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Ferticap cherche à renforcer la fertilité

À Lusignan, le nouveau dispositif expérimental Ferticap veut développer et apporter aux éleveurs des outils et techniques innovants en matière de reproduction.

Ça sent bon dans la bouquerie ! Il faut dire qu’au moment de la visite, les boucs ne sont pas encore arrivés dans le nouveau dispositif expérimental inauguré fin avril à l’Inra de Lusignan dans la Vienne. Les premiers animaux arriveront prochainement en provenance de Capgènes. À Lusignan, le nouveau bâtiment d’environ 1 000 m² abrite trois salles modulables pouvant accueillir huit boucs chacune, une salle de monte, un laboratoire de conditionnement, d’analyse et de cryoconservation de ces semences et des locaux technique. La salle de monte, l’un des hébergements et le laboratoire sont visibles depuis une salle de démonstration qui peut aussi servir de salle de réunion.

Ce bâtiment abrite l’équipe Ferticap composée de chercheurs, animaliers et laborantins. « Nous travaillons sur la maîtrise des cycles des femelles, la production de semences et l’élevage des futurs reproducteurs », résume Alice Fatet, animatrice scientifique de Ferticap. Avec ce nouvel outil, l’Inra va chercher à optimiser la production de semence et améliorer l’élevage des boucs, le désaisonnement lumineux ou l’effet mâle. Ferticap s’intéresse aussi à l’identification des indicateurs de fécondance, à la détection automatique des chaleurs et à la maîtrise de la première reproduction des chevrettes.

Assez de lumières avec des LED ?

Les boucs sont choyés dans ce centre. Dans leur case modulable, ils sont soit seuls soit en groupe avec toujours un accès à l’eau, au foin et à leur auge individuelle contenant des granulés avec une formulation maison spécial bouc. Le bâtiment, isolé et rafraîchi si besoin, est suivi en permanence par des sondes vérifiant la température, l’hygrométrie et l’éclairage. La température cible se situant entre 10 et 23 °C.

Pour la lumière, les boucs connaîtront une alternance de deux mois de jours courts et de deux mois de jours longs afin de maintenir une activité sexuelle. Des volets télécommandés pourront laisser passer la lumière naturelle ou, au contraire, l’arrêter. Pour l’instant, ce sont des néons qui doivent assurer les 200 lux minimum au niveau des yeux. Mais l’Inra est en train valider l’utilisation des lampes à LED. Les diodes électroluminescentes qui éclairent plutôt dans le bleu sont-elles aussi efficaces que les néons, dont la fabrication va se terminer, pour que les animaux secrètent de la mélatonine ? Pour vérifier cela, trois groupes de boucs sont éclairés soit avec une LED équipée d’un filtre ne laissant passer que du bleu, soit avec un filtre laissant passer le rouge ou soit avec la LED sans filtre. Des analyses sérologiques régulières permettront de vérifier la sécrétion des hormones.

De nouveaux locaux mais aussi des élevages

La salle de monte a été conçue selon les préconisations de l’agrément Centre d’insémination artificielle de la DDPP. Lors de la collecte, un boute-en-train, vivant ou mannequin, est accroché à une sorte de cornadis. Quand le mâle saute dessus, son pénis est introduit dans un vagin artificiel rempli d’eau chaude. L’éjaculation se fait de façon quasi immédiate. Une fois la semence prélevée, on vérifie le volume et la concentration en spermatozoïdes qui peuvent varier de 0,1 à 2,5 ml et de 0,5 à 10 milliards de spermatozoïdes par ml. Pour être mis en paillette, le sperme est dilué, centrifugé deux fois, dilué dans du lait, refroidi à 4 °C, de nouveau dilué dans du lait contenant du glycérol qui protège de la cristallisation, conditionné en paillette puis plongé progressivement dans les vapeurs d’azote avant d’être complètement immergé dans l’azote liquide à -196 °C. Entre temps, la semence aura été observée au microscope pour vérifier la mobilité et la motilité des spermatozoïdes. « Seules les semences avec au moins 30 % de spermatozoïdes mobiles sont gardées pour l’insémination », explique Alice Fatet.

Le dispositif Ferticap ne se limite pas à ce nouveau bâtiment. Il s’appuie aussi un réseau d’une trentaine d’élevages pratiquant l’insémination. « Ces éleveurs sont fédérés autour de l’amélioration continue des pratiques de reproduction, apprécie Alice Fatet. Ils nous questionnent, nous échangeons et c’est chez eux que nous déployons nos améliorations et nos innovations. » La coopérative Évolution donne également accès à des élevages de son réseau pour mettre en œuvre des essais à grande échelle.

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