Aller au contenu principal

Campylobacter, une menace émergente

Le germe Campylobacter est dans le collimateur de la Commission européenne. La filière volaille, premier réservoir de la bactérie, manque de moyens de luttes efficaces pour réduire sa prévalence en élevage et en abattoir.

Peu pathogène pour la volaille, la bactérie Campylobacter est la première cause de maladies d’origine alimentaire chez l’homme en Europe. La bactérie cause des troubles intestinaux bénins mais peut également provoquer des entérites aiguës, une bactériémie voire des syndromes post-infectieux dont celui de Guillain-Barré avec une atteinte du système nerveux. Le nombre de campylobactérioses recensées en 2014 par l’EFSA (European food safety authority) à partir des déclarations du milieu médical s’élève à 237 000 cas en Europe. Il augmente significativement depuis dix ans. Ces données ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, la plupart des entérites ne donnant pas systématiquement lieu à une analyse bactériologique. Selon une étude santé publique France (INVS) de 2015, l’incidence annuelle de campylobactérioses est estimée à 842 cas pour 100 000 habitants en France, contre 307 cas pour les salmonelloses. L’Europe a décidé de légiférer pour réduire le nombre d’infections et indirectement le coût pour la santé publique. S’y ajoute la problématique de l’antibiorésistance vis-à-vis des quinolones. Trois projets de textes réglementaires sont en préparation au niveau de la Commission européenne. Ils visent à réduire la prévalence de Campylobacter dans la filière avicole. La volaille est de loin le premier réservoir de la bactérie. Elle est associée à 50-80 % des cas de campylobactérioses. Près de la moitié sont dus à la consommation directe de viande contaminée, crue ou mal cuite car la bactérie, sensible à la chaleur, est détruite lors de la cuisson. L’autre est liée à une contamination croisée de l’environnement. Par exemple, en utilisant un même couteau pour couper un poulet cru puis un légume consommé cru. La dose infectante est très faible.

 

La filière volaille première exposée à un enjeu de santé publique

La bactérie Campylobacter est naturellement présente dans le système digestif des volailles, l’espèce principale étant C. jejuni suivie de C. coli. La contamination se fait à partir de l’environnement, à deux ou trois semaines d’âge. Le développement bactérien est optimal à 42°C, ce qui explique en partie pourquoi les pays du sud de l’Europe sont plus touchés qu’au nord (voir carte). Selon l’enquête communautaire de 2008, le taux de prévalence en France est de 76 % en élevage, de 88 % sur les carcasses et de 76 % sur les produits de volailles au niveau de la distribution. Le niveau de contamination des carcasses est de 2,4 log10 UFC/g dont 2,6 % à plus de 4 log10. « Une éradication totale est donc illusoire mais agir simultanément à trois niveaux de la chaîne alimentaire permettrait de réduire le risque de zoonoses : élevage, abattoir, consommateur », souligne Marianne Chemaly, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) de Ploufragan. L’Efsa a estimé qu’en divisant par 100 à 1000 le niveau de colonisation des volailles, on réduirait de 96 à 100 % le cas de campylobactérioses humaines. Pour l’instant la filière manque de moyens de lutte efficaces et applicables pour réduire la prévalence de Campylobacter. Les résultats des essais de l’étude Campybro sur les additifs alimentaires sont décevants. La piste vaccinale porteuse d’espoir est une solution de long terme. D’autres projets de recherches démarrent en 2017. L’industrie de la volaille demande davantage de temps pour avancer dans les recherches et s’inquiète de normes difficilement accessibles pour la plupart des pays européens. Depuis 2008, le Royaume-Uni a fait de la lutte contre le germe Campylobacter une priorité. Les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts engagés auprès de la filière comme du consommateur.

Pour en savoir plus

Voir dossier Réussir Aviculture d'octobre 2016. RA n°220 p. 10 à 19.

Au sommaire :

p. 12 - Un projet de texte européen sur les seuils de contamination bien avancé.

p. 14 - Une bactérie déroutante pour les chercheurs.

p. 16 - La vaccination, une voie de lutte à moyen terme.

p. 18 - Plan national de réduction au Royaume-Uni.

Les plus lus

Carte des zones de vaccination et zones réglementées pour la DNC
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : un premier cas confirmé dans les Hautes-Pyrénées et une 7e zone réglementée mise en place

Un premier cas a été confirmé le 10 décembre dans les Hautes-Pyénées après le foyer révélé en Ariège avec la mise en place d'…

Paysage agricole en Bretagne
Foncier agricole : le préfet n’est pas obligé de s’opposer à l’« agrandissement excessif » d’une exploitation agricole

Le préfet dispose toujours d’une simple faculté et non d’une obligation de refuser la délivrance d’une autorisation d’…

Cartes des foyers de FCO3 et FCO8 au 4 décembre 2025.
Les cas de FCO 3 et 8 progressent moins vite sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 4 décembre, 6995 foyers de FCO de sérotype 3 et 3209…

Lombric dans un prélèvement de sol à la bêche dans une parcelle.
Santé des sols : que va changer la nouvelle directive adoptée par l’UE pour les agriculteurs ?

La directive européenne sur la surveillance des sols, adoptée par le Conseil de l’UE puis par les eurodéputés en octobre, a…

Assemblée nationale
PLF 2026 - Crédits d’impôts bio, haie, HVE, allégements fiscaux : quelles mesures agricoles adoptées par les députés ?

En première lecture, les députés ont adopté les 13 et 14 novembre derniers plusieurs amendements dans le cadre de la partie…

Bateau maritime dans le port de Saint Nazaire contenant des importations de soja du Brésil.
Pesticides : la réciprocité des normes entre produits agricoles européens et importés va être étudiée par Bruxelles

La Commission européenne a annoncé le 25 novembre démarrer une étude d’impact sur les pesticides dangereux entrants dans l’UE…

Publicité