Aller au contenu principal

Installation-transmission en élevage caprin, anticiper pour durer

Avec 43 % des éleveurs caprins ayant plus de 50 ans, la filière caprine n’est pas à l’abri des enjeux de l’installation et de la transmission. Même avec un taux de remplacement supérieur à 100 %. La population de nouveaux agriculteurs a des ambitions nouvelles, qui nécessitent de l’anticipation pour être transformées en installations pérennes. De nombreux modèles existent et sont viables, à condition d’avoir été consciencieusement préparés en amont. Installation comme transmission sont ainsi des périodes charnières pour l’ensemble de la société agricole. L’accompagnement et la formation des futurs installés sont clés.

deux éleveurs à le traite des chèvres
Même avec un taux de remplacement supérieur à 100 %, la filière caprine doit accompagner avec soin ses jeunes installés pour garantir la pérennité de leur projet.
© Anicap

L’élevage caprin est une exception démographique. C’est le secteur d’élevage avec la plus grande proportion de chefs d’exploitations de moins de 40 ans, et celui comprenant le plus de femmes exploitantes, notamment en production de fromages fermiers où la pyramide des âges par sexe est proche de celle de la population française active. Côté renouvellement, ce secteur remplace 106 % de ses départs. L’élevage caprin est très attractif, et c’est la filière présentant le taux le plus élevé d’installation hors cadre familial. Une autre de ses particularités est qu’une partie importante de ces nouveaux installés (deux tiers) le sont en production de fromages fermiers. Ces nouveaux fromagers s’installent souvent en ayant déjà eu une expérience professionnelle auparavant : 33 % ont plus de 40 ans.

Le bon déroulement du processus d’installation est fondamental pour l’avenir de la filière caprine. Les installations se trouvant en situation d’échec après quelques années sont souvent celles pilotées par des éleveurs insuffisamment formés. 23 % des nouveaux installés n’ont pas de diplômes agricoles ; il existe donc un besoin important de formation avant l’installation.

« Être son propre patron tout en vivant au rythme de la nature, décider, prendre des responsabilités chaque jour sur son exploitation, savoir se remettre en question et s’adapter sans cesse à un contexte en mutation constante… : être éleveur est un métier passionnant », souligne Jacky Salingardes, président de l’Anicap.

Dans le guide « Pour une installation réussie en élevage caprin », présenté par l’Idele et l’Anicap, le président souhaite faire passer deux idées fondamentales : « D’abord, une bonne formation est très importante ; c’est dans vos premiers stages avec nous que vous pourrez conforter votre vocation et que vous pourrez acquérir une expérience suffisante pour assurer votre future réussite professionnelle. Ensuite, une bonne organisation dans votre travail, en vous faisant gagner du temps et en facilitant les tâches les plus pénibles vous donnera une meilleure qualité de vie et, de ce fait, permettra de pérenniser vos exploitations. »

Pour avoir un projet solide, il est donc important de posséder de bonnes connaissances pratiques et théoriques. En plus de compétences opérationnelles, l’obtention d’un diplôme agricole de niveau 4 (par exemple le brevet professionnel responsable d’entreprise agricole, BPREA) permet de bénéficier des aides à l’installation. La dotation jeune agriculteur est un financement de l’Europe et de l’État dont le montant varie avec la nature, l’ampleur et la localisation du projet. Pour en bénéficier, il faut être capable de justifier la viabilité d’un plan d’évolution sur quatre ans, et de s’y tenir rigoureusement.

Les bénéficiaires de la dotation jeune agriculteur peuvent également prétendre à certains avantages fiscaux. Pour obtenir ces aides, il est conseillé d’avoir un dossier solide. La réalisation de stages en exploitation caprine est une expérience préconisée pour quiconque souhaitant rendre plus robuste son projet. La maturité acquise en exploitation permet de mieux mesurer l’importance de l’investissement personnel nécessaire à un tel projet.

Voir différents modèles

La prise de contact avec diverses exploitations permet également d’ouvrir son regard à différents modèles économiques, et de comprendre comment s’organise le travail dans les multiples systèmes de production caprine. Une bonne installation passe par une ouverture aux différentes façons de produire. Chaque type d’exploitation a des avantages et des inconvénients qui font leur typicité.

Les élevages spécialisés livreurs, prédominants dans les zones fourragères intensives du Centre-Ouest et du Centre, ont un revenu dépendant à 100 % de la production laitière, et une activité de travail intense et régulière hors période de tarissement. Les élevages spécialisés fermiers en parcours sont, eux, plutôt traditionnels de la zone méditerranéenne. Leur revenu est dépendant de la vente de fromages sous signes de qualité, avec une charge de travail importante à la fois en fabrication fermière et en gestion pastorale du troupeau.

La diversité des modes d’élevages caprins présente un large prisme de spécialisations, de régions et de stratégies, et les modèles intéressants sont nombreux à condition d’avoir été bien réfléchis.

D’après le guide « Pour une installation réussie en élevage caprin ».

Montant de la dotation jeune agriculteur

En plaine :

de 8 000 à 15 000 €

En zone défavorisée (hors montagne) :

de 10 000 à 22 000 €

En montagne et DOM :

de 15 000 à 36 000 €

Modulations :

des majorations de cette aide sont possibles, fixées par la Région, en cas d’installation hors cadre familial ou en agriculture biologique.

Côté biblio

Pour une installation réussie en élevage caprin

Ce document est un guide pour l’installation en élevage caprin. Il fournit des conseils techniques et économiques pour mener à bien ce projet, et présente les différents aspects de la filière. Par l’Idele et l’Anicap ; 25 euros ; disponible sur https://acta-editions.com

Des nombreuses ressources sont proposées sur le site de l’interprofession caprine, anicap.org.

Les plus lus

<em class="placeholder">Le hangar et tout son contenu ont pris feu.</em>
« Mon hangar à fourrage est parti en flamme »
En septembre 2024, un incendie a ravagé le bâtiment de stockage de Jean Barou, éleveur de chèvres et viticulteur en Dordogne…
<em class="placeholder">Chèvres à la chèvrerie de Claire Genet dans l&#039;Yonne</em>
À la ferme de Claire, des chèvres câlines, du fromage bio et des visites pédagogiques
Dans l’Yonne, Claire Genet a créé une ferme caprine et une fromagerie bio mêlant productions fermières, animations pédagogiques…
<em class="placeholder">collecte du lait de chèvre : le chauffeur tire un tuyau près de son camion.</em>
Recul de la collecte de lait de chèvre, pression sur les revenus des éleveurs caprins et espoir sur l'exportation de fromages
La collecte de lait de chèvre a baissé en 2024 malgré une dynamique positive de l’exportation de fromages. Les éleveurs alertent…
Chèvres alpines en train de manger du fourrage
L’Occitanie recherche du lait de chèvre
Lors du webinaire Capri’Occitanie, trois laiteries de tailles différentes ont rappelé leur besoin de lait de chèvre sur la région…
<em class="placeholder">Chèvres pâturant du sorgho (à gauche) et de la luzerne (à droite)</em>
Du sorgho pâturé pour faire face aux coups de chaud
Face aux sécheresses estivales qui limitent la production de fourrages, le sorgho est une alternative intéressante pour prolonger…
Sortie des panicules du maïs
Les maïs sont en avance : surveiller la floraison pour anticiper les dates d'ensilage
Cette année, les semis de maïs fourrage ont pu démarrer tôt dans la partie Nord de la France et, avec les mois de mai et juin…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre