Aller au contenu principal

Les meilleures solutions pour limiter les bâtiments d’élevage chauds

Pour éviter d’avoir trop chaud cet été, il faut ouvrir les bâtiments d’élevage et éviter d’avoir des translucides. Premiers enseignements du projet Batcool.

Le projet Batcool, acronyme de bâtiments adaptés aux températures élevés pour les caprins, ovins viande et ovins lait, a permis d’expertiser thermiquement cinquante-neuf bâtiments ovins et caprins des régions du sud de la France. À partir des mesures de températures aux heures chaudes de la journée, il a été possible de comparer les équipements et leur performance pour limiter l’inconfort. Les mesures ont été réalisées lors des chauds étés de 2022 et 2023.

La taille des ouvertures est le paramètre le plus significatif pour expliquer la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. Il y aura 1,8 °C d’écart de plus entre intérieur et extérieur dans un bâtiment fermé que dans un bâtiment avec de larges ouvertures de type rideau ou guillotine. Cette différence peut faire basculer d’un stress thermique moyen à un stress thermique important. Les bâtiments avec de larges ouvertures sont aussi beaucoup moins humides.

Chasser le surplus de chaleur

« On n’a pas de déshumidificateur ni de climatisation en élevage, explique Morgane Lambert de l’Institut de l’élevage qui pilote ce projet avec la chambre d’agriculture d’Occitanie. Donc le mieux que l’on puisse proposer aux animaux en bâtiment, ce sont les mêmes conditions qu’à l’extérieur et à l’ombre. »

La difficulté vient que les ruminants dégagent de l’humidité et de la chaleur. L’eau est excrétée par la respiration et par les urines, et la chaleur est apportée par la litière et les animaux. L’objectif est donc de chasser tout le surplus de chaleur et d’humidité en dehors du bâtiment pour avoir des conditions qui soient au mieux pour les animaux.

L’élevage avant le solaire

Autre point important pour éviter les chèvreries chaudes, la présence de plaques éclairantes en toiture. Dans les élevages avec translucides suivis dans Batcool, il faisait en moyenne 1,9 °C de plus.

L’orientation des longs pans dans le sens nord-est/sud-ouest est préjudiciable pour le confort des animaux par rapport à un bâtiment orienté nord-ouest/sud-est. Entre les deux types de bâtiment, il peut y avoir plus de 1,6 point de THI - Temperature Humidity Index, indicateur qui estime le degré d’inconfort des animaux. Tout au long de la journée, le soleil va taper sur la façade et donc augmenter la température. D’ailleurs, si cette orientation peut être positive pour un bâtiment photovoltaïque, il faut bien garder en tête qu’un bâtiment d’élevage est d’abord un lieu pour bien accueillir les animaux avant d’être un support de panneau solaire.

La brumisation est à proscrire

Le procédé de rafraîchissement par la brumisation consiste à projeter de l’eau en fines gouttelettes. En s’évaporant, passant de l’état liquide à l’état gazeux, ce brouillard va perdre de l’énergie et donc prendre des calories à l’air et potentiellement faire baisser la température de plusieurs degrés. Mais en rajoutant de l’eau dans un bâtiment, le risque est surtout d’ajouter de l’humidité, voire du stress thermique. « Comme pour les températures, il faut chercher à avoir le moins de différence d’humidité brute entre l’extérieur et l’intérieur du bâtiment », explique Morgane Lambert de l’Institut de l’élevage. Dans l’idéal, il ne doit pas y avoir plus d’un gramme d’eau par mètre cube de différence entre l’intérieur et l’extérieur. On peut envisager d’installer un système de brumisation dans la salle de traite, car les animaux ne vont pas y séjourner longtemps et ce sont des zones souvent aérées.

L’effet cheminée et l’effet vent

L’air frais rentre sur le côté du bâtiment. Au contact des animaux, il se réchauffe et se charge en humidité en gaz, en poussière et en micro-organismes. Par le biais du gradient de température, cet air va monter et va être évacué par la faîtière. En été, la toiture est chaude et l’air qui rentre est déjà chaud et ne monte donc pas. Comme l’effet cheminée ne marche pas bien, il faut alors jouer sur l’effet vent, c’est-à-dire en ouvrant en grand de chaque côté pour faire circuler l’air.

Le saviez-vous ?

418 m² en moyenne

Selon Agreste, en 2015, les élevages de caprins disposent en moyenne de 1,8 bâtiment, d’une surface moyenne de 418 m2. Les élevages de 300 chèvres ou plus détiennent 2,2 bâtiments pour 778 m2 en moyenne. L’aération naturelle des bâtiments est dominante dans 91 % des élevages de caprins. La ventilation mécanique est plus répandue dans les élevages de 300 chèvres ou plus (20 %).

« Privilégier la ventilation naturelle »

Denis Favé, commercial chez Roiné, constructeur de bâtiments agricoles en bois, préconise des chèvreries avec une ventilation naturelle.

« La ventilation est l’élément clé de la réussite d’un bâtiment sain qui respire bien. Le bâtiment et sa ventilation représentent la plus grande part du bien-être animale et du bien-être de l’éleveur. Une ventilation naturelle efficace va réguler la température à l’intérieur de la chèvrerie. La température optimale pour une chèvre se situe autour de 12 °C. La ventilation naturelle va aussi permettre de renouveler l’air, réduire l’ammoniac et contrôler l’humidité, et ainsi réduire les risques de problèmes respiratoires. L’humidité augmente la sensation de froid et de chaud et favorise l’exposition aux agents pathogènes. En hiver, l’air chaud et humide remonte dans le bâtiment et va être évacué au faîtage. En été, c’est surtout le vent latéral qui évacue l’air. Le bâtiment ne doit donc pas être trop large pour pouvoir être correctement ventilé. »

Le saviez-vous ?

Six minutes pour évacuer

L’utilisation de fumigènes permet de visualiser l’évacuation de l’air. Lors d’un test de fumigation, la fumée doit être évacuée en moins de six minutes dans un bâtiment. Au-delà, on considère que l’ambiance n’est pas propice à la bonne santé du troupeau. Et cela, quelle que soit la taille du bâtiment.

Les plus lus

<em class="placeholder">Étienne Guilloteau lors des travaux lors de la transformation de la salle de traite en nurserie pour chevrettes</em>
Étienne Guilloteau, éleveur de chèvres en Vendée : « J’ai transformé une ancienne salle de traite en nurserie pour les chevrettes »
Étienne Guilloteau, éleveur de 600 chèvres en Vendée, a transformé une ancienne salle de traite en nurserie pour chevrettes.…
<em class="placeholder">Travaux du bureau</em>
Dans les yeux d’Amélie : « C’est la course pour finir les travaux de la fromagerie »
Malgré un certain retard, l’aménagement du bâtiment d’élevage et de transformation a enfin pu commencer en novembre. L’…
<em class="placeholder">Les chèvres mangent un sapin suspendu dans la chèvrerie.</em>
Marion Fournière, éleveuse de chèvres dans la Creuse : « Mes chèvres adorent les sapins de Noël »
À la chèvrerie du Ménérol, dans la Creuse, les fêtes se prolongent grâce aux sapins recyclés. Offerts aux chèvres comme friandise…
<em class="placeholder">Samuel Vallée et Justine Monsimer dans la chèvrerie</em>
Livreur de lait en Mayenne, l’EARL Al’Pin mise sur le désaisonnement des chèvres et la transformation en fromages
Installés en 2018 en Mayenne, Samuel Vallée et sa conjointe Justine Monsimer ont fait le choix du désaisonnement et de la…
Traite des chèvres saanen avec une salle de traite rotative
La filière caprine inquiète de la baisse du nombre d’éleveurs de chèvre et de la hausse du cout d’installation
La filière lait de chèvre s’inquiète de la chute du nombre de livreurs, freinée par des coûts d’installation devenus…
7 éleveurs de chèvres dans plusieurs photos
Des éleveuses et éleveurs de chèvres récompensés en Indre-et-Loire et Vendée
Le Trophée des territoires en Touraine et le Prix de la dynamique agricole dans le Grand Ouest ont mis à l’honneur trois…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre