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Une conception en adéquation avec les étapes clés de la vie des veaux

De bonnes conditions de logement des veaux allaitants et de leurs mères, ainsi que des équipements à disposition permettent d’intervenir dans les meilleures conditions.

Pour que les bâtiments d’élevage représentent un des leviers de bonne santé des veaux, leur conception, aménagement et utilisation doivent être en cohérence avec les étapes clés depuis la naissance jusqu'au sevrage. Ils doivent prendre en compte leurs besoins physiologiques, leur suivi sanitaire, leur sensibilité aux facteurs climatiques et l’hygiène générale, dès les premiers soins après vêlage et tout particulièrement au démarrage (quinze premiers jours de vie). « Au préalable, il est également important de veiller à placer les mères dans les meilleures conditions, tant pour la phase de préparation que de surveillance de l’arrivée et du déroulement des vêlages car la santé du veau est le reflet étroit de celle de sa mère (ni trop ni trop peu d'état corporel, absence de carences, absence de pathologies chroniques, maîtrise du parasitisme…) », note le docteur Christelle Roy, vétérinaire et directrice du GDS de Corrèze.

Les bâtiments doivent être adaptés à la préparation au vêlage. Aussi, ils doivent permettre d’alloter les animaux en fonction de la conduite d’élevage (taille des lots, nécessité ou non de réallotement en bâtiment…) et de les surveiller facilement. « Les aires de vie doivent également tenir compte des difficultés de mobilité des vaches en fin de gestation. Un quai d’alimentation peut  gêner l’animal et représenter un risque. Pour ces animaux, il faut préférer une aire paillée, qui peut être associée à une aire bétonnée raclée mais sans différence de niveau avec l’aire d’alimentation », remarque Stéphane Mille, chef de projet bâtiment à l’Institut de l’élevage. Préparer les futures mères, c’est aussi les protéger de tout stress inutile. Il est préférable de regrouper les femelles gestantes environ un mois avant vêlage. Ce regroupement peut également être l’occasion de constituer des lots en fonction de la date prévue de vêlage en visant un écart d’âge des veaux de trois semaines maximum, pour minimiser les risques sanitaires. Cette pratique aura un impact sur les équipements et les aménagements nécessaires dans le bâtiment : nombre de cases disponibles, équipements d’assistance au vêlage, contention…

Le vêlage représente l’étape stratégique pour la santé du veau.

La case de vêlages est un espace d’interventions spécifiques dédié aux mises bas et équipé de manière à sécuriser et faciliter le vêlage, les premiers soins au veau et l’adoption du nouveau-né par sa mère. Le nombre de cases de vêlages dans un bâtiment doit être adapté aux besoins (selon l’étalement des vêlages et l’effectif concerné). On recommande en général d’associer au moins une case de vêlages par lot de vaches. Ce n’est ni une infirmerie, ni une case à veaux que l’on doit retrouver ailleurs dans le bâtiment.

Pour limiter le stress de la mère et faciliter sa manipulation, il est recommandé que cette case fasse partie intégrante du bâtiment. « Pour respecter le comportement grégaire des bovins, la case de vêlage doit être localisée à proximité des autres mères dans une zone calme, propre, bien éclairée et protégée des courants d’air. Éviter l’isolement visuel de ses congénères habituelles est préférable. Son accès doit également être propre, aisé et rapide pour les mères prêtes à vêler mais aussi pour l’éleveur, les intervenants et le matériel : accès avec un tracteur afin de relever une vache, d’évacuer un cadavre et de curer facilement un box, proximité d’un local technique pour le rangement de la vêleuse et des équipements nécessaires aux premiers soins du veau et de la mère mais également d’une pharmacie pour faciliter une thérapeutique d’urgence ou isoler un animal. Du fourrage et de l’eau doivent être accessibles à la vache fraîchement vêlée pour favoriser sa récupération, mettre en route l’allaitement et ainsi, la santé de son veau », rapporte Christelle Roy, avant de poursuivre « l’hygiène de ce lieu reste primordial, le vêlage correspondant à une baisse d’immunité flagrante de la mère qui se traduit par une excrétion de nombreux microbes et à une absence d’immunité du veau avant qu’il n’ait tété le colostrum ce qui le rend extrêmement sensible à la contamination. Après chaque vêlage, la case doit être réapprovisionnée en paille. Le nettoyage et le curage seront à réaliser chaque fois que l’état de la litière le nécessite et au moins à la fin de la période de vêlages lorsque ceux-ci sont groupés. La désinfection doit se faire après tout épisode infectieux majeur. » Si le vêlage a lieu dans l’aire de vie des vaches, des aménagements spécifiques peuvent être mis en place pour un isolement ponctuel dans une partie de la case (barrières repliables et équipements de contention), suffisamment paillée et propre.

Des premiers soins réalisés rapidement grâce à la disponibilité des équipements

Pour effectuer les premiers soins (nettoyage du cordon ombilical, maintien de la température du veau, bonne prise du colostrum…), voire les gestes de premiers secours, la présence d’équipements adaptés, propres et bien entretenus, à proximité du lieu de vêlage, permet d’intervenir rapidement, facilement et en toute sécurité pour l’homme et l’animal. Si elle doit avoir lieu, la réanimation d’un veau nécessite de pouvoir le suspendre par les postérieurs durant une minute maximum. « La réussite de la réanimation d’urgence dépend bien sûr de l’étendue des lésions cérébrales mais surtout de la rapidité d’intervention. Elle est donc conditionnée par l’aménagement des cases de vêlages, la présence et la disponibilité du matériel nécessaire, en bon état. Autre exemple, l’aménagement dans la case de vêlages d’une barrière de contention permet de bloquer la mère pour une première tétée réussie et d’intervenir en toute sécurité, en limitant le stress des animaux et les risques pour l’éleveur et le veau. »

Passé le cap des 48 heures, les besoins du veau allaitant pendant la phase de démarrage sont en majeure partie couverts par sa mère mais, pour un développement optimal du futur ruminant, « le veau a besoin d’eau dès son plus jeune âge, d’aliments fibreux et de sel dès deux semaines. C’est pourquoi, la case à veaux doit disposer des équipements nécessaires permettant aux veaux d’accéder facilement à ces sources d’alimentation et d’abreuvement. Ils peuvent ainsi subvenir à leurs besoins de croissance et acquérir progressivement leur capacité de rumination. Les veaux doivent disposer d’abreuvoirs spécifiques, non accessibles aux mères, ajustés à leur taille et dont la surveillance et le nettoyage sont aisés », poursuit Stéphane Mille.

Des cases à veaux adaptées à leur âge

Les périodes de naissance vont conditionner les moyens d’accès à l’alimentation (tétée, aliment solide, abreuvement). Pour des jeunes veaux, des râteliers et/ou des nourrisseurs doivent être installés dans leurs cases. Pour les plus âgés, l’accès à l’alimentation solide doit se faire de façon spécifique dans le bâtiment, si possible directement sur la table d’alimentation. Cela pose la question de l’accès de l’homme et du matériel, pour la surveillance, l’approvisionnement et le nettoyage des auges, nourrisseurs et râteliers.

« Des mesures de prévention en fonction des problèmes dominants permettent de limiter les risques dans cette période. Limiter le microbisme en respectant la densité animale, en séparant les classes d’âge, en veillant aux quarantaines lors d’introduction d’animaux, en luttant contre les nuisibles et intrus pouvant véhiculer des pathogènes. Renforcer l’immunité des veaux en les complémentant au besoin en vitamines, oligoéléments, en les vaccinant si nécessaire, en les traitant en cas de parasitisme identifié. Veiller à noter toute intervention ou pathologie identifiée car on oublie vite sur quel veau on a dû soigner une diarrhée parfois sans gravité. Exploiter ces données avec son vétérinaire lors du bilan sanitaire d’élevage facilite la mise en place d’un plan de prévention adapté à son élevage », insiste Christelle Roy.

Le veau grandit, il faut ainsi penser que ses besoins en surface, en volume et en ventilation augmentent aussi mais également sa tolérance aux écarts de température. Il faut également penser aux équipements à mettre en place pour les interventions spécifiques (écornage, déparasitage, vaccination…). Des équipements de contention adaptés permettent d’intervenir facilement sur un animal pour prendre la température ou administrer un traitement…

La biosécurité, à ne pas négliger

Une bonne hygiène générale est toujours à rechercher. Cela passe par un curage régulier des aires de vie, un nettoyage soigné du bâtiment au moins une fois dans l’année et au besoin sa désinfection suivi par un vide sanitaire qui permet au bâtiment de s’assécher une fois qu’il est propre. Les surfaces difficilement nettoyables ou désinfectables doivent être évitées ou bien revêtues de parement lisses (panneaux résines ou pvc). L’hygiène passe également par le contrôle de la qualité de l’eau et la mise en place de certaines précautions vis-à-vis des intervenants extérieurs (pédiluve avec lave-bottes).

L’observation quotidienne des animaux est la garantie de leur bonne santé. C’est pourquoi, la surveillance doit se faire facilement, sans déranger les bêtes. Les couloirs de circulation jouxtant les cases sont d’une grande utilité. Un point de contrôle en hauteur permet d’avoir une vue d’ensemble sur les animaux. Les équipements au sein d’un bâtiment d’élevage doivent optimiser la santé des veaux sans oublier la sécurité de l’éleveur. D’où l’importance de pouvoir intervenir sur les veaux en les isolant des mères.

« Quand on réfléchit un bâtiment, il faut avoir en tête toutes ces évidences (allotement par poids, besoins physiologiques des animaux, gestion de la reproduction, régimes alimentaires, mode de gestion des déjections…). Il doit être facile d’usage, d’entretien et évolutif. Il est également important de l’adapter aux contraintes du site sans oublier le bien-être de l’éleveur. À chaque éleveur son bâtiment ! », conclut Michel Joly.

Mise en garde

« Il est indispensable pour la santé des animaux de neutraliser les bétons neufs dont le pH basique du ciment peut brûler les tissus en contact (cuir, sabots) et de favoriser la multiplication de certaines bactéries dont les colibacilles », souligne le docteur Christelle Roy. Cela consiste à acidifier le béton, une fois sec puis à le rincer.

Pour aller plus loin

La brochure Des veaux allaitants en bonne santé, conduite d’élevage adaptée et bâtiments bien conçus éditée par l’Institut de l’élevage aborde le sujet de la santé des veaux allaitants au travers de deux thématiques qui sont mises en relation : d’un côté la santé des veaux et de leurs mères, de l’autre le logement des veaux et les zones d’isolement. Ce document résulte d’une réflexion menée dans le cadre du plan Ecoantibio 2017 mis en place par le ministère de l’Agriculture. Il constitue un recueil de recommandations sur le logement des veaux allaitants et de leurs mères, en lien avec la gestion de la santé animale.

Téléchargement gratuit sur www.idele.fr ou édition papier en vente sur http://technipel.idele.fr/

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