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Six principes pour réussir son libre service

Six points importants à respecter ont été mis en évidence par l'Institut de l'Elevage pour affourrager ses animaux en libre service dans de bonnes conditions.

La surconsommation peut être fortement aggravée si les rateliers ne sont pas bien adaptés au libre service.
La surconsommation peut être fortement aggravée si les rateliers ne sont pas bien adaptés au libre service.
© F. Alteroche

1- Définir son projet entre affourragement d'appoint ou total


La première chose à définir est de savoir si on souhaite mettre en place un libreservice d’appoint ou un libre-service total. Dans le premier cas, ce que les animaux iront chercher dans le râtelier sera considéré comme le simple complément d’un autre fourrage grossier distribué quotidiennement à l’auge. S’il s’agit de la seconde solution, les animaux iront chercher dans le râtelier la totalité des fourrages grossiers de la ration. Il est alors essentiel de prévoir un nombre de places cohérent par rapport au nombre de bovins présents dans la case pour éviter que les animaux dominés ne soient pénalisés par les dominants pour aller manger. Les recommandations habituelles sont de prévoir une place (soit +/-75 cm d’accès au libre-service) pour 2 à 2,5 vaches.


Il est impératif de concevoir dès le départ quelque chose de très fonctionnel. L'installation ne doit pas obliger ses utilisateurs à faire de trop savantes manoeuvres pour placer les bottes avec le chargeur. Dans le même ordre d’idée, les râteliers doivent avoir été conçus pour éviter de repousser régulièrement et manuellement les bottes afin qu’elles soient consommées entièrement.

2- Tenir compte de la surconsommation de fourrages

Le libre-service se traduit par une consommation de fourrage un peu plus importante comparativement à des apports strictement rationnés. Les exploitations qui en conditions climatiques normales ne sont pas autosuffisantes en fourrage grossier gagneront à s’abstenir. « La distribution en LS ne permet pas de maîtriser précisément la quantité offerte et entraîne surconsommation et gaspillage. Il est nécessaire d’augmenter de 15 à 20 % la quantité de fourrage mis à la disposition. » Le système fourrager de l’exploitation doit donc être aménagé en conséquence en réservant des surfaces suffisamment importantes pour la constitution des stocks. Par ailleurs, la conception même du râtelier libre-service peut permettre de limiter le gaspillage.

3- Des bottes par trop serrées

Attention aux bottes trop denses, en particulier s’il s’agit de bottes rondes. Même si le fait de serrer fortement le fourrage permet de faire des bottes plus lourdes et donc d’en réduire le nombre à l’hectare en générant des économies, cela ne facilite pas leur consommation par les animaux si elles doivent être distribuées en libre-service, en particulier le coeur des bottes.


4- Une qualité homogène des fourrages distribués


Avec une distribution en libre-service, les fourrages mis à disposition doivent être de qualité et d’appétence homogène. En effet, si des fourrages de qualité différente sont simultanément proposés, les animaux dominants consommeront le plus appétent et les dominés celui de qualité inférieure avec le risque de suret de sous-consommation qui en découle. « Ce risque est d’autant plus élevé que l’accès au libre-service est limité, avec un nombre de places ou un linéaire inadapté à la taille du lot. »


5- Prévoir si possible les installations dès la conception du bâtiment


Dans le cas où l’on envisage d’intégrer un système de libre-service pour un bâtiment qui n’est pas encore construit, la conception et l’emplacement des râteliers doivent être soigneusement anticipés en terme d’accessibilité et de praticité d’usage tant pour les animaux que pour l’éleveur. Si l’on envisage de permettre aux animaux d’accéder au râtelier directement depuis l’aire paillée, il faut savoir que cela entraînera des allées et venues accrues réduisant par là même la surface de couchage et la tranquillité des animaux. Dans ce cas, il est nécessaire soit d’augmenter la surface dévolue à l’aire paillée (de 10 %), soit de réduire le nombre d’animaux par case. L’accessibilité depuis l’aire paillée se traduit aussi par un salissement accru de la litière autour du râtelier.


6- Evaluer le temps possible entre deux distributions


« L’autonomie du libre-service va dépendre du nombre d’animaux à affourager, du nombre de places au râtelier et de la quantité de fourrage qu’il est à même de contenir. » Dans un système en libre-service total, la quantité de fourrages grossiers à offrir quotidiennement pour une vache de 750 à 800 kg doit être comprise entre 16 et 18 kg bruts.

Stéphane Mille de l'Institut de l'Elevage

"La perte de fourrage est réduite avec des rateliers adaptés"



Quelles sont les principales causes d’échec dans l’utilisation du libre-service?

Le gaspillage de fourrage peut faire revenir en arrière certains éleveurs. Les premiers essais réalisés à la ferme expérimentale de Jalogny en Saône-et-Loire aboutissaient à un taux de perte de l’ordre de 25 % Après avoir adapté la conception du râtelier, le taux de perte est désormais plus proche des 10 % à 15 %. La disposition des tubulaires oblige les animaux à glisser puis tendre leur tête entre des barres métalliques obliques ou verticales pour avoir accès au fourrage en recueillant aussi sur une auge horizontale celui qui tombe sans avoir été immédiatement ingéré.

L’autre volet qui freine les éleveurs réside dans la perte de place dans le bâtiment. C’est souvent une condition nécessaire à la réussite de l’affouragement en libre service, si on ne veut pas d’impact négatif sur le fonctionnement des lots. Enfin, il y a aussi les aspects pratiques pour aller réapprovisionner le râtelier.


Le libre-service doit-il s’accompagner au moment de la récolte, du tri des balles de fourrage pour ordonnancer leur stockage en fonction de leur qualité ?

Oui. Il est important d’organiser l’agencement des stocks suivant la qualité des fourrages pour qu’en cours d’hiver on puisse savoir à l’avance quelles sont les bottes qui devront être utilisées en priorité en fonction des besoins des animaux. Une pratique qui devrait également avoir cours pour un affouragement rationné à l’auge.

Le libre-service est-il obligatoirement synonyme de constructions récentes?

Non, pas forcément. Les anciennes étables entravées peuvent être utilisées pour hiverner des lots de génisses en libre-service d’appoint ou total. Sur le plan de l’agencement intérieur, si les recommandations de base sont à respecter, on a alors souvent affaire à une multitude de cas particuliers et on trouve d’ailleurs fréquemment sur le terrain de nombreuses installations pertinentes et intéressantes dans d’anciens bâtiments. Les éleveurs ont beaucoup d’idées !

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