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Viande et environnement
Sept arguments à mettre en avant

Petits rappels pour les questions qui reviennent le plus fréquemment sur le lien entre production de viande bovine et environnement.

Dans les zones inondables, les prairies, haies et talus absorbent l'eau excédentaire en cas de crue. Elles permettent de limiter le risque d'inondation en servant de zone tampon.
Dans les zones inondables, les prairies, haies et talus absorbent l'eau excédentaire en cas de crue. Elles permettent de limiter le risque d'inondation en servant de zone tampon.
© S. Leitenberger

1- L’élevage bovin français vient-il en concurrence avec l’alimentation humaine pour l’utilisation des céréales et contribue-t-il à la pénurie en grains sur le marché international ?

Rappelons que les bovins et tout particulièrement les bovins de race à viande sont en France principalement alimentés avec de l’herbe à la belle saison et des fourrages grossiers en période hivernale. Avec les autres herbivores (ovins, caprins, équins…), ils sont d’ailleurs les seuls à pouvoir digérer les fourrages. Les ruminants ont cette capacité à transformer la cellulose de l’herbe sous l’action des bactéries présentes dans leur rumen. Cette aptitude leur permet de produire de la viande et du lait sur des surfaces non cultivables car trop pentues ou trop humides et par conséquent non mécanisables ou avec un potentiel agronomique insuffisant (altitude, fertilité des sols…) pour pourvoir produire autre chose que de l’herbe. Certes, pour équilibrer les rations hivernales mais surtout les rations d’engraissement, les fourrages sont complémentés par des céréales et des végétaux protéiques. Cette complémentation a lieu principalement en période d’hivernage et au cours de la période d’engraissement. Aujourd’hui en France pour produire un kilo de viande bovine (origine laitière ou allaitante confondue), il faut en moyenne 3,74 kg de maïs fourrage, 1,98 kg de céréales et coproduits (pulpes, drêches…) 800 g de tourteaux riches en protéines et surtout 26 kg d’herbe, principalement pâturée, mais pouvant être aussi fanée ou ensilée.

2- Le nombre de bovins continue-t-il de progresser ?

Certes, le nombre de bovins présents sur notre planète est en progression régulière, mais cette hausse est d’abord liée à ce qui se passe dans d’autres pays, souvent très éloignés de la France. C’est ainsi que le nombre de bovins élevés au Brésil est passé d’un peu plus de 50 millions de têtes (toutes catégories confondues) au début des années soixante à plus de 170 millions ces dernières années. Des statistiques à manier avec précaution puisque suivant les sources, ce dernier chiffre serait pour 2006 compris entre 170 et 206 millions de têtes. Au Brésil, la progression des effectifs est de toute façon phénoménale. A l’inverse, le nombre de bovins élevés sur le territoire français est en diminution très régulière depuis le début des années quatre-vingt et plus particulièrement depuis la mise en place des quotas laitiers. Depuis cette date, il y a eu un effet de transfert entre le cheptel laitier et allaitant, mais la progression des effectifs allaitants n’a que partiellement compensé la baisse du cheptel laitier (voir p. 32). Depuis le début des années 90, malgré quelques petites oscillations ponctuelles, les effectifs du troupeau allaitant français semblent pour l’instant à peu près stabilisés.

3- L’élevage bovin allaitant français contribue-t-il à la déforestation de l’Amazonie ?

Cette contribution est très faible mais existe néanmoins dans la mesure où l’élevage utilise du tourteau de soja principalement importé du Brésil puisque l’Europe est déficitaire en végétaux protéiques. Toutefois, sur les 4,5 millions de tonnes de soja importées annuellement par la France, seules environ 10 % sont utilisées par des bovins de race à viande et certaines exploitations n’utilisent pas du tout de tourteau de soja importé. Soulignons d’ailleurs qu’il existe des alternatives à ces protéines apportées par le soja, en particulier en utilisant les tourteaux de colza ou de tournesol ou encore grâce à la luzerne, que cette dernière se présente sous forme de bouchons déshydratés ou soit cultivée sur l’exploitation.

4- Quelle est la part de l’élevage herbivore français dans les émissions de gaz à effet de serre ?

Quel est le « bilan carbone » de la filière viande ? En France, la part de l’élevage ruminant (bovins lait et viande, ovins et caprins) dans les émissions de gaz à effet de serre se situe aux alentours de 11 % en incluant les trois gaz à effet de serre (méthane, protoxyde d’azote et gaz carbonique). Actuellement, ces bilans ne tiennent pas compte du stockage de carbone dans le sol des prairies. Or l’élevage des herbivores est, avec l’agriculture et la forêt, la seule activité économique qui capte du carbone en même temps qu’elle en émet. Les 13 millions d’hectares de prairies mais aussi de parcours en zone de montagne valorisés par les herbivores stockent donc du carbone. Tout comme les surfaces occupées par la forêt, ils participent eux aussi à la réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’herbe consommée par les ruminants capture le gaz carbonique et le convertit en glucides (tissus végétaux) tout en libérant de l’oxygène lors de la photosynthèse. Lorsque les végétaux fanent, ce carbone est intégré et stocké durablement dans le sol des prairies sous forme de débris végétaux (feuilles, racines) se transformant progressivement en humus. C’est pourquoi ont dit que les prairies sont des « puits de carbone. » Ce stockage réduirait d’au moins 30 % la contribution de l’élevage à l’effet de serre et compense presque totalement les émissions en méthane liées à la digestion de l’herbe dans le rumen. Il doit être intégré dans les prochaines publications de la FAO sur l’élevage et les gaz à effet de serre. Pour l’élevage bovin, les principales autres émissions de gaz à effet de serre concernent le gaz carbonique et le protoxyde d’azote lié à la production de fourrages et de céréales pour l’alimentation animale. Dans le cadre du Plan de performance énergétique prévu par le Grenelle de l’Environnement, des diagnostics énergie sont actuellement en cours de développement pour identifier pour chaque exploitation quelles sont les pistes possibles de réduction.

Il est aussi bon de rappeler qu’en France, les émissions du secteur agricole ont diminué de 11 % depuis 1990. Cette réduction s’explique en particulier par une baisse des émissions de méthane liée à la baisse du nombre de bovins et par la moindre utilisation d’engrais minéral. 5- Est-il exact que produire un kilo de viande nécessite de 20 000 à 70 000 litres d’eau comme le prétendent certains ? Les quantités d’eau dont il est ici question sont de « l’eau virtuelle », c’est-à-dire toute l’eau utilisée au cours du cycle de production d’un produit. Ce chiffre est donc obtenu par un calcul qui inclut notamment l’eau de pluie qui tombe sur les surfaces en prairies et cultures utilisées pour l’alimentation des bovins. Or, cette eau de pluie serait de toute façon tombée. Elle se serait ensuite pour une partie infiltrée dans le sol et aurait pour une autre partie été utilisée par la végétation, que cette dernière soit ou non consommée par les bovins. En éliminant du calcul cette eau de pluie, l’Institut de l’élevage estime à 200 litres, l’eau nécessaire pour produire un kilo de viande de boeuf. Ce chiffre inclut alors l’abreuvement, l’eau d’irrigation pour les fourrages et céréales destinés au bétail et l’eau utilisée dans l’abattoir.

6- L’élevage bovin favorise la déforestation?

Consommer des steaks issus d’animaux élevés sur des prairies fertilisées avec les cendres de la forêt amazonienne favorise bien évidemment la déforestation. Mais si les surfaces occupées par les forêts tendent à se réduire dans bien des endroits de la planète, c’est tout l’inverse en France où les surfaces boisées ne cessent de s’étendre depuis la fin du XIXe siècle. « Les forêts à vocation de production de bois couvrent 15 millions d’hectares auxquels s’ajoutent 0,7 million d’hectares d’autres forêts à vocation récréative ou de protection. Le taux de boisement est de 28,6 % du territoire », explique le syndicat des forestiers privés de France avec inévitablement de très forts contrastes entre départements. Après la forte progression du siècle dernier, la forêt continue de gagner du terrain. « En plus de 20 ans, la surface boisée française a augmenté de 1,7 million d’hectares dont 1,4 million situés en forêt privée, grâce notamment aux accrus sur friches et aux boisements de terres agricoles. » Cette progression des surfaces boisées est actuellement toujours d’actualité.

7- Diminuer sa consommation de boeuf a-t-il un effet significatif sur l’environnement ?

En achetant de la viande produite en France issue des troupeaux de races à viande, le consommateur a la garantie que ces animaux ont consommé principalement de l’herbe qui n’entre pas en compétition avec l’alimentation humaine. Manger de la viande issue d’animaux de races à viande contribue donc à maintenir et à préserver des étendues de prairies qui sont des réservoirs de carbone mais aussi des éléments essentiels à la biodiversité et au maintien de la qualité de nos paysages. Si ces troupeaux disparaissaient, seule une petite partie de ces surfaces pourraient être utilisées pour la production de céréales. Cependant, faute de ne pouvoir être mis en culture, l’essentiel retournerait d’abord à la friche avec les risques d’incendies qui en découlent dans toute la moitié sud du pays. A plus ou moins long terme suivant les écosystèmes et la dynamique de la végétation, cette friche évoluerait progressivement en forêt. Il est en tout cas illusoire de penser que sans élevage, les prairies se transformeraient du jour au lendemain en forêts. Le boisement d’un hectare de terre agricole coûte entre 1500 et 3000 euros suivant la nature du terrain, la densité du boisement, la nature des essences utilisées et le nombre de dégagement nécessaire pour permettre aux jeunes arbres d’émerger de la végétation concurrente au cours des premières années qui suivent la plantation. Dans le contexte actuel, sur le marché du bois, peu de propriétaires fonciers sont en mesure d’envisager d’investir de telles sommes avec une rentabilité aléatoire et surtout un retour sur investissement qui n’est envisageable qu’à longue échéance. L’élevage d’herbivores est donc la meilleure façon d’utiliser et de valoriser ces territoires. 

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