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Rapport Anses
Antibiorésistance : « Il ne faut plus s’attendre à de fortes diminutions de l’exposition des animaux d’élevage aux antibiotiques »

L’exposition des animaux aux antibiotiques se stabilise en 2024, proche de l’objectif du plan Ecoantibio 3, indique le rapport annuel de l’Anses sur l’antibiorésistance publié ce 18 novembre. Des disparités sont observées pour les animaux d’élevage, avec notamment une légère augmentation pour les bovins par rapport à 2023. 

Vétérinaire réalisant un prélèvement dans un flacon d'antibiotique sur une exploitation bovine.
Par rapport à 2011, l’exposition des animaux aux antibiotiques a diminué de 49 %, avec des disparités pour les animaux d’élevage : -15 % pour les bovins, -51 % pour les lapins, -65 % pour les porcs et -71 % pour les volailles.
© B. Griffoul

 

Une exposition stable des animaux aux antibiotiques depuis 2021 

Comment évolue l’antibiorésistance en santé animale ? Selon le rapport de l’Anses sur le sujet publié ce 18 novembre, l’exposition des animaux aux antibiotiques se stabilise en 2024. L’Alea (indicateur d’exposition aux antibiotiques) est de 0,307, très proche de sa valeur en 2023 (0,309), et de la valeur de 0,3 fixée par le plan Ecoantibio3 pour la période 2023-2028. « L'hypothèse de l'arrivée sur un palier […] se confirme cette année. Depuis 2021-2022, on semble osciller autour de ce palier de 0,3 », explique à la presse Franck Fourès, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) à l’Anses. « Il ne faut plus s'attendre à de fortes diminutions comme on a pu en avoir jusque-là […] Cela ne veut pas du tout dire qu'on est au bout du chemin pour rendre les pratiques les plus vertueuses possibles », affirme-t-il.

Lire aussi : Exposition des animaux aux antibiotiques :  pourquoi 2023 est une année charnière dans la lutte contre l’antibiorésistance ?

Des progrès à faire en matière de biosécurité pour la filière laitière

Par rapport à 2011, l’exposition des animaux aux antibiotiques a diminué de 49 %, avec des disparités pour les animaux d’élevage : -15 % pour les bovins, -51 % pour les lapins, -65 % pour les porcs et -71 % pour les volailles. Cependant, par rapport à 2023, cette exposition a augmenté pour les bovins (+3 %) et pour les lapins (+7 %). Des variations « à surveiller » indique l’Anses. « Les fermes laitières ont des progrès à faire en matière de biosécurité. Surtout quand on compare aux élevages de volailles par exemple, où il y a une mise en place de la biosécurité extrêmement importante », souligne Jean-Yves Madec, directeur scientifique de l’axe transversal antibiorésistance à l’Anses. « On sait très bien aujourd'hui que les fermes laitières sont plutôt des moulins ouverts où l'on voit passer tout autant l'inséminateur, le voisin, le vétérinaire, le technicien d'élevage, le collecteur de veaux, etc. Ça, c'est un facteur bien plus important de persistance de l'antibiorésistance parce que ça dissémine les souches d'un élevage à l'autre » précise-t-il, en réponse à une question. 

Faible niveau d’exposition aux antibiotiques dits d’importance critique

Pour les antibiotiques dits « d’importance critique », que sont les fluoroquinolones ou les céphalosporines de 3e et 4e générations, les niveaux d’expositions des animaux d’élevage sont faibles. Sur l’ensemble des espèces animales, l’exposition aux antibiotiques critiques en 2024 est de 1,2 %. La résistance à ces antibiotiques est particulièrement suivie car « leur efficacité est cruciale pour soigner des infections graves chez l’être humain », détaille l’Anses. 

Comment sont exposés les animaux de compagnie ? 

L’exposition des chats et des chiens aux antibiotiques a aussi diminué en 2024, de 12 % en un an. L’Anses observe toutefois une augmentation de l'exposition des traitements à base d'amoxicilline associée à l’acide clavulanique, qui représente 49 % de l’exposition de ces animaux en 2024 (contre 27 % en 2011). « Cette tendance ne va pas dans le sens des recommandations européennes qui encouragent l’utilisation de l’amoxicilline seule » prévient l’agence. 

Lire aussi : Ecoantibio 3 : un appel à projets pour limiter l’exposition aux antibiotiques, antimicrobiens et antiparasitaires

Comment évoluent les bactéries résistantes ?

Quel bilan du Résapath au niveau européen sur les animaux malades ?

À partir de la collecte de plus de 121 000 antibiogrammes (+30 % en un an), le Résapath (réseau d'épidémiosurveillance de l'antibiorésistance des bactéries pathogènes animales en France) montre une fréquence d’E. Coli multirésistantes toujours élevée chez les bovins (35 %), et chez les porcs (22 %), malgré une diminution par rapport à 2023. Cette multirésistance recule aussi pour les poules et les poulets (14 %) et les dindes (9 %). 

La proportion de souches d’E.Coli résistantes aux antibiotiques critiques est très faible pour la plupart des espèces animales, souligne l’agence, et atteint même un « palier bas (4-7 %) à très bas (moins de 3 %) ». L’Anses observe toutefois des taux plus élevés pour les fluoroquinolones chez les caprins (13 à 15 %), et pour les céphalosporines chez les équidés (7 %). 

Bilan de la surveillance française sur la viande et les carcasses

En 2024, la surveillance de l’antibiorésistance dans la chaîne alimentaire au niveau français était ciblée sur les poulets de chair, les poules pondeuses et les dindes. L’Anses montre que les souches de salmonelles prélevées étaient majoritairement non résistantes aux antibiotiques, avec 87,5 % des souches sensibles

L’agence souligne cependant une résistance des bactéries Campylobacter aux fluoroquinolones encore élevée chez les poulets et les dindes, de 47,8 % à 54,8 %, malgré une diminution par rapport à 2022. Les experts précisent toutefois que cette résistance élevée ne compromet pas l’usage thérapeutique des fluoroquinolones en santé humaine.

Pour E.Coli, la sensibilité à tous les antibiotiques a légèrement diminué pour les volailles en 2024 par rapport à 2022. Et une augmentation de 10 % des souches d’E.Coli résistantes aux antibiotiques céphalosporines est observée dans les viandes de poulet, passant de 10 % en 2022 à 20 % en 2024. Une évolution à surveiller, soutient l’agence.

Lire aussi : L’exposition des animaux d’élevage aux antibiotiques continue de diminuer

Depuis 2023, l’Anses récupère les données d’utilisation des médicaments antimicrobiens, par espèce et par catégorie animale, via la plateforme CalypsoVet. Les données sont déclarées par les vétérinaires, pharmaciens et fabricants et distributeurs d’aliments médicamenteux. L’agence appelle les vétérinaires à déclarer ces données d’utilisation afin d’affiner ses analyses.

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