Aller au contenu principal

Une rentabilité variable pour les unités de méthanisation actuelles

Si certains freins ne sont pas levés, l’objectif de 1000 installations à l’horizon 2020 paraît périlleux au regard de résultats décourageants. L'AAMF a souhaité tirer la sonnette d'alarme.

Le constat économique de l’association des agriculteurs méthaniseurs de France n’est pas positif.
Le constat économique de l’association des agriculteurs méthaniseurs de France n’est pas positif.
© Jean Nanteuil

« Des retours terrains sur des unités de méthanisation de plus de trois ans d'existence ont fait apparaître une rentabilité très variable, difficile à atteindre et dans certains cas associée à une situation tendue, voire dégradée. Le fonctionnement s’avère plus coûteux que prévu, la tarification n’est pas adaptée et la fiscalité pénalisante. On considère qu’il est aujourd’hui dangereux d’engager de nouvelles réalisations si certains freins ne sont pas levés », constate Alain Guillaume, président de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (l’AAMF), reproupant 60 membres, lors d'un point presse organisé mi-décembre.

Si les résultats sont encourageants la deuxième et la troisième année de fonctionnement, le retour d’expériences montre qu’il faut rester vigilant en quatrième et cinquième année. « Avec le recul, on s’est rendu compte que de grosses réparations surviennent au bout de trois à cinq ans et non sept, comme annoncé par les constructeurs et installateurs. Les rations utilisées en France, plus difficiles à brasser ou à pomper que celles privilégiées en Allemagne sont une cause de ce vieillissement prématuré. Aussi, préconise-t’on de prévoir six semaines d’arrêt de production tous les trois ans pour les opérations de maintenance. Pour y faire face, il est important de provisionner deux ou trois semaines par an soit 4 à 6 % du chiffre d’affaires », note Philippe Collin, administrateur de l’association, avant de poursuivre "à chaque fois, nous constatons que les EBE, en années moins favorables, sont insuffisants pour dégager une rémunération pour les exploitants associés. D’autre part, il ressort de manière récurrente que les coûts de production et de maintenance sont sensiblement au-delà des prévisionnels. »

Des points de vigilance

Pour réussir, il faut être attentif à un certain nombre de points. Le niveau d’investissement est à maîtriser. « On estime qu’il ne faut pas dépasser les 6000 à 7000 €/kWé installé. On a absolument besoin d’une filière française d’équipementiers pour contrôler ce coût. Il est également indispensable de maîtriser la biologie pour faire tourner son moteur à au moins 8 000 heures à la puissance nominale et de valoriser parfaitement l’énergie thermique, pour obtenir un meilleur prix de rachat de l’électricité. Ceci nécessite par ailleurs de sécuriser les approvisionnements et donc de disposer d’un stockage suffisant pour faire fonctionner l’installation sur l’ensemble de l’année. Sans soutien financier, il n’est pas possible d’amortir les installations."

Des incohérences

Le gouvernement favorise par des appels à projet, les grandes installations de plus d’un mégawatt. Or, à ce niveau de puissance installée, la prime aux effluents est supprimée. Cette dernière est en effet dégressive au fur et à mesure que la puissance augmente. Le constat est le même pour le digestat. « Il coûte deux fois plus qu’il ne rapporte actuellement. On n’a pas le droit de le commercialiser alors que nos voisins belges par exemple, obtiennent une homologation de vente et viennent l’épandre en France… », remarque l’AAMF. Les agriculteurs méthaniseurs pointent également le système de tarification de l’électricité, très complexe et qui n’encourage pas les projets.

Les plus lus

calendrier pâturage groupement pastoral Ariège
Groupement pastoral : « nous mettons en commun 900 bovins sur 1 300 ha »

En Ariège, le groupement pastoral de Sorgeat rassemble dix éleveurs. Cinq cents vaches suitées, majoritairement de race…

Haute-Savoie prairie troupeau bovin laitier
Dermatose nodulaire contagieuse : les points clé de la stratégie d'éradication

Les GDS et GTV de la région Grand-Est ont diffusé le 26 juillet un document synthétisant les informations essentielles sur la…

Dermatose nodulaire contagieuse
Ce que l'on sait sur la dermatose nodulaire contagieuse

La dermatose nodulaire contagieuse conduit à des pertes économiques importantes. Le point sur les connaissances scientifiques…

cirphis chenille des prairies Mythimna unipuncta
Pyrénées-Atlantiques : la chenille des prairies cause des dégâts majeurs

Le cirphis ou chenille des prairies pullule cette année dans les Pyrénées-Atlantiques. Début août, les dégâts sont déjà…

ventilateur à flux horizontal bâtiment élevage bovin
Stress thermique en élevage bovins viande : quel est l'intérêt des ventilateurs ?

Pour limiter le stress thermique des jeunes bovins en engraissement, les brasseurs d’air trouvent leur intérêt technique et…

Élevage bovins viande : « je fais pâturer du moha pour limiter l’affouragement en été » 

Depuis quatre ans, le Gaec du Lac dans le Cher sème un moha entre deux orges sur une dizaine d’hectares. Cette graminée…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande