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En Saône-et-Loire
Produire davantage de céréales sans toucher à la PHAE

Dans les systèmes herbagers peu chargés, le développement des surfaces en céréales pour améliorer l’autonomie doit être réfléchi. L’augmentation du chargement et l’éventuelle perte de la PHAE peuvent en effet remettre en question son intérêt.

© CA 71

Dans l’Autunois, au nord de la Saône-et-Loire, l’herbe règne presque sans partage et la production de bétail maigre est incontournable dans la plupart des exploitations. Beaucoup de parcelles en herbe ne sont d’ailleurs pas labourables et, les bonnes années, le potentiel agronomique de celles qui peuvent l’être limite le plus souvent à 50 q/ha l’espérance de rendement pour les céréales à paille. Dans ces conditions, beaucoup d’éleveurs avaient eu tendance ces dernières années à opter pour des exploitations 100 % herbagères, d’autant que l’achat de la totalité des aliments concentrés à l’extérieur allait dans le sens d’une plus grande simplicité des conditions de travail sur des exploitations dont la superficie et la taille du cheptel sont allées croissant. Le nouveau contexte de l’alimentation animale remet bien des choses en question. Beaucoup d’éleveurs de cette région s’interrogent sur l’opportunité de remettre en place une production de céréales ou de développer la part des surfaces qui leur étaient jusque-là consacrées.

BEAUCOUP D’ÉLEVEURS S’INTERROGENT

Avec des exploitations qui, pour la plupart, ont des parcelles en herbe engagées dans des contrats PHAE, l’intérêt économique de cette opération doit être soigneusement étudié avant de faire évoluer le système. Certes, la conjoncture incite à aller vers davantage d’autonomie alimentaire, mais le risque de passer à côté de certaines aides compensatoires doit être mûrement réfléchi. « À la demande des responsables professionnels, nous avons donc réalisé différentes simulations pour aider les éleveurs à prendre leur décision. Mais chaque exploitation demeure un cas particulier, et le pour et le contre doivent être raisonnés en fonction de chacune des situations », souligne Véronique Gilles, technicienne à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Sur le plan technique, la mise en place ou l'augmentation des surfaces en céréales va se traduire à cheptel constant par une légère intensification des surfaces en herbe. Attention donc aux répercussions sur le chargement pour le contrat PHAE. Il faut aussi bien prendre
en compte le temps nécessaire et l'éventuel coût des travaux réalisés en Cuma ou par entreprise si l'exploitation
ne possède pas le matériel adéquat pour la mise en place et la conduite des surfaces en culture. Attention aussi aux contraintes réglementaires (nécessité d’un local pour les produits phytosanitaires, contrôle à venir des pulvérisateurs…). « Dans le cas d’exploitations jusque-là 100 % herbagères, il y a aussi souvent des investissements à prévoir pour le stockage et la préparation du mélange fabriqué à partir des céréales produites sur l’exploitation. De plus, le savoir-faire, ainsi que la transformation et la distribution des concentrés qui, à ce jour, sont peu mécanisées dans les exploitations, constituent parfois des freins au retour de la production de céréales », souligne Véronique Gilles. Les économies permises par la production de paille ne doivent surtout pas être négligées, mais la relative faible importance des surfaces remises en culture fait qu’il ne faut pas pour autant « compter prétendre arriver à l’autonomie si le parc de bâtiment est constitué de stabulations 100 % paillées ».  

TRAVAILLER D’ABORD SUR LES FOURRAGES

D’après les simulations réalisées dans le contexte économique de la fin 2007, l’intérêt économique du retour de quelques hectares de céréales dans l’assolement, pour une exploitation type de l’Autunois en système 100 % herbager, semble cependant certain (voir le graphique). Les chiffres indiquent un gain de plus de 5 000 €, et l’intérêt en est encore renforcé avec un gain d’un peu plus de 8000 € si les prix de l’aliment, des engrais et du gasoil sont réactualisés dans le contexte du printemps 2008. En revanche, l’opération n’est pas concluante pour un système mixte producteur de mâles maigres et de femelles grasses avec 88 vêlages et 120 ha de SAU dont 100 sont engagées en contrat PHAE et qui passe de 3 ha de céréales à paille à 10,4 ha. Dans ce cas, le chargement « herbe », qui était de 1,39 UGB/ha, passe à 1,5 et la perte de la PHAE se traduirait par un manque à gagner ! Mais attention aussi au système « tout maigre » dont le chargement frise les 1,4 UGB/ha. Dans tous les cas de figure, Véronique Gilles rappelle aussi que le premier levier d’action pour améliorer l’autonomie alimentaire sur un système herbager est la recherche de la valorisation optimale des fourrages produits sur l’exploitation. La mise en place de quelques hectares de céréales à paille constitue aussi à cet égard un atout pour permettre un renouvellement raisonné des prairies temporaires, et par là-même une amélioration des surfaces en herbe récoltées ou pâturées. Une donnée qui va aussi dans le sens de davantage d’autonomie alimentaire pour les exploitations.

 

Frédéric Paquaux va passer de 11,5 à une quinzaine d’hectares de céréales

Avec la future installation de Frédéric en décembre prochain et la création d’un Gaec mère-fils, l’exploitation de la famille Paquaux, située à La Comelle, près d’Autun, va connaître quelques évolutions. La reprise d’hectares va s’accompagner d’une quinzaine de vaches supplémentaires pour passer à un peu plus de 100 vêlages annuels. Si le jeune éleveur n’exclut pas d’engraisser quelques vaches jusqu’à présent vendues maigres, son système restera orienté sur le naissage, et les contraintes liées aux bâtiments et au système fourrager font que les vêlages resteront centrés sur le premier trimestre. Les meilleurs veaux seront destinés à faire quelques reproducteurs et le reste sera à peu près équitablement réparti entre un lot vendu à l’automne avant la rentrée à l’étable, un autre repoussé en cours d’hiver et les plus tardifs en fin de printemps comme taurillons d’herbe après un second passage à l’herbe. Il n’est non plus pas question de remettre en cause la production de céréales à paille dont la surface a régulièrement progressé au rythme de l’augmentation de la SAU, et pour lesquelles le potentiel de rendement oscille autour de 40 q/ha.

« Jusqu’en 2004, sur 120 hectares on cultivait 6 à 7 hectares de céréales à paille. La reprise de 15 hectares supplémentaire en 2005 s’est traduite par la récolte de 8 hectares en 2007 puis 11,5 hectares en 2008. Avec cette année 430 quintaux en stock, les besoins pour l’hivernage seront largement couverts. Pour l’an prochain, compte tenu des 35 hectares qui vont être repris à l’occasion de mon installation, je compte faire passer la surface en céréales à paille à une quinzaine d’hectares, soit toujours un peu moins de 10 % de la SAU sachant que j’aurai sur le total seulement une quarantaine d’hectares de terres labourables. La répartition entre les espèces resterainchangée, à savoir un tiers de blé et deux tiers de triticale. » Même si le combiné de 2,5 mètres utilisé pour la mise en place de ces cultures n’est pas le nec plus ultra sur le plan technique, il demeure efficace. Et son renouvellement n’est de toute façon pas au programme pour l’instant, malgré l’accroissement des surfaces à emblaver.

Moins d'achat de paille

Le nouvel assolement ne remettra pas non plus en question le choix d’opter pour la prime herbagère agro-environnementale pour l’essentiel des surfaces de l’exploitation. Près de 100 ha étaient jusqu’à présent engagés et la création du Gaec avec la reprise des 35 hectares devrait se traduire par l’engagement de 28 hectares supplémentaires l’an prochain. Sur l’exploitation, ce choix de faire un peu plus de céréales n’est pas lié à la seule hausse des prix de l’aliment. Cela facilite aussi la réfection des prairies et constitue donc un atout pour avoir une meilleure gestion des surfaces en herbe. La production de céréales limite aussi les achats de paille, même si le fait d’hiverner l’essentiel des vaches suitées en étable entravée réduit la consommation par rapport à une stabulation libre. « L’an dernier, avec un total de 90 vaches suitées, le renouvellement et les lots de broutards, nous avons eu besoin de 56 tonnes de paille dont 32 ont été achetées. Cette année, compte tenu de l’augmentation des surfaces en céréales, les achats ne devraient porter que sur 15 à 20 tonnes. » Une économie non négligeable quand le prix de la paille rendue dans la cour de l’exploitation est actuellement annoncé entre 65 et 80 € la tonne.Le mode de complémentation des futurs reproducteurs et des broutards les plus âgés préparés pour une vente en broutards lourds en début d’automne n’a pour l’instant pas été remis en question. À raison d’une vingtaine de tonnes par an, il repose sur un aliment du commerce, car ce dernier est jugé plus performant pour réaliser de bonnes croissances, mais aussi plus sécurisant pour éviter tout trouble digestif compte tenu de sa mise à disposition à l’auge ou dans un nourrisseur. Les laitonnes et les mâles nés tardivement ne sont, eux, pas complémentés en pâture. « Pour les animaux repoussés en bâtiment et pour la complémentation hivernale des vaches suitées et des génisses de renouvellement, je vais utiliser les céréales de l’exploitation associées avec un aliment complémentaire à raison de deux tiers-un tiers. »

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