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Minéraux
Une année à risque pour les carences en oligo-éléments

Cette année est particulièrement à risque vis-à-vis des carences en oligo-éléments. De plus une modification réglementaire amène à revoir les pratiques vers une complémentation plus étalée dans le temps.

© F. Alteroche

Pourquoi les oligo-éléments sont-ils aujourd'hui plus souvent incriminés ?

Les deux principales raisons de l’augmentation de la fréquence de ces carences sont le fait que les performances des animaux se sont largement améliorées au cours des dernières décennies et que leur alimentation est moins concentrée en oligoéléments.

L’utilisation d’espèces végétales plus productives mais moins concentrées en oligo éléments est l’une des différentes raisons qui explique l’augmentation de la fréquence des carences. Avec des problèmes infectieux, parasitaires,génétiques et des couvertures énergétiques et azotées de la ration globalement mieux maîtrisés aujourd’hui qu’hier, les carences ou excès en oligo-éléments deviennent plus apparents et donc identifiables. Le ray-grass est faiblement pourvu en oligoéléments ; l'ensilage de maïs  est carencé pour tous les autres composants autres que l’énergie,le phosphore et le magnésium.

L'évolution des pratiques de fertilisation jouent aussi. Les scories, riches en oligoéléments, largement utilisées par le passé, ont été remplacées par des engrais N,P,K plus épurés. D'autre part, pour les éleveurs, les investissements en engrais et compléments alimentaires peuvent être lourds à supporter pour certains dans les périodes difficiles.

Les risques sont-ils encore accrus cette année à cause de la météo ?

La période de sécheresse a pu impliquer des insuffisances d’apport en quantité palliées par l’utilisation de fourrages de plus ou moins bonne qualité (foin, paille...) avec de basses teneurs en oligo-éléments. De plus en, période de sécheresse, l’herbe et les plantes se développent moins bien et l’assimilation des minéraux, dont surtout les oligoéléments,est diminuée.

De plus quand l'herbe manque, le bovin broute à ras du sol et risque d’ingérer de la terre. Celle-ci contient certains minéraux en quantité comme le fer et le manganèse, qui réduisent l’absorption d’autres minéraux et aggravent les carences des oligo-éléments.

Les fortes pluies qui ont suivi dans certaines zones ont lessivé les sols entraînant les minéraux vers la profondeur. Cela a aggravé les carences des plantes, notamment pour le sélénium et l’iode, très solubles et donc sensibles au lessivage du sol.

En ce début d’automne, nous sommes donc face à des bovins ayant retrouvé une alimentation bien pourvue en énergie et azote, présentant un bel aspect, mais potentiellement carencés en minéraux, notamment en sodium et oligoéléments si une complémentation spécifique n’a pas été mise en place et n’est pas poursuivie.


Comment diagnostiquer les carences en oligo-éléments ?

Les principaux outils disponibles sont l’examen clinique individuel et collectif, l’autopsie et les analyses de sang.

L’examen clinique individuel et collectif passe par un état des lieux à effectuer au sein de l’élevage. Seront étudiés la productivité numérique du troupeau (nombre de veaux sevrés par vache mise à la reproduction et par an) qui intègre le taux de gestation (norme >à 90 ou 92% suivant la race), l’intervalle entre vêlages (norme <à 370 jours) et le taux de mortalité des veaux avant le sevrage (norme <5%), le taux de morbidité par catégorie avec les causes rencontrées et leur distribution en fonction des saisons et leur positionnement dans chaque saison. Un point particulier sera fait sur les primipares (âge moyen au vêlage,étalement des vêlages, difficultés au vêlage,atteinte des veaux, intervalle 1er - 2e vêlage...). La croissance des veaux, lorsqu’elle peut être connue, constitue un complément intéressant. L’évolution au cours des années est un élément d’appréciation supplémentaire.

L’autopsie, notamment lors de mort brutale, permet un diagnostic différentiel (ex.: carence en sélénium avec atteinte cardiaque/entérotoxémie). La gestion des risques sani- taires liés aux carences en oligoéléments doit être préventive par une évaluation du statut des animaux suivie par une correction ciblée et contrôlée en fonction des insuffisances relevées.

Les analyses de sang seront effectuées en fonction de la période zootechnique des bovins et la complémentation à mettre en place ou mise en place (délai de deux mois pour être efficace). Un échantillon sera prélevé sur 10 % des vaches, avec un minimum de 5 animaux. Les animaux choisis seront sans problèmes particuliers, entre 6 et 8 mois de gestation. On fera la recherche de cuivre (cuprémie), zinc (zincémie), sélénium (glutathion peroxydase érythrocytaire), iode (iodémie).

Peut-on doser les oligo-éléments par une analyse des poils ?

Les analyses pilaires sont pratiquées par certaines firme-services comme diagnostic des carences en oligo-éléments. Le poil peut être aisément prélevé et transporté. Mais comme l’indiquait,le Pr Brigitte Siliart de l’école vétérinaire de Nantes : «le dosage des oligoéléments dans les poils est la pire des techniques, car les oligo-éléments dans les poils varient énormément et l’interprétation est impossible». Ce que l’on y trouve n’est pas lié à ce que l’on trouve dans les tissus : le poil, est plus riche en sélénium que le reste de l’organisme ; l’incorporation dans les poils dépend de l’activité métabolique et de la varia- tion saisonnière ; la couleur du pelage aboutit à de grandes variations dans la composition en oligo-éléments des poils.

Une modification réglementaire amène à revoir les pratiques de complémentation

L’apport maximal est plafonné par l’application de la règle des 15%, c’est-à-dire que les apports totaux ne doivent pas dépasser 15 % de la quantité totale autorisée pendant toute la période d’élevage considérée, limitée à trois mois.

Ainsi pour une vache allaitante, la quantité de fourrages ingérée sur 90 jours est estimée à 1380 kg, et la teneur maximale autorisée est de 0,5mg/kg de sélénium. Donc l’apport maximal possible par la ration sur la période est de 690 mg de sélénium (1.380 x 0,5), impliquant un apport possible de sélénium par les suppléments nutritionnels de 103,50mg (690 x 15%).

De plus, pour certains oligo-éléments présentant un risque de toxicité comme le sélénium et le cobalt pour les bovins, la réglementation impose dorénavant un apport journalier plafonné. Pour le sélénium, chez la vache allaitante, l’apport journalier ne doit pas dépasser 7,66 mg. La DGCCRF a demandé aux fabricants le retrait du marché de leurs suppléments nutritionnels dépassant ces normes.


Cela implique que la complémentation devra être plus étalée, effectuée plus en continu. Chaque éleveur se doit donc de prendre contact avec son ou ses fournisseurs pour adapter sa complémentation en oligo-éléments.

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