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Deux éleveuses de chèvres ukrainiennes récompensées au salon Cheese

La guerre en Ukraine a forcé certains agriculteurs à évacuer leur ferme. Portraits de deux fromagères ukrainiennes récompensées lors du salon Cheese.

1 - Après les bombes, se battre pour refaire du fromage

Tetyana Stramnova était éleveuse de cailles dans la région de Donetsk, à l’est de l’Ukraine. Lorsque les Russes sont arrivés dans la région en 2014, elle et sa famille ont dû fuir jusqu’au village de Muzikyvka, dans la région de Kherson, au sud du pays. Ils ont tenté d’y remonter un élevage de volailles, mais l’exploitation n’a pas tenu. « Mes enfants ont choisi Muzikyvka parce qu’ils s’y sont immédiatement sentis bien », explique Tetyana qui a finalement décidé de tenter d’y élever des chèvres.

Avec 50 chèvres, elle crée la ferme Amalthea et apprend à faire du fromage. Elle organise aussi des excursions pour les enfants porteurs de handicap, tout en œuvrant à faire reconnaître une race ukrainienne locale de chèvres à oreilles courtes. À la veille de l’invasion russe, le conseil du village lui a alloué un terrain pour la construction d’une fromagerie. Il ne restait plus à Tetyana qu’à trouver l’argent pour le local et l’équipement. Hélas, au lieu de mener à bien son projet, elle a surtout passé ces deux dernières années à se protéger des combats.

« Nous voulons remettre notre vie sur des rails »

Après le retrait des troupes russes de Muzikyvka, il a fallu tout recommencer à zéro. « Ma plus grande motivation, ce sont mes deux enfants, explique l’éleveuse de 44 ans. Je dois leur laisser quelque chose, c’est pour cela que j’ai toujours recommencé. Nous voulons remettre notre vie sur des rails et aller le plus loin possible. » Aujourd’hui, une cinquantaine de chèvres sont élevées et servent à la fabrication des fromages bryndza vendus localement aux voisins, à ses amis ou sur Internet. « Les ventes sont difficiles car la région est constamment bombardée », témoigne Yuliia Pitenko, la référente de Slow Food en Ukraine. Slow Food la soutient en l’invitant à des foires à Kiev et en proposant son fromage aux restaurants.

2 - Une réfugiée qui crée des fromages italiens riches de sens

Avant la guerre, Ekaterina Prichodko était fromagère et vétérinaire. Propriétaire d’une petite ferme dans la région de Buča, voisine de Kiev, elle élevait une vingtaine de chèvres anglo-nubiennes et trois vaches Jersey et fabriquait du fromage. Malheureusement, les bombardements l’ont contrainte à partir précipitamment avec ses trois enfants et ses trois chiens. Réfugiée à Pise, elle rencontre Eros Scarafoni, fromager fermier dans la région des Marches, au centre-ouest de l’Italie.

Cet éleveur, d’une trentaine de vaches frisonnes et d’une trentaine de chèvres alpines, a immédiatement accepté de l’intégrer à son exploitation. Et de nouveaux fromages sont nés de cette collaboration. L’un est en forme de cœur qui reprend les couleurs bleu et jaune du drapeau ukrainien. Dans un autre fromage, la croûte est couverte de paprika rouge qui symbolise le sang de la guerre et de poivre noir qui représente les décombres. Mais en ouvrant le fromage, à l’intérieur se trouve une sphère rouge à base de paprika, symbole, là encore, du cœur et de l’espoir des Ukrainiens.

Slow Food récompense des fromagers fermiers ukrainiens

Le salon Cheese se tient tous les deux ans en septembre dans la ville de Bra, en Italie. Il est organisé par Slow Food et est dédié au lait cru, aux fromages naturels et aux produits laitiers artisanaux. Remis à cette occasion, les Slow Cheese Awards, rendent hommage aux éleveurs et artisans fromagers qui travaillent dans le respect du naturel, de la tradition et du bien-être animal. Neuf fromagers ont été récompensés cette année, dont les trois présentés dans cet article. La prochaine édition de Cheese est programmée du 19 au 22 septembre 2025.

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