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Surveiller la tuberculose sauvage pour mieux maîtriser celle des élevages

Le Space 2017 a été l’occasion de présenter un état des lieux concernant la tuberculose bovine dans la faune sauvage, en France.

Les bovins domestiques représentent le principal réservoir de l’infection à la tuberculose bovine (Mycobacterium bovis), autrement dit la maladie se transmet d’abord et avant tout entre bovins. « Cependant, des animaux sauvages comme notamment les sangliers, les blaireaux et les cerfs (en ce qui concerne la France), peuvent s’infecter et jouer le rôle d’hôtes de liaison, voire de réservoirs susceptibles de contaminer à leur tour les élevages. Aussi, la circulation de la bactérie dans des systèmes multi-hôtes variés favorise l’entretien de la maladie et la contamination des bovins vivant à proximité des animaux sauvages infectés. De ce fait, il est important d’effectuer une surveillance de la faune sauvage, afin d’évaluer la présence de l’infection et l’efficacité des mesures de lutte visant à éviter que l’infection ne se maintienne dans ces populations, comme cela a pu être observé dans d’autres pays (en Grande-Bretagne par exemple, chez le blaireau et en Espagne chez le sanglier) mais également en France dans la forêt de Brotonne en Normandie (chez les cerfs et les sangliers) », explique Maria Laura Boschiroli, laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort.

Des programmes pour mieux connaître la maladie

En 2010, le programme de surveillance de la tuberculose a été harmonisé et renforcé avec le dispositif national Sylvatub. « Grâce à ce travail, de nouveaux foyers de tuberculose dans la faune sauvage dans de nouvelles régions ont pu être découverts (par exemple 2015 en Charente-Maritime, 2017 en-Haute Vienne). Une estimation du taux de prévalence de la tuberculose a également pu être faite. Elle ne dépasse pas les 6 % chez les blaireaux et les sangliers. »

Une étude, réalisée en 2016 en Côte-d’Or, a permis de quantifier les interactions entre faune sauvage et de rente à l’aide de caméras positionnées dans les élevages. Une autre a évalué la présence, dans l’environnement, de la bactérie identifiée dans des filtrats d’eau, des sédiments, des sols de terriers et des latrines de blaireaux. « Or, même si la tuberculose se transmet principalement par voie respiratoire dans le cas des animaux sauvages, la transmission par voie orale, c’est-à-dire par ingestion d’aliments ou d’eau contaminée, tient certainement une place importante. L’existence de réservoirs environnementaux où le bacille M. bovis est capable de persister, pourrait donc être un facteur influent de la réémergence puis du maintien de la maladie dans les systèmes multi-hôtes. Ces résultats apportent de nouvelles connaissances sur la persistance et la circulation de M. bovis dans l’environnement et permettent de proposer des améliorations aux mesures de biosécurité déjà existantes dans les élevages bovins. »

Trois pistes de contrôle : biosécurité, réduction de population, vaccination

« Ces investigations scientifiques nous aident à mieux comprendre le rôle de la faune sauvage dans l’épidémiologie de la maladie et ainsi à mettre en place des mesures de gestion. » Trois types de mesures peuvent être cités. À commencer par celles relatives à la biosécurité telles que la mise en place de barrières, l’assèchement de certains points d’eau à risques, qui limitent les contacts entre faune domestique et faune sauvage. Elles sont efficaces mais restent coûteuses pour les éleveurs. Viennent ensuite les mesures cynégétiques dont l’objectif est de réduire les populations à risques de la faune sauvage. Cette piste de contrôle a un impact positif à condition de ne pas aller jusqu’à l’éradication d’une espèce comme cela a été le cas en Angleterre pour les blaireaux, dans des zones fortement infectées. « On s’est alors rendu compte que la contamination des bovins avait diminué dans la zone d’éradication mais augmenté en périphérie en raison de la perturbation de la structure sociale du blaireau. Des études sur la vaccination des blaireaux et des sangliers sont actuellement en cours dans différents pays, dont la France (études expérimentales sur animaux captifs) et laissant entrevoir un outil complémentaire aux mesures de lutte actuelles ou envisagées, notamment pour la maîtrise de l’infection dans les populations de blaireaux. Toutefois, cela demande du temps. En conclusion, toutes les options de contrôles présentent des avantages et des inconvénients. Pour une situation donnée, il est primordial de bien étudier le contexte et d’utiliser une combinaison de mesures les plus adaptées. »

Par ailleurs, un arrêté entré en vigueur en janvier 2017 donne droit au préfet d’intervenir pour la régulation des populations. Aujourd’hui, la tuberculose bovine concerne davantage les élevages allaitants que laitiers.

Depuis 2001, la France est considérée comme « officiellement indemne de tuberculose bovine » par l’Union européenne. Chaque année, on compte la persistance d’une centaine de foyers en élevages sans pour autant dépasser la prévalence de 0,1 % de troupeaux infectés laissant toujours la France indemne de tuberculose bovine.

Dispositif Sylvatub

La Direction générale de l’alimentation (DGAl) du ministère en charge de l’Agriculture en lien avec les parties prenantes (DDecPP, FDC-FNC, ONCFS, Adilva, Anses) a créé en septembre 2011 un dispositif national de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage non captive, nommée Sylvatub. Les principaux objectifs de ce dispositif sont de détecter la présence de Mycobacterium bovis chez les animaux sauvages dans les zones à risques mais aussi dans les zones présumées indemnes, et de suivre son évolution dans les zones où sa présence dans la faune sauvage est avérée, de chercher le lien épidémiologique entre faune domestique et sauvage et enfin d’harmoniser la surveillance. Les données de Sylvatub permettent in fine d’affiner les connaissances scientifiques sur le rôle épidémiologique des espèces sensibles et d’aider les autorités sanitaires à mettre en œuvre des mesures de lutte adéquates tant dans la faune sauvage que pour la sécurisation des élevages. Pour cela, le dispositif s’appuie sur une combinaison de plusieurs modalités de surveillance événementielles et programmées chez les cerfs, chevreuils, sangliers et blaireaux, qui sont appliquées selon des niveaux de surveillance propres à chaque département.

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