Aller au contenu principal

L’engraissement de chevreaux dans l’incertitude

Les tractations se poursuivent pour que les chevreaux d’automne puissent être correctement engraissés et abattus.

La filière cherche en premier lieu à désengorger le marché et réduire massivement les surstocks de chevreaux.
La filière cherche en premier lieu à désengorger le marché et réduire massivement les surstocks de chevreaux.
© D. Hardy

Suite à l’épidémie de Covid-19, la filière chevreau connaît une grave crise. « Les cours sont restés au palier bas à Pâques, explique Anthony Garnier, engraisseur des Deux-Sèvres et président de la toute nouvelle Fédération nationale des engraisseurs de chevreaux. Sans hausse de la cotation du chevreau à Pâques, c’est un manque à gagner de 5 euros par chevreau pour les engraisseurs, c’est-à-dire les trois quarts de notre revenu… » Si la mobilisation de la filière, de la Fnec, d’Interbev, de la grande distribution et des régions a permis que tous les chevreaux soient abattus ce printemps, il reste cet été encore 500 tonnes de surstocks congelés sur les 3 500 tonnes de production annuelle.

Prospections de nouveaux débouchés

Ce surstock encombre les trois abatteurs français qui menacent de ne prendre à l’automne que la moitié des chevreaux habituellement abattus. Une sérieuse menace pour les engraisseurs qui comptent surtout sur d’importants volumes pour diluer leur charge fixe. Une menace aussi pour les éleveurs naisseurs qui se retrouveraient début septembre avec des chevreaux sur les bras. Les échanges se poursuivent entre naisseurs, engraisseurs, abatteurs et pouvoirs publics afin de trouver un débouché pour ces surstocks. En parallèle, une médiation entre l’abatteur Loeul & Piriot et ses fournisseurs a été mise en place à la demande des engraisseurs. Elle est assurée par les médiateurs des relations commerciales agricoles. Les pouvoirs publics ont déjà mis dans la balance une aide financière pour aider au stockage des chevreaux surnuméraires. Cela semble insuffisant aux abatteurs pour prendre le risque d’augmenter le volume de chevreaux en congélation à l’automne. Les recherches de débouchés se sont poursuivies cet été avec l’aide d’Interbev et de FranceAgriMer. Les conseils régionaux des régions caprines, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine en tête, pourraient aussi s’impliquer en proposant du chevreau dans la restauration des lycées. Les trois abatteurs ont également demandé à rencontrer l’Anicap pour partager les difficultés de la filière chevreau. Dans une note à destination des éleveurs caprins (voir ci-dessous), la Fnec et l'Anicap rappelle que l'interprofession laitière ne peut pas mettre en place une cotisation exceptionnelle pour prendre en charge les surstocks de chevreaux.

« Tout le monde a la volonté de sortir des difficultés », affirme Franck Moreau, éleveur du Cher, secrétaire général de la Fnec et président de la section caprine d’Interbev. La filière veut aussi travailler à un renouveau du chevreau. « Nous voulons redonner de la valeur au chevreau et à tous les maillons de la filière, confirme Anthony Garnier. Actuellement, les naisseurs et les engraisseurs ne gagnent rien et, si on les écoute, les abatteurs non plus… » Des réflexions prospectives vont démarrer à l’automne sous l’égide d’Interbev pour faire évoluer le fonctionnement de la filière chevreau. « Le
Covid-19 a mis en évidence les difficultés de la filière
, observe Franck Moreau. Avec l’aide de toute la chaîne depuis les naisseurs jusqu’aux distributeurs, nous voulons la faire évoluer pour proposer un produit de meilleure qualité et qui correspond aux nouveaux modes de consommation. »

Un abattage très concentré

L’abattage des chevreaux est très concentré puisque sur les 550 000 chevreaux abattus chaque année en France, les deux tiers le sont par Loeul & Piriot à Thouars, dans les Deux-Sèvres. Les établissements Ribot à Lapalud, dans le Vaucluse, et Palmid’Or à Trambly, en Saône-et-Loire, assurent le reste. Le chevreau est une production très saisonnière puisque 60 % des chevreaux sont produits entre mars et mai.

Les plus lus

<em class="placeholder">Chèvres saanen au pâturage dans la Drôme</em>
« Je fais pâturer mes chèvres depuis trois ans mais je dois m’habituer à la fluctuation du lait dans le tank »
Marjorie Pallais a progressivement sorti ses 220 chèvres au pâturage. Elle s’est construit des références de pousse de l’herbe,…
Casquette Lacoste avec une chèvre
Lacoste remplace son crocodile par une chèvre pour honorer Djokovic
Lacoste rend hommage à Djokovic avec une collection spéciale où son crocodile est remplacé par une chèvre verte, symbole du «…
<em class="placeholder">l&#039;éleveur avec son patou</em>
Guillaume s’est installé à peu de frais avec des poitevines bio dans le Finistère
Installé depuis 2018 dans le Finistère, Guillaume Quéré élève 50 chèvres poitevines en semi-plein air et transforme…
<em class="placeholder">Moulage des fromages fermiers dans le Rhône</em>
À La ferme de Chasse Nuage dans le Rhône : « Nous chassons les grammes de fromage superflus »
Dans le Pilat rhodanien, La ferme de Chasse Nuage cultive l’art de transformer chaque litre de lait en fromage de qualité… jusqu’…
<em class="placeholder">Édouard Guyot et Benoît Chazelle au milieu de leurs chèvres alpines au pâturage dans le Rhône</em>
Dans le Rhône, Les Alpines du Lac croient en la génétique pour rechercher de l’autonomie
Dans les hauteurs des Mont du Lyonnais, Benoît Chazelle et Édouard Guyot élèvent une centaine de chèvres alpines avec technicité…
<em class="placeholder">La chienne adulte est avec les chèvres.</em>
« Les chiens patous, c’est le prix de la tranquillité pour mon troupeau de chèvres »
Éleveur du Finistère, Guillaume Quéré s’appuie sur deux chiens de protection de race Montagne des Pyrénées pour veiller sur ses…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre