Aller au contenu principal

Fourrage
Un éleveur charentais pionnier du maïs humide stocké en boudins plastiques

Depuis trois ans, Yves Miot, engraisseur, stocke du maïs humide en boudins plastiques avec une machine importé d´Argentine. Une technique moins coûteuse que le séchage du maïs.


Il y a plus de 30 ans, Yves Miot, éleveur à Montboyer en Charente, fut un des précurseurs en France de la ration sèche pour jeunes bovins, à base de maïs grain et de paille. Il y a 3 ans, il était à nouveau dans les premiers à passer au maïs humide. Du maïs qu´il stocke en boudins plastiques, technique nouvelle en France. « Avant je faisais sécher mon maïs à la coopérative. Je voulais faire l´économie du séchage et du transport. J´ai vu une publicité pour une machine de stockage du maïs humide importée d´Argentine. J´étais le 2e à appeler l´importateur français. » L´affaire est vite conclue et la 1ère année, il emballe 750 q de maïs. Depuis 2 ans, il stocke 1200 q de maïs humide. Auxquels se sont ajoutés l´an dernier 450 q d´orge, une partie humide, une partie sèche. Un des gros avantages de cette technique est en effet sa souplesse. Toutes sortes de grains peuvent être conservés de cette manière et, selon les rendements et le prix des céréales, les quantités stockées peuvent varier d´une année à l´autre. De plus, pas besoin d´investir dans un système de stockage. Cette technique permet aussi d´avoir un produit prêt à l´emploi. Le grain est en effet broyé lors de la mise en boudin.
Un stockage à 15 ? la tonne avec la technique du boudin
Mais, pour lui, le principal intérêt reste économique : « En 2002, j´avais calculé que le coût était divisé par deux après récolte par rapport à un maïs séché normalement. Sécher un maïs à 32 % d´humidité coûte 29 euros la tonne. Avec la technique du boudin, le stockage revient à 15 euros la tonne. Et en plus, quand vous amenez les produits à la coopérative, vous ne récupérez pas les grains cassés qui représentent tout de même 1 à 3 %. Cette technique permet aussi d´avoir la traçabilité du produit. »
L´ensileuse à grain humide, dont le coût est de l´ordre de 15 000 euros, est constituée d´une trémie de réception, d´une vis pour le chargement et d´un broyeur. Le boudin plastique est monté sur une gaine, replié en accordéon. Il se déplie au fur et à mesure de l´avancement de la machine. Avancement régulé par le débit de broyage et des freins à patins qui contrôlent la pression dans le boudin, le tracteur restant au point mort. Le plastique est un tube de cinq pieds de diamètre (1,50 m). Pas encore fabriqué en France, il est importé d´Amérique du Sud, de Belgique ou d´Italie (170 euros l´année dernière pour soixante mètres).

Pour démarrer le boudin, rien de plus simple : une ficelle pour fermer, puis le noeud est retourné à l´intérieur afin d´éviter des plis extérieurs. Pour terminer, une autre ficelle et des sacs de sables pour tasser l´extrémité du silo. Le boudin doit être réalisé sur un sol stabilisé et propre. Yves Miot, qui possède maintenant une véritable expérience de cette technique, travaille sur un sol bétonné : « Mais, une cour ou un chemin bien stabilisé suffisent largement. Par contre, sur de l´herbe, il y a des risques de dégâts par les rongeurs et la reprise peut être difficile si le sol devient boueux. Ou alors, il faut le mettre en bordure d´un chemin. »
La quantité stockée varie un peu selon le produit, la finesse de broyage et l´emplacement du silo, le grain se tassant plus ou moins : de 1180 à 1250 kilos par mètre linéaire pour le maïs, de 1350 à 1400 kilos pour le blé et autour de 1300 kilos pour l´orge.
Le boudin ©ici d´orge humide est réalisé avec du plastique d´une épaisseur de 180 à 200 microns. Une protection contre les prédateurs peut être nécessaire en cas de risques.©B. Griffoul

Consommer au moins 250 kilos par jour pour éviter l´échauffement
« En maïs, l´idéal est d´avoir un grain entre 27 et 32 % d´humidité. Au-delà, il y a une perte de valeur, mais on peut stocker à 40 % sans problème. Avec du blé et de l´orge humide, il faut se situer entre 20 et 25 % d´humidité. Au-delà, le grain est difficile à récolter et le silo est trop compacté ; la reprise est difficile. Pour obtenir ce taux d´humidité, il faut moissonner huit à dix jours avant maturité. » Quant à la finesse de broyage, réglable sur la machine, tout dépend selon lui des quantités distribuées. « Plus on va vers une consommation à volonté, moins on a intérêt à broyer. Mais, si le maïs est distribué en complément d´ensilage, il y a intérêt à broyer plus finement. »
Intéressante, la technique de conservation en boudins a néanmoins un inconvénient qui peut limiter son utilisation. Une fois le silo ouvert, l´avancement doit être suffisant pour éviter l´échauffement du grain, d´autant plus important qu´il est moins broyé. Il faut pouvoir avancer de 20 centimètres par jour ce qui représente une consommation quotidienne de 250 kilos. Avec une distribution à volonté, cette quantité permet d´alimenter 25 taurillons. Utilisé en complément, il faut un lot d´animaux beaucoup plus important. Il existe différents diamètres de boudins, mais tous plus grands. Il est question qu´un boudin un peu plus petit (4,5 pieds) soit bientôt commercialisé. Du grain plus sec s´échauffe moins vite, mais la technique perd alors de son intérêt économique.
Le débit de l´ensileuse à grains varie de 10 à 12 tonnes par heure en céréale et de 25 à 40 tonnes avec du maïs humide, selon la finesse de broyage. ©B. Griffoul

Chiffres clés
 Surface : 120 hectares dont 90 ha de surface fourragère (5 ha de maïs ensilage), 10 ha de landes, 10 ha de maïs grain et 10 ha d´orge.
 Troupeau : 90 vaches composé à 60 % de Charolaises et 40 % de Limousines. La première race régresse au profit de la seconde. Les vêlages ont lieu en juin - juillet.
 Chargement : 1,85 UGB/ha.

Les plus lus

<em class="placeholder">Le caillebotis est à hauteur du couloir d&#039;alimentation et occupe 3,5 m de large derrière les cornadis. Le malaxeur fonctionne une dizaine de minutes par jour.   </em>
Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »

Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m…

<em class="placeholder">Pauline Garcia salon de l&#039;agriculture</em>
Les bovins sont sensibles à la musique

Enrichir l’environnement des veaux, relaxer le troupeau, masquer des bruits gênants… Diffuser de la musique dans les bâtiments…

<em class="placeholder">bâtiment vaches allaitantes aire raclée</em>
Élevage bovins viande : « Un bâtiment avec pente paillée et aire raclée économe en paille pour mes vaches blondes d’Aquitaine »

Pour son troupeau de 110 blondes d’Aquitaine dans les monts du Cantal, Hervé Larribe a opté pour un bâtiment avec pente…

<em class="placeholder">Vaches aubrac dans la stabulation paillée avec de la plaquette de bois. Certaines sont couchées.</em>
Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »

Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches…

<em class="placeholder">Séparation amovible sur câble dans la stabulation en logettes sur caillebotis des vaches aubrac. Au dessus des logettes, des balcons stockent les boules de paille.</em>
Élevage bovins viande : « en logeant les vaches aubrac sur caillebotis avec logettes, nous réservons la paille aux veaux »

Lorsqu’il construit le bâtiment des vaches allaitantes en 2015, Vincent Tardieu, dans le Cantal, opte sans hésiter pour une…

vaches charolaises bourgogne prairie
Des aides régionales pour les baisses de naissance de veaux liées aux épizooties

En avril, plusieurs régions ont débloqué des aides exceptionnelles sur des fonds Feader pour les agriculteurs touchés par la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande