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Démographie
Trois scenarios possibles pour l'élevage allaitant

Face à l'actuelle pyramide des âges des éleveurs de bovins allaitants, l'Institut de l'élevage a imaginé plusieurs schémas d'évolution possible dans les 10 à 20 ans à venir en soulignant bien qu'il s'agit davantage de scénarios prospectifs, que de projections.

© S. Bourgeois

En analysant ce qui a déjà eu lieu dans d'autres pays européens, l'Institut de l'élevage a esquissé trois scénarios pour le devenir de l'élevage allaitant français.


Le premier est le « scénario à l'anglaise »

« Ce scénario se traduirait par le maintien de l'activité à des âges élevés (jusqu'à 65 ans et plus) du fait de transmissions de plus en plus difficiles et d'un recours accru à de la main-d'oeuvre salariée », explique Christophe Perrot, de l'Institut de l'élevage. C'est ce que l'on observe de façon assez classique dans une partie des élevages britanniques. Cela concerne souvent des farmers, le plus souvent en même temps gros propriétaires fonciers. Ils ont au départ choisi de mettre en valeur des surfaces importantes géné- ralement issues de biens familiaux encore peu démembrés par les différents héritages. En principe, ils ne réalisent pas eux-mêmes l'essentiel des travaux, mais dirigent la main-d'oeuvre et centrent leur travail sur la gestion de leur entreprise.


Le fait d'être à la tête d'un capital conséquent est d'ailleurs l'un des principaux facteurs qui complique la transmission de ce type d'exploitation. Maintenir des éleveurs en activité jusqu'à un âge avancé. Ce modèle à l'anglaise n'est envisageable sur le territoire français que si les éleveurs ont la possibilité de trouver cette main-d'oeuvre à la fois suffisamment qualifiée et motivée pour travailler sur des élevages où les horaires et les astreintes sont assez éloignés de ce que l'on peut trouver dans d'autres secteurs.


De plus, le droit du travail et les conditions d'embauche sont assez différents des deux côtés de la Manche. Pour envisager en France ce scénario dans des conditions similaires, il faudrait une convergence du droit du travail français sur ce qui est appliqué en Grande-Bretagne. À chacun de juger et d'apprécier les néces- saires évolutions de la juridiction fran- çaise qu'il conviendrait pour cela d'en- treprendre. « C'est un scénario de rupture, mais il mérite malgré tout d'être cité dans le cadre d'un travail de prospective. Certes en France le contexte n'est pas tout à fait le même qu'en Grande-Bretagne, mais nous avons cependant dans différents départements des exploitations en polyculture élevage qui ont une importance économique et des assises foncières parfois non négligeables. Le fait d'opter pour un scénario proche de ce qui se passe en Grande-Bretagne permettrait de maintenir en activité des éleveurs relativement âgés. » Ce recours à une part plus importante du salariat ou à des tâches concédées à des tiers pour certains gros travaux risque aussi de se traduire par un recul des investissements. Dans ces conditions, « lorsque ces éleveurs âgés décideront tout de même de cesser leur activité, il est à craindre que l'absence d'investis- sements (bâtiments obsolètes...) rende ces exploitations peu attractives ».

Second scénario possible, celui de la « restructuration accélérée. »

« Il part du principe déjà vérifié sur le terrain que les exploitations les plus susceptibles de reprendre de grandes surfaces et d'augmenter leur cheptel sont déjà elles-mêmes de grandes exploitations ! Leurs dirigeants ont un savoir-faire et une expérience démontrée et appréciée pour leur capacité à gérer, organiser et orienter le devenir de leur entreprise. Bien souvent, ces repre- neurs potentiels sont plus crédibles aux yeux des banquiers et des cédants que la plupart des 'candidats à l'installation' déclarés dans divers répertoires. Ils savent monter des projets et défendre leurs dossiers et cela s'avère déterminant dans les discussions avec leurs interlocuteurs.»


Cette évolution se traduirait alors par la poursuite voire l'accélération de la croissance de la taille des troupeaux constatée ces dernières années. Un scénario qui n'a rien d'inenvisageable. On commence très nettement à le pres- sentir dans certains départements où des cheptels de 150 à 250 vaches allaitantes, même parfois davantage, deviennent plus fréquents. Reste à savoir avec quel ratio entre le nombre d'UGB et le nombre d'UTH, ils peuvent raisonnablement être conduits dans de bonnes conditions techniques et pour quelle rentabilité ?

Troisième scenario : réactualiser les mesures d'accompagnement de la PAC

Enfin le troisième scénario envisagé serait celui d'une réactualisation des mesures d'accompagnement de la PAC à l'image de ce qui avait été pratiqué au début des années 90, suite à la réforme de 1992. Ces mesures avaient à l'époque permis de favoriser une bonne dynamique d'installation. D'après les termes employés par l'Institut de l'élevage, ce scénario pourrait être qualifié de « rebond de la politique socio-structurelle ». Il viserait à la fois à dépasser l'impasse démographique du scénario « à l'anglaise » et à maintenir davantage d'emplois agricoles sur le territoire que le scénario de « restructuration accélérée ».


Il serait le plus favorable à la production dans la mesure où il favori- serait un rebond du nombre d'installations. Il permettrait d'irriguer le secteur avec une main-d'oeuvre nouvelle et davantage d'appétit pour développer la production. La principale difficulté réside dans les difficultés actuelles de l'économie qui limitent cruellement les moyens financiers.


« Quand on présente ces trois scénarios d'évolution possibles à des éleveurs, ils parviennent assez souvent à citer des exemples d'exploitations dont l'évolution est déjà assez proche des deux premiers proposés. Qu'il s'agisse d'élevages situés dans leur entourage ou dont ils ont eu écho », précise Christophe Perrot. Le plus souvent, il s'agit d'exploitations qui sont ou ont été confrontées à des problèmes de main-d'oeuvre.


Une certitude cependant, la constitution de ce modèle de grosses unités de production pousse à la simplification de leur fonctionnement pour optimiser les tâches. D'autre part, si dans un proche avenir, rien n'est mis en oeuvre pour inciter des jeunes à opter pour une carrière dans la production de viande bovine, les deux premiers scénarios cités risquent de ne pas être très éloignés de la réalité.

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