Aller au contenu principal

Bâtiment d’élevage
Penser dès aujourd’hui les bâtiments de demain

Dans leur conception, les bâtiments de demain devront intégrer de nouveaux enjeux : intégration territoriale, changement climatique, simplification du travail, bien-être animal, production d’énergie…

Outre leur fonction habituelle de logement, la plupart des bâtiments de demain produiront certainement de l’énergie sous une forme ou une autre. La petite méthanisation pourrait être une des voies d’avenir.
Outre leur fonction habituelle de logement, la plupart des bâtiments de demain produiront certainement de l’énergie sous une forme ou une autre. La petite méthanisation pourrait être une des voies d’avenir.
© B. Griffoul

« En trente ans de carrière, j’ai construit plusieurs bâtiments extrêmement différents. On veut un bâtiment durable, solide, fonctionnel, confortable… Mais, quand on construit, on n’imagine pas à quelle allure l’agriculture va évoluer. Et, pour les 25 à 30 ans à venir, elle va changer encore plus vite », affirmait Louis-Marie Fontant, ancien président de la chambre d’agriculture du Cantal, lors d’une rencontre sur les bâtiments d’élevage, en décembre dernier à Aurillac. Une réunion technique sous forme de réflexion prospective intitulée : « Bâtiments agricoles, pensez à demain ».
Les bâtiments d’élevage ne sont pas qu’une affaire de terrassement, de charpente, de béton et de tubulure. Ils cristallisent de nombreux enjeux parmi tous ceux qui questionnent aujourd’hui l’élevage : investissements et rentabilité, travail et sécurité, bien-être animal et productivité, environnement et production d’énergie… Au vu de la participation à cette réunion et du succès de l’enquête sur leurs besoins de modernisation en bâtiments d’élevage menée récemment en Auvergne (voir page suivante), les éleveurs se sentent concernés par ces enjeux. Et, pas seulement dans le Cantal !


« Comment va être reçu et accepté le bâtiment »


Lorsque se dessine un projet, il est important de « réfléchir très en amont comment va être reçu et accepté le bâtiment par les populations locales », explique Yann Rolland de la chambre d’agriculture du Cantal. Les stabulations sont de plus en plus imposantes — en vingt ans, dans le département, la surface moyenne des constructions agricoles est passée de 300 à 1 000 mètres carrés. Les réglementations d’urbanisme les ont poussées à l’extérieur des hameaux, parfois assez loin, au risque d’un mitage du paysage.
Le choix du lieu d’implantation doit être bien pensé afin de préserver la capacité de l’exploitation de se développer tout en permettant aux autres habitants et à la commune de mener à bien leurs propres projets. L’intégration paysagère de ces grandes stabulations mérite également une place dans la conception du projet.
« Le poids financier que représentent durablement les bâtiments pour l’exploitation d’élevage et le revenu de l’éleveur, et le lien fort entre choix techniques et performances de l’élevage, sont si importants qu’une réflexion économique autour des bâtiments lors de leur conception et de leur utilisation s’impose d’elle-même », poursuit la chambre d’agriculture du Cantal. La recherche de solutions techniques pour maîtriser le coût de revient des bâtiments (investissements et fonctionnement) restera une préoccupation majeure.


Des bâtiments adaptés au changement climatique


Moins évident a priori, l’enjeu du changement climatique. Des périodes de végétation décalées, des sécheresses estivales beaucoup plus fortes… Au moins dans certains départements, « le calendrier d’utilisation des bâtiments sera très différent, avec peut-être deux périodes de présence intercalées de deux périodes de pâturage, pronostique Jacques Capdeville, de l’Institut de l’élevage. Dans les bâtiments de demain, il faudra pouvoir distribuer des fourrages et loger les animaux confortablement en été. » Ces adaptations ne s’imposeront pas avant une quinzaine d’années, prévoit-il. Mais, quinze ans pour un bâtiment, c’est demain. Un projet de recherche va se pencher sur le sujet pour élaborer de nouveaux concepts de bâtiments pour ruminants adaptés au changement climatique.
Un projet de bâtiment a aussi pour objectif de diminuer la charge de travail, la pénibilité et d’améliorer la sécurité. L’automatisation de la distribution des fourrages à l’auge est une des pistes explorées. Elle commence à se développer en élevage laitier. « Ces systèmes ont de nombreuses incidences sur la conception des bâtiments », indique le spécialiste bâtiment de l’Institut de l’élevage. Si les bâtiments doivent être optimisés pour le travail, ils doivent l’être également pour les animaux. Le bien-être animal est un enjeu dont les contours restent encore assez flous, dans l’attente d’une probable loi cadre européenne. « Il faudra être vigilant sur l’apparition de normes, en particulier dans des procédures d’évaluation privées », prévient Jacques Capdeville, qui ne s’attend tout de même pas à de grands chamboulements. Même le sort de l’étable entravée ne lui paraît pas totalement compromis.


La méthanisation : sujet majeur des années à venir


Enjeu de taille enfin pour les bâtiments d’élevage : la production d’énergie. Si le photovoltaïque a perdu de sa superbe, la question mérite toujours d’être étudiée lors d’un projet. Mais, aujourd’hui, c’est la méthanisation qui cristallise toutes les attentions. À l’évidence, une opportunité économique à saisir, mais bien plus complexe à mettre en œuvre qu’une toiture solaire. Jacques Capdeville appelle de ses vœux le développement de petites unités à la ferme, notamment en voie sèche pour traiter du fumier, et d’équipements simples et pas trop onéreux, dont la maintenance serait à la portée des éleveurs, afin que le maximum d’entre eux puissent profiter de la méthanisation. Ce sera, à n’en pas douter, un des sujet majeurs des années à venir.

Les plus lus

<em class="placeholder">Le caillebotis est à hauteur du couloir d&#039;alimentation et occupe 3,5 m de large derrière les cornadis. Le malaxeur fonctionne une dizaine de minutes par jour.   </em>
Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »

Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m…

<em class="placeholder">Exploitation canadienne en élevage bovin allaitant (chez Richard et Ganet Rey, éleveurs dans le Manitoba). agriculture canadienne. production de bovins viande de race ...</em>
« Les taxes américaines provoqueraient probablement une chute abrupte des exportations de bœuf des États-Unis vers le Canada »

Tyler Fulton, président de l’association canadienne de l’élevage allaitant, analyse les risques que provoqueraient des taxes…

<em class="placeholder">Pauline Garcia salon de l&#039;agriculture</em>
Les bovins sont sensibles à la musique

Enrichir l’environnement des veaux, relaxer le troupeau, masquer des bruits gênants… Diffuser de la musique dans les bâtiments…

<em class="placeholder">bâtiment vaches allaitantes aire raclée</em>
Élevage bovins viande : « Un bâtiment avec pente paillée et aire raclée économe en paille pour mes vaches blondes d’Aquitaine »

Pour son troupeau de 110 blondes d’Aquitaine dans les monts du Cantal, Hervé Larribe a opté pour un bâtiment avec pente…

<em class="placeholder">Vaches aubrac dans la stabulation paillée avec de la plaquette de bois. Certaines sont couchées.</em>
Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »

Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches…

<em class="placeholder">Séparation amovible sur câble dans la stabulation en logettes sur caillebotis des vaches aubrac. Au dessus des logettes, des balcons stockent les boules de paille.</em>
Élevage bovins viande : « en logeant les vaches aubrac sur caillebotis avec logettes, nous réservons la paille aux veaux »

Lorsqu’il construit le bâtiment des vaches allaitantes en 2015, Vincent Tardieu, dans le Cantal, opte sans hésiter pour une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande