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Se ménager en aménageant chèvrerie et fromagerie

Le corps des éleveurs est fortement sollicité au quotidien : traite, distribution des fourrages et concentrés, animaux à déplacer, barrières à enjamber, travail en fromagerie, port de lourdes charges… Outils de travail et postures adaptés aident à se ménager.

« Il faut être vigilant à ce que le travail soit adapté à l’humain, préserver son corps et éviter les accidents », rappelle Mickaël Bosboeuf, conseiller prévention à la MSA Poitou, au cours d’une formation sur l’ergonomie en élevage et transformation fermière organisée par les chevriers de Nouvelle-Aquitaine et Vendée. Si une attention particulière est portée aux conditions de travail des salariés, celles des chefs d’exploitation sont de leur ressort. Les éleveurs sont rarement femmes et hommes à se ménager, mais des aménagements et des investissements plus ou moins importants peuvent réduire la pénibilité de certaines tâches.

Quelques principes de base ont été rappelés à l’occasion de cette formation : pour les gestes répétitifs tels que la traite ou le moulage et le retournement en fromagerie, il faut dans la mesure du possible éviter de lever les bras au-dessus des épaules et s’échauffer avant. « L’échauffement peut consister en des mouvements simples entre la maison ou la voiture et l’élevage : rouler les épaules, les poignets, faire des moulinets de bras, des rotations du bassin… sans se faire mal ni aller vite, précise le conseiller. S’étirer pendant la traite, sans tirer, peut aussi soulager. »

Deux heures de concentration

« La durée de concentration sur une tâche est de deux heures au maximum, si on sait que cela va durer plus longtemps, essayez de ménager des pauses », conseille-t-il encore, même si bien sûr ce n’est pas évident au milieu de la traite, par exemple.

En salle de traite justement, attention à la hauteur du quai de traite, mais aussi celle de la barre horizontale et la profondeur du quai. Ces trois éléments influencent la position du trayeur et le mouvement du haut du corps. Dans l’idéal, le mouvement doit rester sous les épaules et rester naturel : on ne doit pas avoir l’impression de forcer (voir photo ci-contre). Un plancher mobile en salle de traite est une solution lorsque des trayeurs de tailles différentes alternent. « L’avantage du roto est de pouvoir plus facilement adapter la hauteur du poste de traite au trayeur. En revanche, le trayeur est assez statique et la cadence peut être trop élevée », prévient le conseiller MSA.

200 lux au minimum en salle de traite

Le confort visuel est souvent oublié et la luminosité insuffisante, que ce soit en salle de traite ou en chèvrerie. La MSA précise ainsi que « pour l’activité de traite, et plus précisément le contrôle des mamelles, il est conseillé d’appliquer un niveau d’éclairage minimum d’environ 200 lux en salle de traite et de 400 à 500 lux au niveau de la mamelle (travail de précision) ».

Le port de lourdes charges est aussi à limiter ou aménager. « Le réflexe à avoir est de plier les jambes quand on se baisse. Pour la distribution de fourrages et concentrés, si elle se fait au seau et à la fourche, transporter plutôt deux petits seaux qu’un grand… »

En fromagerie aussi les risques sont importants, dès l’arrivée du lait et le système de remplissage des bacs de caillé. Le choix de ces derniers est souvent un compromis entre capacité et nombre de bacs. Leur profondeur doit aussi être un critère de sélection, pour ne pas devoir plonger trop bas en fin de bac. Il faut penser aux supports pour qu’ils soient à bonne hauteur.

Ne pas faire la moyenne des tailles

« Quand un petit et un grand travaillent sur les mêmes outils, ne faites pas une moyenne des deux pour la hauteur des tables, parce qu’alors les deux souffrent ! avertit Mickaël Bosboeuf. Essayez dans la mesure du possible de penser l’équipement pour une personne, puis aménagez un poste de travail pour le second. Bien sûr, c’est complexe à gérer entre le chef d’exploitation, les salariés, apprentis, stagiaires… » Il existe, par exemple, des plaques autorisées en milieu alimentaire pour surélever une personne, en restant vigilant au risque de chute.

La disposition des tables est aussi importante, il est plus simple de pouvoir en faire le tour (plutôt que de la coller au mur) pour mouler, par exemple, et éviter de tendre le bras. La largeur de la table joue également sur le mouvement que l’on va faire. Et cela dépend aussi de la taille et de la configuration de la fromagerie. Le mieux est d’y penser dès la conception. Il existe aussi des tables à roulettes ou encore en résine, plus légères mais plus fragiles.

Opter pour une louche ergonomique

Le lavage en fromagerie est un poste qui prend du temps et qui est fatigant. Le lave-batterie est un investissement important, mais il fait économiser du temps, de l’eau et de la fatigue physique.

Au moulage, le mouvement répété du poignet sollicite le canal carpien. Le choix de la louche n’est pas à négliger. « Même si on se fait opérer, sans changement de pratique, la douleur reviendra ! » souligne le conseiller MSA. Différents modèles existent, notamment des louches ergonomiques. Un prototype développé par la MSA avait été présenté au salon Capr’Inov en 2021. Moules individuels, blocs moule, répartiteurs… influencent les conditions de travail. Le retournement des fromages se fait soit individuellement, soit par grille. Chaque fromager a sa technique. Retourner seul une grille complète fait porter une lourde charge avec un mouvement de torsion.

Pour ceux qui fabriquent des yaourts, il est possible de remplacer les pichets par une position du pasteurisateur en hauteur et ajout d’une électrovanne pour remplir plus facilement les pots.

Côté biblio

De nombreux documents pour aménager l’élevage et la fromagerie sont disponibles auprès de la MSA, des chambres d’Agriculture ou encore du Pep caprin Auvergne-Rhône-Alpes. N’hésitez pas à en parler à votre conseiller.

Le saviez-vous ?

Des aides de la MSA existent pour les investissements dans du matériel et des aménagements qui améliorent les conditions de travail. Le montant des aides dépend de la présence de salariés ou non et de chaque caisse. La MSA propose également des diagnostics. Pour en savoir plus, contactez votre MSA.

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