Marchés mondiaux
Un commerce de plus en plus complexe
Cette dernière décennie, les productions mondiales et les échanges de viande (volaille, porc, boeuf) ont évolué. Panorama mondial de ce marché.
Depuis dix ans, la production mondiale de viande (bovins, porcs, volailles) est en augmentation. Même si elle a été freinée par la crise économique depuis 2008, elle enregistre une évolution positive d’en moyenne 2 % par an. C’est notamment en viande porcine (+ 1,6 % par an) et en volailles (+ 3,5 %) que les croissances sont les plus élevées, contre seulement + 0,4 % par an en viande bovine », a exposé Yves Tregaro, chef de l’unité marchés, études et prospectives à FranceAgriMer, lors d’une conférence sur les marchés mondiaux de la viande, organisée par l’Institut de l’élevage, mi-avril.
« Toutes viandes confondues, certains pays ont connu une croissance de leur production plus soutenue, comme la Chine (+ 25 % soit 14 millions de tonnes) et le Brésil (+ 68 %, soit 10 millions de tonnes). Pour d’autres, comme les États-Unis (+ 12 %) et l’Union européenne (+ 4 %), la croissance a été plus modérée.
Aujourd’hui, 20 % de la production mondiale est contrôlée par les global players ( entreprises présente dans plusieurs pays avec une stratégie de ventes au niveau mondial). » Les Brésiliens (JBS, Brasil Foods, Marfrig) et les Américains (Tyson Foods, Smithfield Foods, Cargill) sont aux commandes avec 15 % de la viande produite qui passent entre leurs mains.
Autre fait marquant, l’arrivée d’entreprises chinoises (Shanghui, People’s Food), dans les principaux groupes industriels mondiaux du secteur de la viande, absent il y a 10 à 15 ans.
UNE POIGNÉE D’ACTEURS À L’EXPORTATION
Les échanges mondiaux de viandes sont à la hausse quel que soit le secteur (bovins, porcs et volailles), passant d’environ 15 millions de tonnes en 2000 à un peu plus de 25 millions en 2011, mais avec une prédominance en viande de volailles et de porcs. « On compte six grands pays pour le commerce international de viandes: les États-Unis, le Brésil, l’Union européenne, le Canada, l’Australie et l’Inde. Ils représentent près des trois quarts des exportations mondiales quel que soit le type de secteur.
Le Brésil désigné comme le grenier de la terre, voit ses exportations toutes viandes confondues en stagnation depuis cinq ans, en raison en partie de la concurrence avec les cultures végétales », précise Yves Tregaro. Les exportations américaines sont quant à elles en augmentation depuis la crise de l’ESB et ce particulièrement en viande bovine.
Après une tendance à la baisse, les exportations européennes sont reparties à la hausse ces deux dernières années (bovins et porcs). « Aujourd’hui, même si les négociations à l’OMC sont dans l’impasse, on constate un grand nombre d’accords régionaux et bilatéraux et un accroissement des échanges sur des produits élaborés avec une vision du droit de douanes qui a évolué. »
LES ABATS, UN MARCHÉ MÉCONNU
Le dernier point de cette présentation a concerné le commerce des abats bovins qui représente 720 000 tonnes. Leurs échanges sont plutôt méconnus mais en forte croissance. Les principaux pays exportateurs sont les États-Unis, l’Argentine, l’Australie et le Brésil pour des pays destinataires au pouvoir d’achat souvent faible tels que l’Égypte, l’Afrique, la Russie, le Japon, la Chine… Le prix des abats est également orienté à la hausse, même s’il reste très variable avec des produits très différents.
« De nombreuses questions restent en suspens sur ce marché qui constitue un enjeu essentiel aujourd’hui. De plus, l’importance apportée aux abats est très changeante d’un pays à l’autre. C’est pourquoi, nous avons lancé une étude sur l’analyse du commerce du cinquième quartier », a évoqué Philippe Chotteau du GEB, Institut de l’élevage.