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Philippe Vannier, directeur de la santé animale et du bien-être animal à l'Anses(1)
"Une résurgence de la FCO en 2011 est probable si l'effort de vaccination n'est pas poursuivi"

L’Anses(1) recommande de continuer à vacciner les animaux l’année prochaine contre les sérotypes 1 et 8 pour ne pas perdre les acquis des trois années de vaccination, et estime possible - si le taux de couverture vaccinale est suffisant - l’éradication de la maladie.

« L'éradication de la maladie en France continentale est possible selon le groupe d'expertise, en maintenant la vaccination généralisée."
« L'éradication de la maladie en France continentale est possible selon le groupe d'expertise, en maintenant la vaccination généralisée."
© C. Gérard

Depuis le 1er juillet 2010, la participation de l’Etat aux frais de vaccination contre la fièvre catarrhale ovine cesse(2). La vaccination redevient libérale. Que conseillez-vous aux éleveurs ?

Philippe Vannier - L’arrêt complet de la vaccination exposerait à un risque de redémarrage de la FCO à partir de 2011 malgré l’existence d’animaux immunisés soit naturellement à la suite de l’infection, soit après vaccination. En effet, les experts estiment que la probabilité de circulation de BTV 1 et/ou BTV-8 en 2010 en France continentale est élevée à très élevée (8 à 9 sur une échelle de 0 à 9). Or, le renouvellement des reproducteurs adultes et la naissance de jeunes animaux non immunisés naturellement ou suite à la vaccination, augmenteront progressivement le nombre d’animaux sensibles. L’éradication de la maladie en France continentale est possible selon le groupe d’expertise en maintenant la vaccination généralisée (taux de couverture vaccinale de 80 à 90 % des animaux) contre les sérotypes 1 et 8. Déjà, vacciner une année de plus serait un élément suffisant dans beaucoup de régions françaises. L’évolution de l’épizootie dépendra des mesures de lutte entreprises au cours des deux prochaines campagnes en l’état actuel des connaissances sur la circulation des virus.

Quel bilan tirez-vous de la campagne de surveillance de la FCO en 2010 ?

Ph. V. - Bien qu’il faudra attendre début novembre pour tirer un bilan définitif sur la campagne, on peut d’ores et déjà présager que le nombre de foyers en France en 2010 sera très faible, limité tout au plus à quelques dizaines. A ce jour (22 juillet) un seul foyer de sérotype 1 est déclaré pour 2010. C’est un résultat exceptionnel. Rappelons que nous avions assisté à un doublement du nombre de foyers les deux premières années, avec 15860 foyers en 2007 et 32 341 foyers en 2008, puis à une diminution considérable de l’incidence de la maladie en 2009 avec seulement 83 foyers. Sur ces 83 foyers de 2009, les deux tiers avaient d’ailleurs été détectés par surveillance passive (symptômes déclarés par les animaux), et un tiers par surveillance active (prises de sang sur des animaux sentinelles, délibérément non vaccinés). Or cette année, il n’y a pas encore eu fin juillet un seul cas rapporté par surveillance passive, ce qui est relativement rassurant.

La campagne de vaccination contre la FCO en 2010 a-t-elle porté ses fruits ? 

Ph. V.- Globalement, la campagne de vaccination a été efficace. Le taux de couverture vaccinale des bovins a par contre été de 80 %, soit le taux minimum nécessaire pour être efficace dans la lutte contre la maladie. De plus, il semble que les ovins aient pu bénéficier d’une bonne couverture vaccinale, même si la vaccination semble avoir été mise en oeuvre plus tardivement que chez les bovins.

De quelles informations dispose t- on quant à la circulation des virus de la FCO cette année ?

Ph. V. - Au vu des différents éléments, selon le groupe d’expertise, il est très fortement probable que les virus de sérotype 1 et/ou 8 circulent cette année de façon très faible. Des résultats PCR positifs ont été reçus dans le cadre de la surveillance active par prises de sang sur les animaux sentinelles jusqu’en février 2010. Depuis, une bonne centaine de prélèvements se sont révélés PCR « non négatifs », ce qui signe une charge virale très faible, et ceci de façon durable dans le temps. Le sens épidémiologique de ces résultats pourrait être imputé à la circulation virale de 2009, ou à une circulation « à bas bruit » des virus, mais il ne permet pas en fait de conclure. Ensuite le premier foyer de FCO (sérotype 1) au titre de l’année 2010 a été déclaré le 8 juin dans un troupeau ovin à la frontière italienne.

Le système actuel de surveillance et dépistage n’est probablement pas suffisant pour détecter une circulation virale résiduelle avec précision. Il permet de savoir si les virus circulent ou non une année donnée, mais pas de savoir ou et quand tel virus se propage. Les deux derniers hivers ont été particulièrement rigoureux, (contrairement aux deux précédents pendant lesquels l’activité du moucheron vecteur de la maladie n’avait pratiquement pas cessé). Ceci a certainement joué en faveur de la situation épidémiologique.

Comment la situation évolue-telle ailleurs en Europe et en particulier près de nos frontières ?

Ph. V. - C’est un élément très positif : la situation est globalement maîtrisée dans tous les pays européens. La Grande-Bretagne est désormais classée en zone à faible risque pour le sérotype 8. Le Danemark, la Suède, la Hollande et la Belgique annoncent pour 2010 très peu de foyers pour le sérotype 8. L’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la République tchèque ont aussi moins d’une douzaine de foyers chacun. Ce sont des éléments très favorables pour la lutte contre le sérotype 8. Les foyers de sérotype 1 en Espagne sont beaucoup plus nombreux (environ 375) mais sont concentrés dans l’Ouest du pays, près de la frontière avec le Portugal.

Quel est le bilan des études de pharmacovigilance des vaccins contre la FCO?

Ph. V. - Pour la campagne 2009- 2010, il y a eu un peu moins de 300 déclarations de pharmacovigilance, concernant très majoritairement des bovins, contre 900 pour la campagne précédente. Nous incitons les éleveurs et les vétérinaires à mieux déclarer les cas suspects auprès du dispositif de pharmacovigilance, et d’établir une véritable démarche de diagnostic en cas de suspicion de réaction vaccinale. Le motif de déclaration arrivant en tête est l’avortement. 15 % des avortements déclarés ont été classés comme pouvant être possiblement imputés à la vaccination, c’est-à-dire que l’avortement s’est produit quelques jours après la vaccination et que des causes infectieuses majeures de l’avortement ont été écartées par des analyses, ou bien que l’avortement est survenu entre 1 et 14 jours après la vaccination et la vache présentait des signes cliniques de la maladie. Vient ensuite, presque aussi fréquente, la réaction de choc. Les deux tiers environ des déclarations ont été classées imputables à la vaccination. Ensuite sont déclarés, de façon beaucoup moins fréquente, des réactions au point d’injection. La plupart correspondent à l’association du vaccin BTVpur Alsap 8 avec le vaccin Zulvac 1 bovins. 

(1) Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, issue de la fusion de l’Afssa et de l’Afsset.

(2) La vaccination reste obligatoire jusqu’au 2 novembre avec des tarifs fixés en commission bipartite, mais sans avoir encore le prix des vaccins.

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