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À chaque âge son bâtiment pour les chèvres de la Ferme du Soleil Levant

Simplicité, diminution de la pénibilité et du temps d’astreinte guident les choix de Dimitri et Sophie Gallard dans la conception et le fonctionnement de leurs bâtiments.

À Villiers sur Chizé dans les Deux-Sèvres, Sophie et Dimitri Gallard élèvent 420 chèvres alpines. Sur l’élevage tout est pensé pour être simple et pratique tout en assurant des performances élevées : 1 330 litres par lactation en moyenne troupeau en 2020, et l’élevage a reçu l’Alpine d’or 2021 du trophée CapGènes.

Ces résultats récompensent la rigueur du travail et la qualité des différents lieux de vie des animaux : en nurserie de la naissance à 15 kg, puis les chevrettes partent dans un bâtiment dédié jusqu’à la mise bas. Les chèvres en lactation sont logées dans le bâtiment principal. Enfin, les boucs sont à part dans l’ancienne chèvrerie. « Notre objectif est que nos animaux soient dans des conditions optimales à chaque stade de leur vie, expliquent Sophie et Dimitri Gallard. Pour la nurserie par exemple, nous ne voulions pas d’un bâtiment mixte qui accueille les chevrettes de la naissance à la mise bas. Le risque est qu’il ne convienne au final à aucun âge. Nous élevons environ 550 chevreaux par an entre les animaux de renouvellement et la vente de reproducteurs. C’est important d’avoir des espaces adaptés ».

Une nurserie pour les chevreaux jusqu’à 15 kg pour des animaux en bonne santé

Lorsque Sophie s’installe sur l’exploitation en 2012, la chèvrerie est dans un bâtiment en bon état mais qui demande beaucoup de travail : « rien n’était mécanisé ou automatisé, se rappelle le jeune couple. Nous travaillions avec huit lots de 40 chèvres et une salle de traite 2x20 places, 16 postes. Alors nous avons pris le temps de réfléchir à ce que nous souhaitions pour l’avenir : diminuer la pénibilité et le temps d’astreinte, que ce soit à la traite, l’alimentation ou le paillage, et de bonnes performances techniques. Nous voulions dégager du temps pour nous consacrer aux animaux ».

Toutes les tâches peuvent être assurées par une personne seule

Sophie et Dimitri visitent alors bon nombre d’installations pour faire leurs choix : « un bâtiment qui nous permette d’être efficaces, un nombre de lots réduit, une salle de traite adaptée, et une nurserie à part. Cette dernière a été la plus complexe à créer parce que des nurseries comme la nôtre sont rares », témoignent-ils.

 
En 2012, le bâtiment principal et la salle de traite sortent de terre. Les 450 chèvres y sont calmes et attendent patiemment la distribution du concentré après la traite. La chèvrerie longitudinale mesure 80x15 m, le bloc traite et l’aire d’attente 15x12m pour un coût total de 1 150 € la place. « Le coût à la place du bâtiment est dans la moyenne haute. Le large couloir en chèvrerie et l’aire d’attente sont stratégiques. Le robot distributeur de concentrés et le tracteur télescopique pour la dérouleuse-pailleuse passent facilement. L’aire d’attente, équipée d’un chien électrique, nous permet de gérer les lots, notamment au moment de la mise à la reproduction et des mises bas. »

 

Tout est très propre et rangé au cordeau. Dimitri et Sophie repoussent systématiquement les granulés après la distribution du concentré par le robot. « C’est important d’être avec les animaux, d’observer quelle chèvre vient manger ou non… ce coup de balai, nous ne l’automatiserons pas ! » sourient-ils. Avec un curage tous les 10 jours, pas de mouches, pas d’odeur et des chèvres calmes, les éleveurs préfèrent un curage et paillage fréquent aux traitements.

Les bâtiments sont isolés, en ventilation statique, avec des échelles ajourées motorisées et un faîtage ouvert. « Nous n’avons pas installé de capteur ni d’automatisation, nous réglons les ouvertures en fonction de notre ressenti. Nos chèvres y sont bien et cela se voit dans les résultats et l’absence de problèmes de santé. » Et la douceur du climat océanique se ressent au milieu des chèvres même en plein été.

Un roto traite intérieur pour garder les chèvres à l’œil

 

 
Pour la traite, le choix du couple s’est porté sur un roto intérieur, afin d’avoir la visibilité sur les mamelles à tout moment. « Nos chèvres sont très productives et avec un roto 36 places il aurait fallu sans cesse interrompre la rotation pour permettre de terminer la traite de nombreuses chèvres, nous avons donc opté pour un roto 48 places », précisent-ils.

 

Les possibilités d’implantation ont été limitées par la proximité d’habitations et d’une église classée aux monuments historiques. Sophie et Dimitri ont positionné le bâtiment pour conserver de la place pour un éventuel agrandissement. Et en 2017, la nurserie et le bâtiment chevrette sont construits à leur tour.

Les chevrettes sont logées comme les chèvres en lactation, dans un bâtiment conçu à l’identique, en plus petit : 36x15 m.

 

 
La nurserie est conçue spécifiquement pour les besoins des chevreaux, de la naissance à 15 kg. « On ne peut pas loger de la même façon un chevreau de deux jours ou une chevrette de 10 mois gestante ! » affirment Sophie et Dimitri. La nurserie est le seul endroit hermétique, avec des extracteurs d’air et un système de chauffage. Ainsi « pas d’odeurs d’ammoniac, pas d’humidité, ni de courants d’air », explique Sophie. Les 24 premières heures, les chevreaux sont dans de petites cases bien à l’abri, sur caillebotis, avec lampes chauffantes si besoin, et sondés avec 10 % de leur poids en colostrum. Puis ils passent dans des cases plus grandes où ils apprennent à téter, avec deux types de poudre de lait en fonction de l’âge. Mâles et femelles sont séparés.

 

Brumisateur, caméra : des améliorations permanentes

Sophie et Dimitri ont investi 240 000 euros dans ces deux ensembles, nurserie et bâtiment chevrettes. « La vente des reproducteurs est un débouché important pour nous, cet investissement fait partie de notre stratégie ».

À 15 kg, tout le monde est sevré et les mâles, une fois rationnés vers 20 kg, partent dans l’ancienne chèvrerie reconvertie et les femelles restent dans le bâtiment chevrettes. Ce dernier est situé à une centaine de mètres du logement des chèvres, ainsi, « pas d’effet bouc indésirable ».

Dernier investissement, une caméra au milieu de la chèvrerie, notamment pour surveiller les mises bas. « Nous avons des accouplements programmés, c’est indispensable d’être présents. Comme nous n’habitons pas sur place, cela évite des déplacements inutiles le soir ou la nuit. »

Un brumisateur a été installé en salle de traite, « nous réfléchissons à son installation en chèvrerie, mais ici il y a toujours une petite brise, il ne faut pas que les chèvres aient froid. »

« Il y a toujours des améliorations à apporter, pour nous comme pour nos chèvres. Nous avons ajouté une porte séquentielle à l’entrée du roto qui sert principalement lorsque les chevrettes apprennent la traite. Les portes de la chèvrerie ont été récemment motorisées et nous envisageons d’augmenter le nombre d’abreuvoirs : lorsqu’il fait très chaud, il peut y avoir de la compétition. Enfin, si nous devions aménager une aire d’exercice, nous avons deux parcelles qui jouxtent le bâtiment et peuvent être utilisées. »

Chiffres-clés

420 chèvres en moyenne
500 000 l de lait produit
2 associés et 1 salarié
55 ha
Alpine d’or 2021 du trophée Capgènes

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