Les plaquettes de bois, une alternative à la paille en chèvrerie ?
Utilisées en sous-couche à la ferme expérimentale caprine du Pradel, les plaquettes de bois n’ont pas évolué différemment d’une litière 100 % paille. Une piste à explorer pour valoriser la ressource en bois et économiser de la paille.
Utilisées en sous-couche à la ferme expérimentale caprine du Pradel, les plaquettes de bois n’ont pas évolué différemment d’une litière 100 % paille. Une piste à explorer pour valoriser la ressource en bois et économiser de la paille.
Coproduit des céréales, la paille est une ressource de plus en plus convoitée (enfouissement, énergie, matériaux de construction…). Avec pour conséquence une paille plus chère et moins disponible. L’utilisation de plaquettes de bois en complément de la paille est une possibilité. Elle entre dans une réflexion plus globale sur la valorisation de la ressource arborée : bois énergie, pâturage et litière.
Financé par l’Anicap, le projet Calibois (caprin, litière et bois) a étudié le comportement et l’évolution d’une litière composée de plaquettes de bois en complément ou non de paille. Premier volet de cette étude, une enquête pour recenser les pratiques et attentes des éleveurs (voir ci-dessous).
12 cm de plaquettes en sous-couche
Deuxième volet, un essai conduit à la ferme expérimentale caprine du Pradel (Ardèche) avec le service qualité du lait de l’Institut de l’élevage dans le cadre de travaux sur la litière et la maîtrise des risques pathogènes (Malistec). À la suite de l’enquête, le choix a été fait de disposer une sous-couche de plaquettes de bois de 12 cm d’épaisseur en moyenne sur un sol en terre battue inégal (épaisseur varient de 9 à 16 cm). Cette opération a nécessité le travail de 2 à 3 personnes pendant 1 heure pour répartir 10 m3 de plaquettes sur 75 m2 pour un lot de 48 chèvres. 160 kg de paille ont ensuite été ajoutés, contre 250 à 300 habituellement, puis un paillage quotidien classique a été réalisé pendant toute la durée de l’essai. Du 25 septembre au 12 décembre 2022, 11 semaines d’accumulation ont pu être analysées. Après curage, la litière a été stockée et épandue comme un fumier de paille.
Pas d’échauffement de la litière
« Les profils de température et leur évolution sont similaires à ceux observés lors du projet Malistec, 100 % sur paille, avance Hélène Le Chenadec du service qualité du lait de l’Institut de l’élevage. Les changements semblent davantage dus à la profondeur qu’à l’effet matériau. Nous n’avons pas non plus observé d’augmentation progressive de la température de la litière en fonction de la durée d’accumulation. Sur ce point, ce serait intéressant de réitérer l’essai en période estivale. Quant à la quantité d’E. coli, elle n’est corrélée à aucun paramètre de la litière (température et matière sèche). » Des premiers résultats plutôt positifs, même si les économies de paille sont restées modestes.
Le saviez-vous ?
Le Ciirpo* propose de nombreuses ressources sur l’utilisation de plaquettes de bois en litière, notamment les essences utilisables et l’entretien des haies. D’après les travaux menés en filière ovine, toutes les essences d’arbres peuvent être utilisées, avec pour conditions de composter les plaquettes issues de troncs d’essences de bois dur ou de résineux.
Point important pour l’utilisation des plaquettes de bois, le taux de matière sèche. Au Pradel, les plaquettes, qui lors de la mise en place paraissaient légèrement humides, avaient un taux de matière sèche de 60 %. Les références du Ciirpo mentionnent au moins 80 % de matière sèche lors de l’utilisation des plaquettes de bois.
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Des questions encore nombreuses
95 éleveurs ont répondu à l’enquête menée par l’Idele dans le cadre du projet Calibois. 10 d’entre eux sont utilisateurs de plaquettes de bois en litière, tous en sous-couche. Pour eux, la première motivation d’utilisation est la valorisation de la ressource arborée, déjà présente sur l’exploitation, telle que les haies.
D’autres motivations rentrent également en jeu pour l’utilisation des plaquettes de bois, comme la disponibilité et le coût de la paille, ainsi que le confort des animaux. Les plaquettes de bois sont également utilisées en sous-couche pour des fonctions de drainage, d’absorption des jus, d’isolation en nurserie ou encore pour faciliter le curage lorsque le sol est en terre battue.
Les questions posées par les éleveurs via l’enquête sont nombreuses. Elles portent sur la gestion du fumier, la santé et le bien-être des animaux, le mode de production des plaquettes, leur coût, leur stockage… Des champs encore à investiguer en élevage caprin.