacélie est une culture délicate à conduire et on peut parfois manquer de conseil », confirme Jérôme Lecomte. Pour éviter que toutes les graines se retrouvent à terre juste avant la récolte à cause d’un orage, il conseille de récolter la culture un peu avant maturité et de sécher ensuite les graines.

Le bon compromis consiste généralement à panacher des semences autoproduites avec des achats de semences certifiées. « J’utilise une partie de mes productions de seigle et d’avoine comme base dans mes mélanges de couverts, illustre Guillaume Dreux (2), agriculteur à La Chapelle-Saint-Rémy, dans la Sarthe. Pour compléter, j’achète des semences de trèfle et de phacélie, car leur production est difficile et trop aléatoire. »

Une étape de tri nécessaire pour éliminer les graines indésirables

Équipé d’un trieur, l’agriculteur se procure des semences non triées, et donc un peu moins chères, auprès de sa coopérative et effectue lui-même le travail pour l’ensemble de ses semences. Pour garantir la pureté de la semence, il est, en effet, nécessaire d’avoir recours au triage, notamment pour éliminer les éventuelles graines d’adventices. Jérôme Lecomte est, lui aussi, équipé d’un trieur en copropriété qu’il utilise pour ses semences de couverts. Il estime à environ 100 euros le coût total du triage pour 600 kg de semences de phacélie. « Il y a un intérêt économique à produire ses propres semences de couverts même si c’est un peu de temps à passer », reconnaît-il.

(1) 300 ha de SAU, dont 260 ha de grandes cultures (108 de blé, 55 de colza, 32 d’orge, 30 de tournesol, 15 de féverole d’hiver, 15 de maïs ensilage et grain), élevage de porcs naisseur-engraisseur et 35 vaches allaitantes.
(2) 120 ha de SAU, dont 105 ha de grandes cultures (30 de maïs grain, 25 de blé, 10 de colza, 15 de féverole, 10 de seigle, 10 d’avoine).

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