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Quand les diarrhées sont là
Un cycle infernal à stopper

Une épidémie de diarrhées néonatales ne s'installe pas en quelques jours. Le nombre de malades et la gravité des symptômes s'intensifient au fil du temps.

Que ce soit pour des bactéries, virus ou parasites, la contamination se fait à partir de bouses ou du milieu contaminé par les bouses. Mais quelle est l’origine de la contamination du milieu? En fait, plusieurs catégories d’animaux sont sources de germes: il y a les « porteurs sains », en premier lieu les adultes, qui n’expriment pas la maladie, mais qui, après contamination, excrètent le germe dans le milieu. Il y a ensuite les malades. Dans leur cas, l’excrétion est explosive, puisqu’elle atteint de 1 à 100 milliards de germes par gramme de fèces. Or, 100 000 germes suffisent pour contaminer un veau : en caricaturant, il y a par gramme de fèces d’un veau malade la dose pour contaminer 10000 à 100000 veaux!

Mécanisme de la dynamique de contamination

A partir de là, on peut comprendre le mécanisme de la dynamique de contamination. En début de saison de vêlage, il y a peu de veaux; nous avons dans l’élevage des animaux adultes, excréteurs pour certains, non excréteurs pour d’autres.A ce momentlà, les non excréteurs sont normalement majoritaires. De plus, de manière générale, le statut immunitaire du troupeau est plutôt meilleur en début de saison hivernale. Par conséquent, la maladie va commencer par toucher quelques veaux, parmi ceux dont l’immunité est la moins bonne. Ces premiers cas de diarrhées, souvent, se traitent assez bien. Mais ces premiers veaux malades sont aussi les premières « bombes » à germes. Par leur intermédiaire, le milieu et donc d’autres animaux se contaminent: d’autres adultes (on peut arriver dans certains cas à un taux de 70 % de porteurs sains), et d’autres veaux. Au fil du temps, la pression de contamination se fait de plus en plus forte, tandis que, au cours de l’hiver, le niveau immunitaire a tendance à diminuer. Résultat : le nombre de veaux malades augmente, les symptômes s’aggravent, la mortalité est plus importante.Tout s’enchaîne, pour atteindre parfois 100 % des veaux atteints.

Règles d’hygiène générale

Il faut donc essayer de stopper, ou tout au moins, de ralentir ce processus. Pour cela, on peut intervenir à différents moments. Tout d’abord, entre deux saisons de vêlages: en effet, les germes étant dans leur ensemble très résistants, ne rien faire entre deux saisons équivaut à démarrer la nouvelle campagne avec un milieu d’emblée contaminé. Il est donc indispensable de profiter de la saison de pâturage pour nettoyer le logement des animaux: il s’agit d’un curage et d’un décapage, si possible à l’eau chaude; ce nettoyage doit être complété par une désinfection ; et toute cette opération doit être suivie d’un vide sanitaire strict, d’au minimum 15 jours.Voilà pour les bâtiments. Mais il ne faut pas oublier les pâtures, qui peuvent être contaminées par l’épandage du fumier provenant de ces bâtiments. Et « pâtures contaminées » signifie « contamination de nouvelles vaches ». Par conséquent, le fumier ne sera pas épandu sur des prairies, ou seulement après être resté en tas au moins 6 mois.

Pendant la saison des vêlages

Au-delà des règles d’hygiène générale et de propreté des animaux, il y a là encore plusieurs niveaux d’interventions, qui tous, visent à limiter le risque de contamination du veau par voie orale :

1) on sait que le veau malade est l’excréteur le plus important ; par conséquent, le premier réflexe à avoir est d’isoler tout veau à diarrhée, et ce, dès les premiers cas pour éviter qu’il « pollue » l’environnement;

2) le veau naissant est particulièrement sensible, puisque non encore protégé ; il y a le risque que la mère soit porteur sain et excrète des germes qui contaminent le nouveau-né; l’hygiène au vêlage et du lieu de vêlage est donc essentielle; il est important que le box à vêlage ne serve qu’à cet usage et surtout pas d’infirmerie ou de box à veaux, qui sont forcément des espaces plus contaminés ; en cas de diarrhée, le box devra être nettoyé après chaque passage, et désinfecté le plus souvent possible ; le paillage doit être abondant;

3) les porteurs sains entretiennent la contamination du milieu; des box à veaux sont donc à aménager ; cet espace doit être particulièrement propre; dans le cas particulier des stabulations entravées, la pratique qui consiste à attacher les veaux derrière les mères est à risque, du fait des projections de bouses à l’arrière ;

4) toujours dans un souci de protéger les veaux les plus jeunes, les plus vulnérables en cas de diarrhées, l’idéal est d’alloter de telle manière que les plus jeunes (< 1 mois) ne soient pas mélangés aux plus âgés, qui sont sûrement excréteurs ; il est recommandé de ne pas avoir plus de 3 semaines d’écart d’âge au sein d’un même lot. Autant de mesures qui contribuent à enrayer le cycle infernal des diarrhées, en intervenant sur la pression de contamination. Histoire d’éviter de faire basculer notre fragile équilibre sanitaire du mauvais côté !

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