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Vulgariser la pelvimétrie pour trier les génisses

La pelvimétrie peut être un outil supplémentaire pour trier les femelles de renouvellement. Cette méthode est désormais proposée par Alsoni Conseil Élevage à tous les éleveurs de l’Allier, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire.

Mesure sur une génisse. Une fois le pelvimètre positionné dans le rectum, Thierry Malandre mesure d’abord la hauteur sacro-pubienne, puis referme le pelvimètre et le fait tourner à 90° pour mesurer la largeur bis-illiaque.
Mesure sur une génisse. Une fois le pelvimètre positionné dans le rectum, Thierry Malandre mesure d’abord la hauteur sacro-pubienne, puis referme le pelvimètre et le fait tourner à 90° pour mesurer la largeur bis-illiaque.
© F. d'Alteroche

Mesurer la pelvimétrie d’un bovin, c’est mesurer son ouverture pelvienne. Cette surface, exprimée en centimètre carré, est collectée grâce à un pelvimètre (voir encadré). Cette technique n’est pas révolutionnaire et n’a rien d’avant-gardiste. Des publications de l’Inra datées de 1971 en font déjà état. Cette mesure est d’ailleurs réalisée en routine depuis de nombreuses années dans les stations d’évaluation des jeunes taureaux des trois races rustiques. Elle l’est aussi dans les stations de contrôle sur descendance qualités maternelles de Moussours et Casteljaloux où sont évaluées les qualités maternelles des filles des futurs taureaux d’IA Limousin et Blond. Jusqu’en 2011, date de sa fermeture, ces mesures étaient aussi prises à Agonges, la station où étaient évaluées les qualités maternelles des filles des futurs taureaux d’IA Charolais.

Longtemps cantonnée à un usage en station

Très longtemps - et peut être trop longtemps - le recours à cette technique s’est cantonné à ces stations et n’avait donc pas la possibilité d’être utilisé à plus grande échelle dans les élevages. L’intérêt de cette mesure a été remis en avant par le Dégéram (Développement de la génomique des races du Massif). Les troupeaux volontaires pour faire l’objet d’un suivi dans ce cadre bénéficient de la mesure de la pelvimétrie de leurs femelles de renouvellement puisque cette mesure a un lien avec les facilités de vêlage. Plus cette ouverture pelvienne est conséquente et plus le veau doit pouvoir passer facilement. Appréciation à relativiser dans la mesure où la morphologie, l’ossature et le poids du veau ont aussi leur importance. Comme cette mesure est susceptible d’intéresser de nombreux éleveurs, Alsoni Conseil élevage a depuis l’an dernier élargit ses services et propose de réaliser ces mesures chez tous les éleveurs intéressés. Elles permettront de compléter les informations disponibles (origines, index, pointages...) pour trier les animaux qui ont, à priori, les meilleures dispositions pour vêler sans difficultés. "Au moment de la mesure, le technicien peut aussi déceler la présence d'un renflement osseux au niveau de l’os pubien susceptible de gêner le passage du veau", précise Cyril Collin, responsable d'Alsoni Conseil élevage pour le département de l'Allier.

Davantage d’éleveurs intéressés

« Dans l’Allier, nous avons réalisé l’an dernier ces mesures sur environ 500 génisses. Depuis, cela suscite de l’intérêt. Début septembre, pour ce seul département, nous avons planifié un peu plus de 1 500 mesures », explique Thierry Malandre, un des techniciens en charge de ce travail à Alsoni Conseil élevage. Et de préciser : « ce service n’est pas réservé à nos seuls adhérents. Il est proposé à tous les éleveurs allaitants des trois départements concernés. » Autant d'intervenants qui ont bénéficié au préalable d'une formation assurée par l'Institut de l'élevage.

Cette mesure est idéalement réalisée peu de temps avant la mise à la reproduction. Il est simplement conseillé de respecter un délai d’au moins un mois entre la séance de mesure et les IA ou la mise au taureau. Les génisses de 22 à 24 mois sont les principales concernées. Bien entendu, rien n’interdit la mesure des pelvimétries sur des génisses d’un an si l’élevage pratique le vêlage à deux ans. Rien n’interdit non plus de faire procéder à ces mesures sur des taureaux, puisqu’un mâle à forte pelvimétrie a logiquement plus de chance de faire naître des filles qui auront elles aussi une forte ouverture pelvienne. Pour autant, cette mesure ne garantit évidemment pas le 0% césarienne pour les primipares. Elle offre simplement la possibilité de réduire la probabilité d’avoir un vêlage difficile dans la mesure où elle propose un outil complémentaire pour faire un tri plus efficace. Qu’il soit d’IA ou de monte naturelle, le choix du père du veau conserve évidemment toute son importance.

Une génisse dont le bassin n’est pas suffisamment ouvert pourra donc être réformée avant sa mise à la reproduction. Elle restera donc dans la catégorie « génisse » une fois abattue. Comme toute technique dont l’utilisation « terrain » démarre, ses promoteurs manquent de recul pour savoir comment va évoluer cette pelvimétrie sur un même animal au fur et à mesure qu’il vieillit. « Sur des génisses pour lesquelles la mesure de l’ouverture pelvienne a été faite l’an dernier, il serait intéressant de renouveler ce travail cet hiver après leur premier vêlage de façon à analyser l’évolution entre 24 et 36 mois, en regardant aussi si la hiérarchie entre animaux demeure identique », précise Thierry Malandre.

Génisses bloquées au cornadis

« On fait une moyenne de 18 mesures à l'heure sur des génisses bloquées au cornadis avec forcément de petites variations selon les exploitations. Ce qui prend le plus de temps, c’est de changer de gant et de nettoyer le pelvimètre entre chaque intervention. Une bonne hygiène est primordiale.» Le document de synthèse renvoyé à l’éleveur fait état dans un tableau du numéro de la génisse, de son poids naissance, de ses origines paternelles. Est ensuite indiqué la date de la mesure, l’ouverture pelvienne en centimètre carré, l’âge et le poids de la génisse au moment de la mesure. La dernière mention est un indicateur. Il est retranscrit sous forme de flèche dont la couleur et la direction fait une synthèse de l’appréciation de l’ouverture pelvienne de l’animal en lien avec son âge et son poids. Il n’est en revanche pas fait état des chiffres bruts de la hauteur sacro-pubienne et la largeur bis-illiaque. "Côté tarifs, l’un dans l’autre, cela revient à un peu moins de 10 euros par tête, frais de véto compris », résume Thierry Malandre. La vulgarisation de cette pratique vient de démarrer. Dans l’Allier, il n’a pas été réalisé pour l'instant de synthèse des 500 mesures faites l’an dernier. Ce travail sera réalisé cet hiver.

Alsoni Conseil élevage est depuis 2014 le nom commun des entreprises de conseil élevage travaillant sur les départements de l’Allier, de la Saône-et-Loire et de la Nièvre. Ce rapprochement a permis une mise en commun des compétences et des moyens techniques et humains de chaque structure tout en s’ouvrant à d’autres services, dont celui de la mesure de la pelvimétrie.

La pelvimétrie en pratique

La pelvimétrie est une mesure de la surface pelvienne. Elle est réalisée grâce à un pelvimétre, appareil qui permet de mesurer deux distances à travers le rectum : la hauteur sacro-pubienne et la largeur bis-illiaque médiane, lesquelles multipliées entre elles donnent la surface pelvienne, exprimée en centimètre carré. La mesure se fait après avoir réalisé une anesthésie épidurale basse sur les animaux (anesthésie de la queue, de l’appareil génital et de l’anus). Le produit anesthésiant (lidocaïne) injecté au niveau de la jonction entre le bassin et la première vertèbre de la queue (espace saccro-coccygien) est soumis à la réglementation vétérinaire. La préconisation est de 1ml par tranche de 100 kilos de poids vif.

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