Aller au contenu principal

Union européenne/Marché commun de l'Amérique du Sud
Bruno Dufayet : l’accord avec le Mercosur va laisser entrer « des viandes d’importation dont les conditions de production sont diamétralement opposées aux nôtres »

Les professionnels de l’élevage bovin français ne décolèrent pas. Les accords commerciaux signés le 28 juin entre l’Union européenne et les pays du Mercosur vont avoir des conséquences délétères pour leurs élevages.

Bruno Dufayet.
© Interbev

L’accord signé entre l’Union européenne et les pays du Mercosur provoque une levée de boucliers dans le monde agricole français. De nombreux secteurs sont potentiellement concernées par cette nouvelle donne en matière d’échanges commerciaux avec les quatre pays du marché commun du sud : l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. La filière de l’élevage bovin, en particulier, se fait entendre. Le quota de 99 000 tonnes/an d’équivalent-carcasse (55 % de viande fraîche et 45 % de viande surgelée) qui vont pouvoir être importées vers l’Union européenne a mis le feu aux poudres. Pour Bruno Dufayet, éleveur dans le Cantal, président de la section bovine FDSEA et de la FNB, la Fédération nationale bovine, c’est « un coup potentiellement fatal » qui est porté par Bruxelles à l’élevage bovin.

Dans l’Union du Cantal, il fait part de toute sa colère. « Nos pires craintes ont été confirmées avec ce quota de 99 000 tonnes accordées alors qu’officiellement, la négociation ne portait que sur 70 000 tonnes, voire moins. »

L'élevage bovin viande sacrifié comme monnaie d'échange

« Vous avez le sentiment d'avoir une nouvelle fois servi de monnaie d'échange dans ces transactions ? ». A cette question posée par Patricia Oliviéri, Bruno Dufayet répond : « clairement, oui ! »

 

L’étude d’impact de ces projets de libre échange commercial demandée par la profession à l’Institut de l’élevage se révèle alarmante. Si l’on cumule Mercosur et Ceta (accord avec le Canada) c’est « une baisse du prix payé aux éleveurs de près de 10 % sur le marché européen » qui est à craindre, alerte Bruno Dufayet dans le journal cantalien. « Ce qui conduirait à la disparition de 30 000 élevages français - sur les 85 000 élevages de vaches allaitantes déjà fortement fragilisés et qui peinent à dégager un revenu - et de 50 000 emplois dans la filière. »

Et de dénoncer dans l’interview « l’incohérence politique la plus totale ! ».

 

L’accord n’est pas encore ratifié au niveau français mais la décision devra être prise sans garanties pour éviter une concurrence déloyale prévient encore le président de la Fédération nationale bovine.

« L’accord a été signé : soit il est ratifié en l’état soit il est rejeté. Mais en aucun cas, on ne pourra garantir le respect des normes européennes sur ces viandes d’importation qui dérogent à toutes nos réglementations: aucune identification individuelle des animaux donc aucune traçabilité, bovins traités aux antibiotiques comme activateurs de croissance… »

 

Lire aussi dans la Haute-Loire paysanne « Ces accords, c'est la mort de notre agriculture »

et dans l'Oise agricole UE/Mercosur : un accord polémique pour l'agriculture

et Un accord Mercosurement pas !

 

 

 

Les plus lus

Carte de l’évolution des prix des terres et prés libres entre 2023 et 2024
Quel prix des terres agricoles 2024 par département ?

Comment a évolué le prix des terres agricoles et prés libres en 2024 dans votre région ou votre département ? Réponse avec les…

Eleveurs regardant leur troupeau de vaches allaitantes.
« Contrairement aux idées reçues, qu’ils soient issus ou non issus du milieu agricole les nouveaux installés se ressemblent beaucoup »

Les projets d’installation des non issus du milieu agricole ressemblent bien plus qu’on le croit aux projets des actifs issus…

Moissonneuse-batteuse New-Holland CR dans un champ d'orge
Moisson 2025 : c’est parti pour la nouvelle récolte des céréales !

Le top départ de la moisson 2025 vient d’être donné, en commençant sans surprises par la récolte d’orges d’hiver en Nouvelle-…

Champ de noisetiers à Cancon, capitale de la noisette.
Interdiction de l’acétamipride : le Conseil d’État rejette un recours de Phyteis

Le Conseil d’État a rejeté, dans une décision rendue publique le 5 juin, la demande du syndicat Phyteis d’annuler un décret de…

Parcelles agricoles et prairies dans la Somme
Comment l’Académie de l’agriculture propose de revoir la gouvernance du foncier agricole et le statut du fermage ?

Estimant la gouvernance foncière agricole obsolète et le statut du fermage inadapté, un rapport de l’Académie de l’agriculture…

Récolte de petits pois chez un maraîcher de la Manche.
Qui s’installe sur des micro-fermes en France ?

Entre 2010 et 2020, les installations « dans un cadre familial » restent majoritaires, même dans les microfermes (60%), révèle…

Publicité