Plus vite vers l’éradication de l’IBR
Les mesures de lutte contre l’IBR sont renforcées pour la prochaine campagne. La mesure phare consiste à interdire l’introduction d’animaux positifs en élevage. Le renforcement du dépistage dans les cheptels à risque est l’autre levier pour avancer plus vite dans l’éradication de l’IBR.
Les mesures de lutte contre l’IBR sont renforcées pour la prochaine campagne. La mesure phare consiste à interdire l’introduction d’animaux positifs en élevage. Le renforcement du dépistage dans les cheptels à risque est l’autre levier pour avancer plus vite dans l’éradication de l’IBR.
Les mesures de lutte contre l’IBR en place jusqu’à présent ont permis de faire évoluer la situation favorablement : actuellement, la prévalence (nombre de cheptels où au moins un animal est positif) est d’environ 10 % en France. Ce chiffre ne traduit cependant pas les importantes variations de prévalence selon les zones géographiques ni le fait que parmi ces animaux, une partie est vaccinée dont certains à titre préventif. Mais la progression du programme volontaire est lente. « Nous sommes au milieu du gué. Certes nous sommes plus proches de la rive d’arrivée, mais pour aboutir, il est nécessaire de ramer un peu plus fort », illustre David Ngwa-Mbot de GDS France. C’est le sens de cette nouvelle réglementation qui rend obligatoire la qualification indemne d’IBR à tous les troupeaux.
Un atout commercial important pour l’exportation
« Aujourd’hui, la lutte contre l’IBR coûte relativement cher. Les élevages qualifiés bénéficieront d’allégements des mesures dans le cadre de ce nouveau programme notamment à l’exportation », explique David Ngwa-Mbot. Par exemple, les GDS de Bourgogne ont chiffré le coût moyen de la campagne de lutte contre l’IBR à 1,69 euro par bovin présent en Bourgogne (coûts de contrôles sérologiques et de vaccination) sans compter les réformes préférentielles des animaux positifs. L’application du nouveau règlement devrait faciliter le passage de la prévalence, actuellement d’environ 15 % dans cette région, à moins de 1 %. Il s’agirait alors d’une ZEF (Zone épidémiologiquement favorable). L’acquisition de ce statut permettra une baisse de 30 % des frais, qui sont à la charge des éleveurs : elle conduit à un allégement de 80 % de la prophylaxie (calée sur celle de la brucellose avec contrôle de 20 % des animaux).
En obtenant la reconnaissance au niveau européen du programme de lutte français et, à terme, le statut de pays indemne, la France accédera à un atout commercial important pour faciliter les échanges et l’exportation. L’Allemagne, l’Italie du Nord, la Belgique et tous les pays nordiques disposent déjà de la reconnaissance de leur programme de lutte et/ou du statut indemne. Les Pays-Bas et le Portugal sont en train de mettre en place un programme d’éradication. « D’autre part, il réduit au maximum le risque que des bovins français soient trouvés positifs une fois exportés », fait valoir aussi David Ngwa-Mbot.
Encourager indirectement la réforme des « positifs »
La mesure centrale de ce programme est l’interdiction d’introduire un animal positif en élevage. Les animaux positifs se verront délivrer une Asda avec une étiquette de couleur et les opérateurs devront organiser les flux et les rassemblements de ces animaux sans qu’ils ne risquent de contaminer des animaux sains. Ils ne pourront avoir pour destination que l’abattoir ou un atelier d’engraissement dérogataire en bâtiment dédié. Concernant la surveillance des cheptels, le dépistage sera renforcé dans les élevages à risque avec le contrôle des animaux âgés de 12 à 24 mois. Ceci incitera indirectement à l’élimination des derniers animaux positifs dans les élevages en ayant peu. Pour les contrôles aux mouvements, les contraintes les plus fortes porteront sur les élevages non indemnes d’IBR, qui devront réaliser un contrôle sérologique sur les bovins vendus. Un contrôle à l’introduction devra quant à lui être réalisé entre quinze et trente jours après leur arrivée, y compris pour les bovins indemnes d’IBR. « Ceci se justifie du fait que la séroconversion nécessite au moins quinze jours après le contact avec le virus de l’IBR. Le contrôle le jour de l’arrivée ne permet donc pas de déceler une contamination pendant un transport ou un rassemblement », explique David Ngwa-Mbot.
GDS France estime que la mise en place du dépistage chez les jeunes animaux pourrait augmenter de 20 % le nombre d’animaux à dépister pour 10 % des cheptels. Cette mesure incitera à assainir les cheptels. Pour les élevages indemnes demeure obligatoire un contrôle individuel, lui aussi entre quinze et trente jours après arrivée.
Enfin, pour limiter le risque de réexcrétion du virus lors d’épisodes de stress et fatigue, la vaccination des animaux nouvellement trouvés positifs devra désormais être réalisée dans un délai d’un mois au lieu de deux.
En attente des notes de service pour l’énoncé des mesures
Toutes les dispositions pratiques ne sont pas encore définies, les notes de service complètes sont attendues pour fin août. Par ailleurs, les Cropsav, (Conseils régionaux d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale), pourront autoriser des dérogations ou délais d’application pour s’adapter à la situation épidémiologique et aux moyens de chaque région. L’idée est donc de démarrer la prochaine campagne avec le plus de mesures possibles pour une bonne efficacité du programme, mais sereinement et sans étouffer les éleveurs. À noter que la multiplication des dérogations pourrait diminuer la vitesse d’éradication. L’objectif est cependant d’aboutir à une prévalence extrêmement faible de l’IBR en France à l’échéance de cinq ans.
Une situation actuelle favorable à renforcer
Distinguer les animaux vaccinés des animaux infectés
Un test – le Kit gE – est actuellement en phase d’étude. Il permettra de distinguer un animal vacciné d’un animal infecté et donc d’avancer plus vite vers l’éradication, sans prendre de risques dans les zones à prévalence significative, en permettant une circulation aisée des animaux. Son emploi pourrait être validé d’ici un à deux ans.
Les opérateurs souhaitent un an à un an et demi de transition
"Nous sommes très favorables à ce que la France avance vers l’éradication de l’IBR, réagit Martial Tardivon, directeur de la Sicafome, marché au cadran à Moulins Englibert (Nièvre). Mais pas à n’importe quel prix. Il aurait fallu davantage de concertation dans ce programme. Nous regrettons notamment que le démarrage de ce plan ne puisse se faire avec le kit gE." Le marché au cadran prendra les mesures nécessaires pour s’adapter. "Il est indispensable pour avancer de ne plus mélanger d’animaux connus positifs avec les autres, c’est le bon sens même. Mais il serait judicieux qu’un temps de mise en place des mesures permette aux éleveurs qui détiennent seulement quelques animaux positifs de travailler sur leur troupeau, et qu’un maximum de cheptels soient qualifiés avant que n’entre en application l’ensemble du plan de lutte. Il faudra aussi être très vigilants pour soutenir les éleveurs qui sont dans des situations plus difficiles vis-à-vis de l’IBR."
Pour Raphaël Colas, responsable du centre d’allotement de Villefranche d’Allier pour le groupe Feder, cette nouvelle réglementation risque de compliquer le travail si des positions différentes sont prises d’une région à l’autre pour accorder des délais ou des dérogations dans l’application du règlement. Par exemple le site de Villefranche d’Allier collecte des animaux sur quatre régions différentes. "Mais nous nous adapterons pour organiser des flux d’animaux selon leur statut. Un délai d’un an à un an et demi permettrait aux éleveurs qui ont une faible proportion de leurs animaux infectés de les éliminer." Après cela, près de 90 % d’entre eux devraient être qualifiés et l’organisation des flux serait beaucoup plus simple.
"Pour les autres éleveurs, qui ont beaucoup d’animaux positifs, trouver des ateliers d’engraissement pour leurs animaux ne sera pas un problème car la maladie n’est pas dangereuse. Cela pose cependant la question de la valeur commerciale de ces animaux positifs."