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Remédier à une mauvaise ventilation

L’ambiance du bâtiment est un critère majeur de la santé des animaux. Si l’idéal est de s’y pencher dès la conception, dans le cas de reprise, d’agrandissement de troupeau… il faut faire avec l’existant. Des solutions peuvent alors être envisagées pour l’améliorer.

Jacques Capdeville, chef projet bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage.
© B. Griffoul

Les bâtiments bovins viande sont souvent d’un grand volume et fonctionnent, dans la majorité des cas, en ventilation naturelle. Dans ces bâtiments dits « froids », « il ne faut pas chercher à maintenir une forte différence de température avec l’extérieur. Elle doit se situer entre 2 °C et 5 °C d’écart, pour des températures à l’extérieur de l’ordre de 0 à 10 °C. L’important est de chasser l’humidité, tout en préservant de bonnes conditions d’ambiance pour les animaux », note l’Institut de l’élevage. Ainsi en hiver, un bon renouvellement de l’air est nécessaire, sans courant d’air direct sur les bêtes. Le flux d’air doit passer au-dessus, à la fois par un balayage transversal et par une évacuation vers le faîtage. Il est capital d’extraire l’humidité et les produits de fermentation des déjections et des litières, toxiques pour les jeunes veaux. À l’inverse, en été on cherchera à créer des courants d’air directs sur les animaux, pour abaisser la température ressentie et leur donner une sensation de fraîcheur.

On l’aura compris, l’air doit circuler. Le vent en est l’acteur principal. Il doit ainsi pouvoir entrer et sortir. Conditions d’implantation, d’orientation et ouvertures ventilantes sont alors primordiales pour que le vent joue son rôle.

Attention aux vents dominants

« La construction d’un bâtiment représente une source d’investissement conséquente pour les éleveurs, son coût oscillant entre 1 600 et 2 500 euros pour une vache allaitante. Autant ne pas se tromper dès le départ. Or, les deux erreurs principales que l’on rencontre sont d’accoler ou de rallonger un bâtiment, ce qui, dans les deux cas, a des incidences néfastes sur la ventilation et donc sur le confort des animaux. L’implantation d’un nouveau bâtiment doit être pensée avec mesure et n’est pas répétable d’un élevage à l’autre. L’usage est de séparer deux bâtiments de six à huit fois la hauteur à l’égout. Il est également important de connaître les vents dominants selon le moment de l’année. À ce titre, il existe un service Météo France appelé « rose des vents » qui permet d’avoir une idée précise à ce sujet sur le lieu d’implantation. Il s’agit par ailleurs de considérer les changements de température et l’amplitude thermique du secteur », précise Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire praticien.

Même si on est censé anticiper les choses, les conditions du site d’exploitation ne s’y prêtent pas toujours (reprise d’anciens bâtiments, agrandissement de troupeaux, bâtiment de stockage transformé en bâtiment d’élevage…). Un bâtiment trop fermé n’est pas l’idéal en raison du confinement. Un chargement trop élevé nuit également à l’ambiance du bâtiment. « Et ces effets sont souvent sous-évalués par les éleveurs, d’autant plus que la plupart des recommandations donnent des chiffres pour des animaux de 500 à 550 kilos qui vêlent au printemps, alors que l’on a aujourd’hui davantage d’animaux de 750 kilos vêlant en fin d’automne-début d’hiver », note le praticien. La variation des températures est l’ennemi des veaux et « le curage en est un facteur important car, pour des raisons pratiques, il est en effet souvent réalisé par temps froid et sec. Or, entre avant et après curage, un delta de 30 °C peut être observé », souligne le vétérinaire.

Un diagnostic bâtiment permettra de déterminer si les conditions de vie des animaux sont correctes et de visualiser les critères pouvant les impacter. « Attention toutefois, le bâtiment n’est pas toujours responsable de tout. Pour ne pas être déçu, il est indispensable avant de se lancer dans un tel diagnostic et d’effectuer des modifications, de bien vérifier que les mesures de biosécurité et le protocole de vaccination sont respectés. Le bâtiment n’a pas toujours un rôle déterminant dans les pathologies respiratoires », prévient Jean-Philippe Gartioux, avant d’ajouter : « un diagnostic bâtiment, pour être efficace, doit s’effectuer en présence des animaux avec suffisamment de fumier ». Lorsqu’un manque de dégagement d’air est constaté (humidité trop forte et vitesse d’air insuffisante), des aménagements sont possibles. S’il n’y a pas assez de translation d’air, les extracteurs d’air représentent une solution efficace pour forcer entrées et sorties d’air mais demandent un investissement conséquent. « C’est donc un moyen de dernier recours sur un bâtiment ancien. Les solutions par mouvement naturel sont à privilégier », conclut le vétérinaire.

Favoriser un bon renouvellement de l’air
Mise en garde

Bâtiments grandes largeurs

L’agrandissement des troupeaux s’accompagne de constructions de plus en plus larges et donc difficiles à ventiler correctement. « Un autre cas rencontré, qui va à l’encontre des recommandations, consiste en l’élargissement de la stabulation existante de l’autre côté du couloir d’alimentation. Les volumes d’air considérés sont bien supérieurs aux repères techniques actuels. Dans ce cas, c’est l’effet vent qui fait l’essentiel du travail. La notion d’implantation dans tel ou tel site prend alors tout son sens. Il faudra donc privilégier une surventilation, quitte à la réguler avec des filets brise-vent. Des éléments de remise en mouvement de l’air sont nécessaires. Ces constructions sont souvent très décevantes pour l’éleveur car elles nécessitent de réinvestir soit en termes de vaccins, soit en termes de bâtiments », observe Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire.

Climat et accroissement des cheptels changent la donne

Ces quinze à vingt dernières années, deux modes principaux de constructions basés sur le principe de la litière paillée ont été privilégiés en élevages bovins viande : les aires paillées intégrales et les systèmes d’aire paillée associée à un couloir raclé. Le confort des animaux et le caractère non nécessaire d’ouvrage de stockage ont favorisé les premières. Les aides et normes environnementales ont également conduit à un parc bâtiments moins varié. « Aujourd’hui, on est au début d’une période charnière. Les pratiques d’aujourd’hui, proches d’autrefois (hivernage en bâtiment, vêlages souvent pendant l’hivernage, conduite à l’extérieur le reste du temps), pourraient être amenées à changer en retrouvant des animaux en bâtiments à des périodes plus diverses. Changements climatiques et accroissement des cheptels en sont les principales raisons », observe Jacques Capdeville, chef projet bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage. Du fait de l’évolution climatique, l’herbe sur pied en fin de printemps/début d’été va manquer dans certaines zones.

Une enveloppe bâtiment adaptable aux besoins de demain

« Face à ce constat, on peut adopter deux logiques : l’apport de fourrage à l’extérieur, ou l’apport en bâtiment pour une période plus ou moins longue, quitte à ressortir les animaux au retour de l’herbe sur pied. Si la seconde option est retenue, les bâtiments actuels ne seront plus appropriés. Les nouvelles constructions devront être adaptées aux périodes froides comme chaudes. Il faudra passer de bardages fixes et de murs en parpaing à du plus modulables (recours aux bâches mobiles, aux bardages bois ajourés modulables…). Les stabulations devront également répondre à l’accroissement de la taille des troupeaux en trouvant des solutions pour éviter les bâtiments de grande largeur, difficiles à ventiler. Des relais de ventilation seront à prévoir. Il faut abandonner l’idée du bâtiment « en dur ». Il devra répondre à l’avenir aux besoins de l’éleveur et être capable de subir d’importants changements techniques dans les quinze prochaines années (en gardant en tête qu’un bâtiment bovins viande reste un bâtiment bovins viande) », souligne le chef de projet.

La sortie d’un nouvel ouvrage de références est prévue en 2017 pour moduler les recommandations actuelles en tenant compte de la taille des bâtiments d’aujourd’hui. Il traitera tant de la ventilation naturelle que de la ventilation dynamique. Une seconde publication sur les produits brise-vent sera également disponible en cours d’année.

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