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Une prolificité de haut niveau

Au Gaec Les Chazals, lauréat des Sabot d'Or en race Aubrac l'an dernier, docilité, pelvimétrie et aptitudes laitières sont dans l’ordre les trois premiers critères de sélection. Associées à un suivi minutieux du cheptel, ils se conjuguent pour atteindre un taux de prolificité de haut niveau. 

Au Gaec les Chazals, à Recoules d’Aubrac en Lozère, difficile de faire mieux côté productivité numérique. Au cours de la campagne 2016-2017, il y a eu 105 vêlages, 108 veaux nés, 0 % de mortalité et un IVV moyen de 361 jours, pour arriver au final à un taux de prolificité de 114 %. Pour la campagne en cours, la tendance est la même. Les chiffres étaient également très bons pour les campagnes 2014-2015 et 2015-2016, même si le taux de mortalité avait été de 3 %. Ces résultats sont d’abord le résultat d’une surveillance pointilleuse du cheptel tout au long de l’hivernage, lequel, compte tenu de sa durée (de fin novembre à début mai), voit se succéder vêlages puis mises à la reproduction. Toutes les femelles bénéficient de cures de vitamines et minéraux avant vêlages. Les vaches sont vaccinées avant vêlages puis les veaux le sont eux aussi contre les maladies respiratoires, l’entérotoxémie et les deux sérotypes de la FCO. « Nous passons beaucoup de temps dans la stabulation, surtout en décembre et janvier », reconnaissent Bernard Prat et Sylvie Plagnard. Ces bons résultats sont également le résultat de vingt ans de sélection, en bénéficiant des conseils des techniciens de l’Union Aubrac. « Nos trois priorités ont toujours été, dans l’ordre, la docilité, la pelvimétrie et le lait, en accordant une grande importance à la qualité du pis et des trayons », soulignent les éleveurs. Toutes les génisses sont dressées au moment du sevrage avec la méthode Souvignet. « Nous les attachons aussi dans leur parc dès le premier hiver. Cela facilite vraiment le travail par la suite. » Les critères de sélection sont d’abord dictés par les impératifs économiques. Des vêlages faciles facilitent l’obtention de bons IVV. « En cinq ans et 512 vêlages, on a fait venir une fois le vétérinaire pour une césarienne sur un veau malformé qui ne pouvait pas naître par voies naturelles », précise Bernard Prat. La qualité d’une vache est d’abord jugée à la qualité de son veau en fin d’été. « Il nous faut des vaches qui coûtent le moins cher possible pour leur entretien, et qui soient à même de produire des veaux vendus le plus cher possible. »

Une majorité de vêlages en décembre

Les deux générations de génisses de renouvellement sont hivernées dans un bâtiment à l’attache, et toutes les femelles suitées sont dans une stabulation libre construite en 2008. Elle se compose de quatre cases (deux de 22 places et deux de 28) et associe caillebotis pour le quai d’alimentation et aire de repos paillée (5 kg de paille par vache par jour). Les animaux ne sont pas écornés. Pour limiter les affrontements au moment de la rentrée à l’étable, les quatre lots sont constitués à l’herbe en cours d’automne selon leur âge, dans la mesure où de toute façon la quasi-totalité des mises-bas se déroulent sur deux mois. « Nous voulons des vêlages les plus groupés possible et qu’ils aient tous lieu à l’intérieur pour faciliter leur surveillance. Cet hiver, on en a eu 70 en décembre. » La caméra est largement utilisée, tant pour la surveillance des vêlages que la détection des chaleurs. 

Avec autant de naissances sur une si courte période, les vaches tendent à se bousculer devant les cases de vêlage en début de campagne. « L’idéal est que chacune puisse y rester 24 heures avec son veau pour une bonne prise du colostrum. » Pour permettre une meilleure surveillance et éviter tout accident, les veaux ne restent ensuite pas en permanence avec les mères mais sortent de leur case matin et soir pour la tétée. Une fois les vêlages terminés, à chaque case de vache correspondent trois cases de veaux, où ces derniers sont répartis selon leur âge. De plus, au cours des quinze premiers jours qui suivent le vêlage, les jeunes veaux sortent de leur case quatre fois par jour pour aller téter : le matin à 6 h 30 puis 11 h, et le soir vers 17 h puis 21 h. Tous les quartiers sont ensuite vidés manuellement. Un travail facilité par le calme des mères.

De la naissance à la mise à l’herbe, les veaux ont du foin à libre disposition. « Nous leur réservons le meilleur. Il s’agit de préférence de foin acheté, récolté sur sol calcaire. » Dès qu’ils sont en mesure de le valoriser, ils disposent également d’un mash fibreux rationné à 300 g/tête/j distribué deux fois par jour.

50 % des femelles inséminées en croisement 

La mise à la reproduction démarre le 1er mars pour les vaches puis le 25 mars pour les génisses, et toutes les chaleurs vues les semaines précédentes sont notées. « On préfère faire vêler les génisses juste après le pic de vêlage des vaches. Cela facilite la surveillance. Avec une alimentation adaptée et des taureaux bien choisis pour avoir des vêlages faciles, cela ne se traduit pas par la suite par un décalage des mises-bas. » L’IVV entre le premier et le second vêlage était de de 360 jours l’an dernier. La plupart des femelles sont inséminées. D’une année à l’autre, environ 75 % des veaux sont issus d’IA (90 % cet hiver). « Notre parcellaire est compliqué et morcelé et nous oblige à avoir dix lots de vaches suitées à la belle saison. Si on avait des vêlages de fin d’hiver, il nous faudrait dix taureaux ! Généralement nous n’en utilisons que trois, dont deux de 18 mois. » La plupart des vaches sont donc pleines au moment de la mise à l’herbe, laquelle a classiquement lieu la seconde semaine de mai compte tenu de l’altitude. Un diagnostic de gestation est réalisé début mai sur toutes les femelles inséminées depuis plus de trois semaines. « Nous avons un seul gros lot, composé d’une vingtaine de vaches suitées de femelles pures et de génisses de 2 ans. Accompagnées d’un taureau, elles sont dans une estive située à 1 400 mètres d’altitude à une vingtaine de kilomètres. »

Environ 50 % des femelles sont inséminées en croisement et il n’y a pas de taureau charolais sur l’exploitation. « Vaches ou génisses, on fait inséminer avec du « blanc » tout ce qui ne nous convient pas, pour garder des génisses de renouvellement (problème de morphologie, d’aplombs, niveau d’indexation analysé comme insuffisant…) Cette année, on a utilisé Ecrin et Fortune sur génisses, et Hardi, Hulk et Idéal sur vaches. Patrice Privat, notre inséminateur, nous procure de bons conseils pour adapter au mieux le choix du taureau de croisement », précisent les éleveurs.

En Aubrac, quatre ou cinq taureaux d’IA différents sont utilisés chaque année, en associant ceux dont les caractéristiques de production sont bien connues et correspondent à ce qui est recherché pour faire naître le renouvellement et en utilisant également deux ou trois jeunes dont le profil correspond aux objectifs de sélection. 

Poids objectif de 420 kilos à la vente

Les broutards ont libre accès au nourrisseur dès la mise à l’herbe pour les plus lourds, ou à compter de juin pour les autres. Aubrac ou croisés, les premières ventes ont lieu début septembre, dès que le poids objectif de 420 kilos est atteint. « Avec des ventes centrées sur le début de l’automne, notre système peut être fragile si le débouché italien présente des difficultés à cette période. » Les sept ou huit meilleurs mâles Aubrac sont conservés. « On en utilise un ou deux l’année suivante pour suivre de petits lots de vaches suitées avant de les vendre à l'automne, et les autres sont vendus pour la reproduction en cours d'hiver. » Les broutardes croisées ont longtemps été vendues au même éleveur qui les valorisait dans le cadre de l’IGP Fleur d’Aubrac. Mais, depuis deux ans, c'est davantage au gré des opportunités. « Pas question de les finir sur l’exploitation, nous n’avons ni les surfaces ni les fourrages et céréales nécessaires. » Idem pour les vaches. La plupart d’entre elles sont vendues pour l’élevage, souvent aux mêmes éleveurs d’une année sur l’autre. « On a deux principales périodes de vente : à l’automne une fois taries, ou suitées peu avant la mise à l’herbe. »

Chiffres clés

Gaec à trois associés : deux frères, Adrien et Bernard Prat, et Sylvie Plagnard, compagne de ce dernier 
160 ha en prairies permanentes.
105 vêlages par an en moyenne, avec un taux de renouvellement de 20 % et un taux de croisement d’environ 40 %

Sélectionneur Aubrac mais également Charolais

À côté des Aubrac, le Gaec détient également une Charolaise. Elle est au même régime que les Aubrac et produit d’ailleurs très bien. Elle est inséminée en race pure en cherchant à maximiser le DM et non le DS avec les taureaux du même programme Excellence Charolais utilisé pour les Aubrac. L’un de ses mâles, Idéal, fils de Vulpin, a d’ailleurs été sélectionné dans le cadre de ce programme. Favorablement évalué, puisque champion de la série de testage 2017 (FN : 100 ; Muscle Précoce : 124), il est depuis cette année mis en avant sur le catalogue pour une utilisation tant sur laitières que races rustiques.  

Un déficit récurent en fourrages

Le principal point faible de l’exploitation est de ne pas être autonome en foin. « Nous faisons peu d’enrubannage, juste si la pluie menace ! », précisent les éleveurs. Cette situation découle du manque de parcelles mécanisables et de la forte pression foncière sur le secteur qui fait que toute parcelle qui se libère est âprement convoitée. « C’est une contrainte. Le foin est toujours rationné et selon sa provenance, le foin acheté n’est surtout jamais le même. Chaque année, un de nos casse-têtes est de savoir comment faire pour équilibrer au mieux la ration. Nous sommes toujours à l’affut de conseils. Nous aimons bien participer à des formations sur le rationnement et la minéralisation. C’est d’abord avec ce que les vaches vont trouver dans la crèche que se joue le bon taux de réussite à l’IA ! » 

Avis d’expert 

Claire Forestier, Bovins croissance Lozère

« Un suivi méticuleux du cheptel »

« La ration hivernale des vaches suitées associe environ trois quarts de foin de l’exploitation et un quart de foin acheté (souvent du foin de luzerne) avec un peu plus de 1 kilo d’aliment complémentaire à 16 % de MAT. Pour autant, les résultats techniques sont excellents tant pour la prolificité, le taux de fertilité – avec pratiquement 85 % de réussite dès la première IA – et les croissances de veaux de la naissance au sevrage. Les associés sont extrêmement méticuleux dans le suivi du cheptel avec le souci de faire au mieux et sont toujours demandeurs d’informations complémentaires. Cette année, un des objectifs va être de mettre en place du pâturage tournant sur l’estive qui rassemble une grosse partie du cheptel en été (génisses pleines et vaches suitées de femelles), de façon à mieux valoriser la ressource disponible sur cette parcelle. »

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