Aller au contenu principal

Comment bien recruter un salarié en élevage ovin

L’embauche d’un salarié, beaucoup d’éleveurs ovins lait ou viande y pensent. Mais entre le peu de disponibilité de main-d’œuvre, les démarches administratives, la réglementation à connaître et le temps à passer pour former le nouveau venu, il n’est pas toujours facile de sauter le pas. Des structures et des programmes sont pourtant mis en place pour accompagner les employeurs et faciliter l’accès au travail pour les chercheurs d’emploi. Se poser les bonnes questions, évaluer le coût d’un salarié pour l’exploitation, choisir le bon type de contrat, autant d’aspects que Pâtre vous propose de déchiffrer.

« La filière ovine est en plein renouveau et doit attirer de nouveaux publics : agriculteurs, mais aussi salariés, apprentis, stagiaires. Dans un contexte social en pleine évolution avec la diminution de la main-d’œuvre familiale, l’agrandissement des troupeaux et des surfaces d’exploitation, le développement des loisirs et des vacances, la filière a besoin de main-d’œuvre », souligne Patrice Boutet, président de l’Arefa Limousin.

Se poser les bonnes questions et se renseigner auprès de conseillers

À tous les échelons, national, régional, départemental, des initiatives sont mises en place depuis plus ou moins longtemps pour faire face au manque de candidats à l’embauche en élevage. Citons par exemple la campagne France Relance les #EntrepreneursDuVivant lancée en 2021 par le ministère de l’Agriculture sur l’attractivité des métiers. Le CAP main-d’œuvre initié en région Centre-Val de Loire il y a huit ans pour former des futurs salariés en reconversion en est un autre. En région Occitanie, un accompagnement des éleveurs par un cabinet de recrutement peut être financé. En Pays de la Loire, c’est l’action « Relève le défi » qui fait parler d’elle, avec des futurs installés et salariés en agriculture représentés en superhéros.

« Et pourquoi pas vous ? »

Ou encore une campagne originale de l’ADPAP et du GIE ovin du Centre-Ouest avec le slogan : « Ne devenez pas un mouton, élevez-en ! » « L’objectif de cette opération de communication, sur fond de renouvellement des générations, c’est de se dire “Et pourquoi pas moi ?”, développe Audrey Tessereau, la directrice du GIE ovin du Centre-Ouest. On met en miroir des situations de la vie urbaine avec la vie dans un élevage ovin. C’est une promotion du métier d’éleveur par le biais de l’humour, qui vient en complément des programmes déjà existants de la filière, comme Inn’ovin par exemple. » Le GIE ovin du Centre-Ouest souhaite recruter des forces vives pour la production ovine, qu’il s’agisse de porteurs de projets ou de futurs salariés. « Via nos labels Rouges, nous montrons le travail des éleveurs et la valorisation de leur travail en présentant la qualité des produits finis. Nous sommes très présents sur les salons agricoles nationaux et locaux et nous intervenons également dans les certificats de spécialisation ovin pour sensibiliser les apprenants au besoin de main-d’œuvre », poursuit la directrice du GIE ovin Centre-Ouest.

Les départs en retraite d’associés, l’augmentation de la taille des cheptels, la recherche de nouveaux débouchés… entraînent un surcroît de travail et le recours à de la main-d’œuvre salariée peut être envisagé, parmi d’autres solutions (association, délégation des travaux des cultures…). Quand la charge de travail augmente, l’éleveur risque de prendre sur son temps personnel pour effectuer le supplément de travail. Si cette réaction peut fonctionner à court terme, elle n’est pas tenable dans la durée.

85 % des candidats sur le marché visible

Avant de passer à la phase de recrutement à proprement parler, le choix du salariat pour pallier un manque de main-d’œuvre demande de réfléchir à son organisation de travail, à ses besoins. « Sachez que 85 % des candidats font leurs recherches via le marché visible (annonces…) alors que seulement 15 % des employeurs utilisent ce canal ! Ne négligez donc pas cet outil de recrutement », conseille Coline Gilson, de la MireLux (mission régionale pour l’emploi du Luxembourg).

* Enquête en ligne sur l’emploi en filières de ruminants : conditions de travail et difficultés de recrutement, menée du 20 juillet au 20 septembre 2020 par la FNB, la FNEC, la FNO et la FNPL.

Pourquoi recruter ?

Après un temps de formation variable mais qu’il ne faut jamais négliger, un salarié permettra à l’éleveur :

Réduire sa charge de travail et ainsi, de souffler, de prendre le temps de réfléchir, prendre du temps pour ce qui lui importe…

Gagner en liberté, en disponibilité en réduisant son travail d’astreinte, par exemple, la traite le matin ou le soir, la distribution de l’aliment, au moment du pic d’agnelage etc. voire en prenant parfois un jour, un week-end ou des congés.

Gagner du temps par une meilleure efficacité sur certaines tâches quand elles sont réalisées à plusieurs, par exemple le curage…

Partager et échanger sur des questions techniques, économiques, projets…

Réduire les risques maladie, accident…

Gagner en productivité en réalisant en temps et en heure les tâches « bâclées » ou reportées par manque de temps.

Côté biblio

De nombreuses ressources existent pour accompagner les éleveurs dans leur démarche de recrutement : calcul du coût d’un salarié, aides mobilisables, organisation du travail, diffusion des offres d’emploi : les fiches du RMT travail en agriculture, le site Inn'ovin et sa page YouTube où on retrouve des témoignages d’éleveurs employeurs et de salariés, le site de l’Anefa et de l’Ocapiat, entre autres outils.

L’emploi en élevage ovin en quelques chiffres

Les productions ovines représentent près de 9 % des équivalents temps plein (ETP) pour l’ensemble des élevages de ruminants, avec respectivement 5,4 % en ovins viande et 3,4 % en ovins lait. En élevage ovin, près de la moitié des salariés ont moins de 30 ans (46,6 % en allaitant et 48,6 % en laitier). Des profils plutôt jeunes, souvent sortis de scolarité, qui cherchent un premier emploi en élevage mais qui ne comptent pas pérenniser cette situation. Soit changement de production, soit projet d’installation. En moyenne, les salariés en ovin viande sont rémunérés autour de 12,60 euros de l’heure contre 10,40 euros de l’heure en ovin lait. Depuis 2015, les deux tiers des exploitants de brebis laitières qui ont répondu à l’enquête* ont cherché à recruter contre 28 % des exploitants en ovins allaitants.

* D’après les données MSA 2020 et l’enquête sur l’emploi en filières ruminants réalisée par la FNB, la Fnec, la FNO et la FNPL.

Les plus lus

Pâturage tournant dynamique
"Avec 100% de pâturage tournant dynamique pour notre troupeau ovin, nous sommes en phase avec le changement climatique"
Julie et Thimoléon Resneau sont éleveurs de brebis allaitantes à Pomy dans l’Aude depuis 2006. Leur troupeau de Rouge du…
2024, année des noms en "V" : des idées amusantes pour vos chiens, béliers et brebis préférées
 Attribuer une lettre initiale aux prénoms chaque année permet de savoir facilement l’âge d’un animal, qu’il s’agissent de…
Darius Filipiak, 29 ans, s'est installé dans le Lot après un CS ovin et plusieurs expériences professionnelles en élevage ovin.
« J’arrive à vivre avec mes 250 brebis, élevées en plein air intégral »
Darius Filipiak, 29 ans, passionné par l’élevage de brebis, s’est installé en 2019, à Montcuq dans le département du Lot, avec…
Benoit Toutain, 17 ans et originaire de l'Oise, a été sacré meilleur jeune berger 2024 lors de la finale des Ovinpiades, le 24 février, à Paris.
Salon de l’Agriculture : Le meilleur berger de France 2024 vient de l’Oise
Le champion de la 19e édition des Ovinpiades, Benoît Toutain, est originaire de l’Oise et possède déjà son propre troupeau.
Baptiste Soulat, 27 ans, s'est installé en Haute-Vienne sur l'exploitation paternelle. Passionné par la génétique, il est devenu sélectionneur en Suffolk.
« J’ai concrétisé ma passion pour la génétique et la Suffolk sur la ferme de mon enfance »
Baptiste Soulat, 27 ans, s’est installé sur l’exploitation bovine de son père en Haute-Vienne, créant du même coup l’atelier…
Le matin est consacré aux cours théoriques. Ce jour-là, Catherine enseigne les grands chiffres de la filière ovine française.
Une journée avec une classe en certificat de spécialisation Ovin
Sur le campus de Mirecourt, niché au cœur des Vosges, Catherine Falcoz et Ingrid Voinson dirigent une formation professionnelle…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 93€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre