Au Gaec du bois de Cosset, dans l’Indre
Toujours avancer vers l’efficience
Dominique et Arnaud Labesse ont une parfaite maîtrise technique et économique de leur atelier de 80 mères charolaises. Nouvelles technologies et mutualisation (matériel, travail) sont de bons partenaires de travail.
Dominique et Arnaud Labesse ont une parfaite maîtrise technique et économique de leur atelier de 80 mères charolaises. Nouvelles technologies et mutualisation (matériel, travail) sont de bons partenaires de travail.
Au Gaec du bois de Cosset à Chassignolles dans l’Indre, les deux associés, Dominique Labesse, le père, et Arnaud, son fils, sont toujours à la recherche du petit plus qui améliorera leur outil de production ou réduira la pénibilité du travail. Le rythme de croisière du troupeau charolais a été atteint il y a deux ans. Dominique Labesse s’est installé en 1982 en Gaec avec sa mère. L’exploitation se composait alors de 67 hectares, 20 vaches, 50 brebis berrichonnes et une jument. C’est en 1985, avec l’arrêt de l’atelier ovin, que le troupeau charolais a commencé à prendre de l’ampleur. Il a continué sa progression avec l’installation en 2006 d’Arnaud Labesse pour atteindre 80 vêlages en 2011. Seules les femelles sont engraissées sur l’exploitation. Les mâles sont vendus à 400 kilos environ, soit à 8 mois.
Les vêlages ont lieu de fin novembre à mi-mars. La rentrée en bâtiments s’étale de la mi-novembre à la mi-décembre selon les dates de vêlage et les conditions météorologiques. Toutes les vaches sont tondues. « On note toutes les dates de saillies effectuées en bâtiment car nous faisons saillir chaque vache dans une case à taureau, ce qui permet de gérer au mieux les accouplements. On observe les chaleurs matin et soir et dès que l’on détecte une vache, on l’emmène dans la case du taureau. Un suivi échographique est réalisé uniquement sur les femelles douteuses. Une pose d’aimant est réalisée sur les génisses avant la mise à la reproduction pour protéger le cheptel des corps étrangers », explique Arnaud Labesse.
Des rations calculées après analyses de fourrages
Au mois d’octobre, les lots sont reconstitués selon les dates de vêlage. « On vaccine alors les futures mères contre le rotavirus et le coronavirus. En modifiant les lots à l’herbe, on évite les bagarres en stabulation, la hiérarchie étant faite. On met les primipares ensemble avec les premières multipares vêlées. Il nous arrive parfois de reformer des lots l’hiver pour qu’il n’y ait pas trop d’écart d’âge chez les veaux. » Au moment du vêlage, les éleveurs prennent les températures des futures mères et surveillent les mises-bas à l’aide d’une caméra. Les femelles sont isolées dans les box de vêlages avec leur veau, au moins deux jours, avant de réintégrer leur case.
Deux tiers des veaux sont pesés à la naissance. Ils le sont tous ensuite à trois mois, six mois puis au moment de la vente pour les mâles et au sevrage pour les femelles à l’aide d’une cage bascule.
La ration hivernale des mères est constituée d’enrubannage distribué le matin, complémenté d’un aliment fait maison et adapté selon la qualité de l’enrubannage. Des analyses de fourrages sont effectuées tous les ans pour moduler les rations du troupeau. Le soir, du foin est apporté. « On commence la préparation au vêlage mi-novembre. »
Le premier hiver, les génisses disposent d’enrubannage de luzerne (MS : 55%, UFL : 0,85, PDIN : 86, PDIE : 83) le matin, de triticale pur, distribué aplati ,et de foin le soir. Le second hiver, les génisses sont triées pour le renouvellement selon leur croissance, leur mère, leur conformation et leur ascendance. Leur ration est identique à celle des petites génisses mais dans des proportions différentes. Elles sont mises au taureau du 15 février au 15 avril. « Depuis deux ans, sur 21 mises à la reproduction, 20 sont pleines. » Les génisses destinées à l’engraissement disposent d’enrubannage de prairie multiespèces avec légumineuses (MS : 56 %, UFL : 0,86, PDIN : 65, PDIE : 79), en libre-service, avant de repartir à l’herbe, pour un début d’engraissement en septembre suivant avec une ration à base d’orge, de triticale, de pois d’hiver et de tourteau de colza.
Valoriser le produit au mieux
A la mise à l’herbe, les lots sont reformés selon le sexe des veaux, les femelles n’étant pas complémentées à l’herbe. Les bêtes disposent de 43 ares par UGB et tournent toutes les semaines sur les parcelles. Les associés du Gaec font partie d’un groupe Herbe et fourrage avec lequel ils travaillent sur le pâturage tournant. « L’exploitation se situe sur des sols limoneux-sableux. Leur réserve utile est inférieure à 50 mm. Ils sont très séchants et acides, d’où un amendement calcaire tous les cinq ans. Nos parcelles sont ainsi saines, ce qui nous permet de sortir les animaux assez tôt. Les bonnes années, on peut commencer début mars. A contrario, on doit affourager tôt l’été d’où l’implantation depuis huit ans de luzernière », précise Dominique Labesse.
Cette année, de l’épeautre a été implanté. « On en a distribué, en essai, à un lot de veaux comme aliment de démarrage. Si l’on obtient le résultat escompté, on en donnera l’hiver prochain à tous les veaux. L’objectif est également d’en apporter pour complémenter les mâles au champ afin de sécuriser leur ration." Ces derniers commencent à être vendus à compter de fin juillet et ce, jusqu’à la mi-novembre. On les commercialise sur le marché au cadran de Châteaumeillant. "Ils sont qualifiés non OGM. Les femelles sont vendues sous la marque viande du Berry par Châteauroux Viande. En 2017, on a ainsi obtenu une prime de 100 € sur cinq bêtes, versée par notre organisation de producteurs non commerciale Elvea Centre », observe Arnaud Labesse. Les exploitants pratiquent la vente directe depuis 2010. Une bête par mois, jeune vache ou génisse de 36 à 40 mois, est commercialisée par ce biais. A l’avenir, ils souhaitent trouver des ententes avec d’autres producteurs pour pouvoir proposer des produits différents dans leurs magasins à la ferme. « On commercialise des colis de cinq et dix kilos. Les abats et les morceaux nobles sont vendus au détail. Tous nos prix s’affichent sur notre site (earl-labesse.e-monsite.com) et nous disposons d’une page facebook (lafermeduboisdecosset)."
Les taureaux achetés sur l’exploitation sont inscrits au Herd Book Charolais. Ils ont apporté grain de viande et finesse d’os. Aujourd’hui, les éleveurs cherchent à alourdir les carcasses. L’objectif est atteint depuis le début de l’année avec un poids moyen carcasse de 506 kilos pour les vaches et de 450 kilos pour les génisses.
« Une très bonne efficacité technico-économique »
« Dans ce résultat, on retrouve l’effet de la vente directe qui permet d’apporter une valeur ajoutée à l’exploitation de 1,7 à 2 € du kilo de carcasse par animal (frais déduits d’abattage, découpe). Les broutards ont été vendus en 2017 à un poids moyen de 408 kilos avec un GMQ naissance vente (8 mois) de 1 442 g/jour. L’efficacité alimentaire de l’élevage est bien maîtrisée avec 2 kg de concentrés/kilo de viande vive correspondant à un système broutards lourds avec finition des vaches réformes. Arnaud et Dominique recherchent constamment l’autonomie alimentaire et ce, sans hésiter à intégrer de nouvelles cultures (luzerne, épeautre). Chaque année, des analyses de fourrages sont réalisées pour équilibrer au plus juste les rations avec les céréales/protéagineux produits principalement sur l’exploitation. Le chargement modéré (1,11 UGB/ha) est conduit en maîtrisant les charges des surfaces fourragères avec environ 28 €/ha sur l’herbe. Les résultats de reproduction sont également bien maîtrisés (IVV de 375 jours, mortalité de 5 % en 2017). La marge brute globale/ha de SFP est ainsi de 947 €. Chaque année, les éleveurs participent à des formations, notamment sur les coûts de production, afin de toujours progresser et de se comparer. »
Une Cuma et une banque de travail
Dominique et Arnaud Labesse ne possèdent que peu de matériels (deux tracteurs de 120 cv, un de 50 cv, un de 30 cv, un combiné semis, une charrue, une pailleuse-dérouleuse). Le reste est soit en copropriété, soit en Cuma. « Nos charges de mécanisation sont ainsi réduites et nous disposons de matériels performants (semoir à coupure de tronçon, épandeur de fumier avec pesage…). Le matériel de la Cuma est réparti sur chacune des onze exploitations. Ainsi, l’entretien est bien suivi et la casse limitée. Nous fonctionnons sous forme de banque de travail. Dans chaque matériel, on trouve un carnet où chaque exploitant note son temps d’utilisation. Ensuite, on fonctionne par unité. Par exemple, on compte 18 unités de l’heure pour un tracteur, 14 unités pour un chauffeur, 21 unités pour un travail nécessitant de la puissance. Chaque année, on calcule le solde de chacun pour équilibrer les heures dues par chaque exploitant. De cette manière, on ne dételle pas les outils. On s’organise par téléphone. Un responsable par matériel décide à qui incombe la tâche. Ainsi, on peut s’absenter plus facilement. On a également créé une mutuelle coup dur pour venir en aide à un adhérent en difficulté (accident) », explique Arnaud Labesse. La Cuma achète par ailleurs les consommables ce qui permet de bénéficier de réductions à l’achat.